News Day FR

sept familles portent plainte contre le réseau social

P.En cas de négligence, TikTok favoriserait-il l’apparition de troubles anxieux, dépressifs et alimentaires chez les enfants et, même, provoquerait-il leur suicide ? Pour sept familles, réunies au sein d’un collectif baptisé Algos Victima, la réponse est sans équivoque : « La responsabilité de TikTok ne fait aucun doute », affirme M.e Laure Boutron-Marmion, avocate familiale. Lundi 4 novembre, pour la première fois en Europe, ces familles ont assigné TikTok en justice.

Mise à jour du soir

Tous les soirs à partir de 18h

Recevez les informations analysées et décryptées par la rédaction du Point.

Merci !
Votre inscription a été prise en compte avec l’adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisation et notre politique de confidentialité.

Ils accusent le réseau social chinois et son algorithme le plus opaque de créer des habitudes toxiques, en exposant leurs enfants, même leurs très jeunes enfants, à des contenus meurtriers, favorisant le suicide, l’automutilation, la dépression ou encore des troubles alimentaires, provoquant également de graves troubles psychologiques. Parmi les sept adolescents concernés, deux adolescents de 15 ans se sont suicidés, quatre ont tenté de mettre fin à leurs jours et un souffrait d’anorexie mentale.

“TikTok n’est pas responsable à 100%, mais ils y ont participé”

Delphine et Jérémy font partie de ce collectif de parents. En 2023, leur fille Charlize, alors âgée de 15 ans, se suicide. “TikTok n’est pas responsable à 100% de la mort de notre fille, mais, en tout cas, c’est certain, il y a participé”, assure le père de l’adolescente.

Charlize a commencé à être harcelée par un camarade de classe lorsqu’elle a commencé la cinquième année. Agée de 12 ans à l’époque, l’adolescente s’est scarifiée et a développé des troubles alimentaires. L’année suivante, les brimades scolaires de Charlize se poursuivent et elle tente de se suicider une première fois en janvier 2022. Elle est alors transférée de l’école pour ne plus être confrontée à ses harceleurs, mais son état psychologique nécessite un traitement plus approfondi. hospitalisation de deux mois et demi en pédopsychiatrie.

A LIRE AUSSI Hospitalisés en psychiatrie, ces jeunes se confient sur les réseaux sociauxÀ sa sortie de l’hôpital en mai 2022, elle a de nouveau tenté de se suicider. Puis, encore une fois en janvier 2023. « En parallèle, depuis le début de son harcèlement, Charlize s’était beaucoup réfugiée sur son téléphone », raconte Delphine, la maman. Elle était beaucoup sur TikTok et nous pensions que c’était pour regarder des vidéos comiques. Alors on l’a laissé faire, en disant que ça lui changerait les idées. Mais plus le temps passait, plus elle devenait accro. » Privés et ne sachant pas ce qui était bon pour leur fille, les parents de Charlize l’ont laissée utiliser TikTok.

« Et puis, le 22 novembre 2023… et bien voilà… » glisse difficilement Delphine. Ce jour-là, Charlize, 15 ans, s’est suicidée.

« Il paraît que la nuit apporte des conseils ; Pour moi, elle m’a conseillé de prendre un tabouret en corde”

« Le lendemain de son décès, nous avons été invités chez les parents d’une de ses meilleures amies. Et on nous a montré une vidéo que Charlize avait repostée la veille de son suicide sur son TikTok. Là, nous avons vu une jeune fille qui se filmait et qui avait écrit : « On dirait que la nuit apporte des conseils ; Elle m’a conseillé de prendre un tabouret avec une corde. Là, je n’ai pas compris», raconte Jérémy.

A LIRE AUSSI « Il y a une saisonnalité des tentatives de suicide » Les parents de Charlize ont progressivement découvert que leur fille partageait et consommait de nombreuses vidéos sur TikTok liées à la dépression, au suicide ou à l’automutilation. « Il y avait des vidéos sur comment retirer la lame d’un taille-crayon pour effectuer une scarification, des vidéos sur des conseils en cas de tentative de suicide… » se souvient Delphine. «C’étaient des vidéos de propagande suicidaire», raconte Jérémy. Ils ont alors compris l’impact qu’a eu TikTok sur la mort de leur fille et ont décidé de s’en prendre à la plateforme chinoise : « Nous voulons que TikTok reconnaisse sa part de responsabilité dans la mort de notre fille. »

“Je n’ai pas compris d’où elle tenait toutes ces informations”

Gaëlle a rejoint ce combat. Sa fille, aujourd’hui âgée de 15 ans, dont le prénom reste caché pour des raisons d’anonymat, souffrait de graves troubles du comportement alimentaire, également provoqués en partie par TikTok, selon ses parents.

«Dès que ma fille a eu un téléphone en cinquième année, elle s’est lancée sur TikTok. Mais sur cette application, elle nous a raconté plus tard qu’elle regardait beaucoup de vidéos de personnes parlant de mal-être et qui parlaient de scarifications ou d’anorexie. Elle avait alors 12 ans. »

A LIRE AUSSI ENQUÊTE. Le refus scolaire anxieux et mal silencieux d’une génération anxieuseC’est à cet âge que la jeune fille commença à se scarifier. Puis l’année suivante, elle fait une tentative de suicide. « Comment un enfant de cet âge peut-il savoir que dix comprimés de paracétamol peuvent constituer une dose mortelle ? Elle nous racontait de plus en plus d’histoires d’anorexie, de suicide, de maladies psychologiques, sous couvert de vouloir devenir pédopsychiatre. Mais je ne comprenais pas d’où elle tenait toutes ces informations», raconte Gaëlle.

Puis, en troisième année, la jeune fille sombre dans l’anorexie. « C’était une descente aux enfers : elle a perdu plus de 15 kilos en cinq mois, avec un poids qui mettait sa vie en danger. » La fille de Gaëlle a ensuite été admise dans un hôpital spécialisé dans le traitement de l’anorexie à Paris et a été hospitalisée pendant de nombreux mois. Après une visite dans une clinique de la Fondation pour la santé des étudiants français (FSEF), la jeune fille a pu reprendre les cours. Elle est maintenant en deuxième année. «Je touche du bois, mais elle va beaucoup mieux et semble tirée d’affaire», dit sa mère.

« Il est urgent de protéger les enfants de ces algorithmes »

Pour Gaëlle aussi, l’utilisation intensive de TikTok par sa fille et ces vidéos toxiques avaient un lien avec ses troubles psychologiques. « Il y a un besoin urgent de sensibiliser et de protéger les enfants contre ces algorithmes nuisibles », affirme-t-elle.

A LIRE AUSSI « Déstigmatiser la santé mentale est une priorité absolue »
À découvrir


Kangourou du jour

Répondre

C’est ainsi que ces familles ont lancé leur combat contre la plateforme chinoise. « TikTok propose désormais un outil à ces utilisateurs dont les contenus sont nuisibles, absolument non modérés ni censurés, si bien qu’aujourd’hui la diffusion de ces contenus affecte directement la santé des jeunes. TikTok doit être tenu responsable de cette faute”, déclare l’avocat M.e Laure Boutron-Marmion. Selon elle, entre « l’échec » de la modération et le caractère addictif de l’application, ce réseau devient « éminemment dangereux » pour les enfants confrontés à ces contenus.

Et depuis le lancement de cette procédure judiciaire, une vingtaine d’autres familles se sont manifestées auprès du collectif, selon l’avocat. Quant à l’agenda judiciaire, M.e Laure Boutron-Marmion mise sur une audience vers 2026.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :