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Publié le
23 novembre 2024 à 15h51
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Emmanuel Macron a annoncé ce samedi 23 novembre 2024 à Strasbourg que l’historien et résistant Marc Bloch, « l’homme des Lumières dans l’armée des ombres », assassiné par la Gestapo en 1944, entrerait au Panthéon.
« Pour son travail, son enseignement et son courage, nous décidons que Marc Bloch entrera au Panthéon», » a déclaré le Chef de l’Etat à l’occasion du 80ème anniversaire de la Libération de Strasbourg, le 23 novembre 1944.
Marc Bloch était un citoyen engagé, soldat des deux guerres mondiales, patriote, antifasciste, fervent républicain et résistant, tué en 1944 par les nazis.
« Une Histoire qui explore les profondeurs de la société »
Mais il fut également professeur d’histoire du Moyen Âge à l’Université de Strasbourg de 1919 à 1936. Marc Bloch renouvelle profondément le champ de la recherche historique en l’étendant à la sociologie, la géographie, la psychologie et l’économie.
Avant cela, il fut professeur en 1912 à Montpellier avant de partir et de revenir en 1940 pour donner des cours à la faculté. Une école primaire de la commune porte également son nom.
En 1929, il fonde notamment avec Lucien Febvre la revue « Annales d’histoire économique et sociale », à la résonance académique mondiale.
Ses méthodes pionnières permettent une approche nouvelle, avec « une Histoire qui s’intéresse aux profondeurs de la société » et capte l’homme sous tous ses aspects. Avec notamment son livre maître Les rois faiseurs de miracles (1924), il donne « à l’histoire un autre objet que les grands noms, les grands événements, les batailles » résume pour l’AFP l’historien Julien Théry.
«Une lucidité cinglante qui nous frappe encore aujourd’hui»
Capitaine et Croix de Guerre en 1914-1918, mobilisé à nouveau en 1939, Marc Bloch analyse implacablement dans L’étrange défaite la débâcle française face à l’offensive allemande de mai-juin 1940. Son ouvrage le plus connu, publié à titre posthume après la guerre et racontant de l’intérieur, de manière implacable, « l’effondrement le plus atroce de notre histoire ».
Une histoire “pour les générations à venir”, a souligné Emmanuel Macron, évoquant la “volonté française émoussée par le conservatisme, endormie par le conformisme, adoucie par la bureaucratie, tant négligée par une partie de ses élites”. “Une lucidité cinglante qui nous frappe encore aujourd’hui”, a-t-il ajouté.
Poilu à 53 ans, résistant jusqu’à sa mort
Passionné de la République » et grand patriote signataire du manifeste des intellectuels antifascistes dans les années 1930, ce juif athée, Poilu de la guerre 14/18, est de nouveau mobilisé en 1939. À sa demande, alors qu’il a 53 ans. , six enfants et souffre d’une polyarthrite débilitante. “Je suis le plus vieux capitaine de l’armée française”, dit-il.
Sa famille est juive, non pratiquante. “Marc Bloch n’avait confiance qu’en une seule idée, la République”, souligne l’AFP sa petite-fille, Suzette Bloch. Il a déclaré n’avoir revendiqué sa judéité que « dans un seul cas : devant un antisémite ».
En 1940, avec les lois antijuives de Vichy, il est exclu de l’enseignement avant d’être temporairement réintégré. C’en est fini lorsque les Allemands envahissent la zone libre en novembre 1942. Avec sa famille, il se réfugie dans la maison familiale en Creuse avant de choisir à nouveau la France qu’il aime tant.
La France, dont certains comploteraient pour m’expulser (…) restera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne pourrai arracher mon cœur.
Il enseigne l’histoire en prison
Resté en France malgré la répression qui s’abat sur les Juifs, Marc Bloch entre en 1943 dans la Résistance dont il devient l’un des dirigeants de la région lyonnaise.
“Marc Bloch n’a jamais désespéré de la responsabilité de notre peuple, certain que le courage n’est pas une question de carrière ou de caste”, a résumé Emmanuel Macron.
Il est arrêté le 8 mars 1944 à Lyon, incarcéré et torturé à la prison de Montluc. En captivité, il redevient professeur et instruit ses camarades d’infortune. « Si je m’évade, je reprendrai mes cours », leur a-t-il confié.
Il a été abattu « à coups de mitrailleuse dans le dos » le 16 juin avec 29 de ses camarades.
L’absence de l’extrême droite dans la panthéonisation réclamée
La famille de Marc Bloch s’est félicitée de sa panthéonisation, 80 ans après sa mort, réclamée de longue date par les responsables politiques et les historiens. « C’est une grande émotion et une grande fierté. Il s’est donné corps et âme pour la liberté et contre le nazisme”, a déclaré sa petite-fille Suzette Bloch. l’AFP.
Dans une lettre au Président de la République, comprenant l’AFP En ayant obtenu copie, la famille demande, au vu de son engagement, que « l’extrême droite, sous toutes ses formes, soit exclue de toute participation à la cérémonie » d’entrée au Panthéon.
“L’œuvre de ce patriote convaincu est profondément antinationaliste, construite contre le roman national et la réduction de l’histoire de France aux frontières nationales”, écrivent sa petite-fille Suzette Bloch et son arrière-petit-fils Matis Bloch, au nom des ayants droit.
Hommage « purement civil »
Le 19 février, la présence de Marine Le Pen à la panthéonisation de Missak Manouchian, contre l’avis de ses descendants et du président, suscite la polémique. Quelques jours plus tôt, elle avait pourtant renoncé à se rendre à l’hommage national à Robert Badinter.
La famille souhaite également que l’hommage soit « purement civil », comme Marc Bloch l’a demandé dans son testament.
Depuis 2017, Emmanuel Macron a déjà panthéonisé l’écrivain Maurice Genevoix, la personnalité politique française et européenne Simone Veil, la star du music-hall Joséphine Baker et le résistant communiste d’origine arménienne Missak Manouchian.
Il a également annoncé celle de Robert Badinter, le père de l’abolition de la peine de mort décédé le 9 février, qui entrera au Panthéon avant Marc Bloch en 2025, a-t-on précisé dans l’entourage présidentiel.
SourceAFP
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