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Vendée Globe. “Au centre de l’Atlantique Sud, un autre match va commencer”, estime Roland Jourdain

jeIl y a quatre ans, Roland Jourdain, 60 ans, était un acteur majeur dans la préparation de Yannick Bestaven à la victoire sur le Vendée Globe. Le troisième de l’édition 2000-2001, double vainqueur de la Route du Rhum (2006, 2010), navigue aujourd’hui sur un catamaran, « We Explore », du nom du fonds de dotation Explore qu’il a co-fondé. autour de la recherche sur l’utilisation des biomatériaux dans le nautisme.


Roland Jourdain.

Jean-Christophe Sounalet / SO


Positions à 15h vendredi 22 novembre

VG24/Capture d’écran

Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné depuis le début ?

C’est agréable de voir autant de bateaux regroupés, se battre, c’est ce qu’on aime quand on est à terre. Le Golfe de Gascogne, exceptionnellement clément, n’a provoqué qu’un seul abandon bien qu’il fasse souvent le tri. Quant aux skippers, je ne souhaite pas en distinguer un plus que les autres parmi la douzaine que compte la Division 1 de la flotte. Ils se battent comme des chiffonniers, connaissent très bien leurs bateaux. Pourtant, Sam Goodchild a fait un travail brillant. Il a confirmé, en outsiders de D1, qu’il est vraiment bon.

Et Jean Le Cam a trouvé une trajectoire unique pour être leader…

Jean a fait Jean. Cela ne m’étonne pas qu’il ait tenté son option à l’est des Canaries, c’est un itinéraire qu’il aime bien, il y est déjà allé ! Cela aurait pu fonctionner lorsqu’il avait réussi à attraper les alizés avant le Cap-Vert. Hormis un Pot au Noir plus clément, c’était correct, mais c’était trop audacieux. On connaît Jean, moins son nouveau bateau, qui est génial et sera, avec Jean, le bateau dérivant le plus rapide. J’ai hâte de voir la suite, avec une certaine incertitude. Les leaders pourront passer directement vers Bonne-Espérance avec une dépression qui brise l’anticyclone de Sainte-Hélène en deux, mais vers quel bateau ? Il y aura peut-être une scission mais dans quel groupe Jean sera-t-il, je ne sais pas.

S’ils sont influencés par la dépression du centre de l’Atlantique Sud…


La prévision du lundi 25 novembre, avec la dépression au centre de l’Atlantique Sud, qui propulsera la tête de la flotte brésilienne vers l’Afrique.

Ventusky/Capture d’écran

Ce grand virement vers Bonne-Espérance sera-t-il décisif ?

Depuis vendredi, ils se dirigent vers un grand port amure le long des côtes brésiliennes, une course de vitesse. Charlie Dalin a remis les chevaux. Un vent médium semble une bonne condition pour lui, mais je ne pense pas que ce soit significatif pour la suite. Après avoir enroulé une première bulle, cette moitié de l’anticyclone de Sainte-Hélène, ils se retrouveront dans quelques jours sous l’influence de la dépression qui naît le long du Brésil, à mi-chemin vers Bonne-Espérance. Cela générera inévitablement de l’instabilité, plus de vent et de mer, selon leur situation. Et là, le couple bateau-skipper sera sans doute plus important que la vitesse pure du bateau. Les cartes seront rebattues, un autre match va commencer.

Vous aussi, vous appréciez cette Vendée exceptionnellement compétitive ?

C’est en effet particulièrement serré, avec douze bateaux regroupés, et comme à chaque édition un niveau général et des vitesses qui grimpent. Ainsi le moindre pépin technique, une erreur ou une avarie comme celle de Louis Burton (fissures sur le pont) coûte toujours plus cher au classement.

Parlons des femmes dans la course automobile, avec un souvenir d’abord. Vous avez terminé 3ème du Vendée 2000-2001 derrière Michel Desjoyeaux et Ellen MacArthur, 2ème. L’Anglaise vous a-t-elle surpris ?

Ellen ne nous a pas surpris sur le Vendée Globe, non, elle avait déjà prouvé beaucoup de choses lors des courses précédentes. On ne l’a pas prise pour une gentille petite fille ! J’adorais cette petite femme, nous étions amis. J’ai été impressionné par son engagement, à tous points de vue. Sur la Vendée, elle m’a surtout énervé en finissant devant moi (sourire) !

Quelles places les femmes peuvent-elles atteindre dans la course cette année ?

Aujourd’hui, ça va pas mal, avec Justine en tête des filles. Ils sont largement capables de rivaliser avec les garçons, notamment en Vendée. Les Imocas sont physiques mais c’est loin d’être le critère principal par rapport à l’endurance, l’anticipation, la stratégie. Ellen valait un garçon pour son ton. Et puis sur nos bateaux, avoir le physique d’un rugbyman de 100 kilos ne sert à rien si on n’anticipe pas le grain ou la manœuvre à venir. C’est plutôt dans la tête que ça se passe, tenir, tenir dans cette situation absurde de se dire que c’est bien quand c’est fini !

Le point

Charlie Dalin a pris vendredi matin la tête de la flotte et prend une légère avance. Thomas Ruyant, précédent leader, était plus lent en raison d’un moins bon angle de vent et d’un problème de vérin sur une voile d’avant : « J’ai perdu deux à trois heures ». La tête de flotte reste groupée avec dix bateaux sur 60 milles et se lance dans une course de vitesse pour attraper… un train ! “Nous allons essayer d’attraper la petite dépression qui vient du Brésil et de nous en sortir avec”, a déclaré Jérémie Beyou. C’est vraiment important. “C’est comme le train, on ne peut pas le rater !” » ajouta Dalin.

 
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