Plusieurs médias ont rapporté l’arrestation, samedi 16 novembre, à l’aéroport d’Alger, de l’auteur de 75 ans, ayant récemment obtenu la nationalité française. Les dirigeants politiques ont exprimé leur inquiétude.
By Télérama
Publié le 24 novembre 2024 à 8h18
Mis à jour le 24 novembre 2024 à 13h18
Mmobilisation pour Boualem Sansal. L’écrivain franco-algérien a été arrêté samedi 16 novembre à l’aéroport d’Alger, en provenance de France, ont rapporté la semaine dernière plusieurs médias français. Les raisons de son arrestation, confirmées par l’agence gouvernementale algérienne APS, ne sont pas connues. Selon l’hebdomadaire Marianneil « ne donne plus de nouvelles de ses proches depuis son arrivée à Alger ». L’auteur de 75 ans, qui a obtenu cette année la nationalité française, est connu pour sa liberté de pensée et d’expression, que ce soit contre le pouvoir algérien ou contre l’intégrisme religieux, depuis qu’il s’est lancé dans la littérature en 1999.
Une semaine plus tard, samedi 23 novembre, plusieurs écrivains publiaient un article sur le site de l’hebdomadaire Le Point. Ils signent un texte rédigé à la première personne par le prix Goncourt 2024 Kamel Daoud. «Cette tragique nouvelle [l’arrestation] est le reflet d’une réalité alarmante en Algérie, où la liberté d’expression n’est plus qu’un souvenir face à la répression, à l’emprisonnement et à la surveillance de l’ensemble de la société, il écrit. Désormais, tout est possible : la prison à vie pour un SMS, la prison pour un soupir d’agacement. » Parmi les signataires, les prix Nobel Annie Ernaux, Jean-Marie Le Clezio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka, ainsi que Salman Rushdie, Peter Sloterdijk, Andreï Kourkov, Roberto Saviano, Giuliano da Empoli, Erri de Luca et Alaa el Aswany. Ils ont demandé « la libération immédiate de Boualem Sansal et de tous les écrivains emprisonnés pour leurs idées ».
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Le président de la République française et plusieurs responsables politiques français, appartenant notamment à la droite et au centre-droit, ont également exprimé leur inquiétude et leur soutien à l’écrivain. “Les services de l’Etat sont mobilisés pour clarifier sa situation”a-t-on précisé à l’Elysée, ajoutant que “le Président de la République exprime son attachement indéfectible à la liberté d’un grand écrivain et intellectuel”.
« Il incarne tout ce que nous chérissons : l’appel à la raison, la liberté et l’humanisme contre la censure, la corruption et l’islamisme »wrote former Prime Minister Édouard Philippe on « Aux autorités françaises et européennes d’obtenir des informations précises et de veiller à ce qu’il puisse circuler librement et rentrer en France quand il le souhaite ». Parmi les autres personnalités politiques à s’être exprimées : Laurent Wauquiez et Marine Le Pen
Un contexte diplomatique tendu
Boualem Sansal a connu le succès dès le départ avec Le serment des barbaresun roman retraçant la montée en puissance des fondamentalistes qui ont contribué à plonger son pays dans une guerre civile qui a fait au moins 200 000 morts entre 1992 et 2002. Ses livres, publiés en France, sont vendus librement en Algérie mais l’auteur y fait polémique, notamment depuis une visite en Israël en 2014.
Kamel Daoud, lauréat du Goncourt cette année pour Hourisest lui-même au cœur d’une polémique en Algérie, accusé par une victime de la guerre civile d’avoir exploité son histoire. De « de violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches d’un régime dont personne n’ignore la nature »a dénoncé lundi le directeur de sa maison d’édition, Gallimard, qui s’est vu interdire de participer au Salon international du livre d’Alger.
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Ces événements interviennent dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie, après le soutien de Paris au plan marocain d’autonomie du territoire contesté du Sahara occidental, fin juillet. Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est de facto contrôlé principalement par le Maroc. Mais elle est revendiquée par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, qui réclament un référendum d’autodétermination et sont soutenus par Alger.
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