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à Lille, des étudiants rencontrent l’auteure Emmanuelle Lambert

Les étudiants de l’Université de Lille ont rencontré l’auteure Emmanuelle Lambert lundi 18 novembre dans le cadre du Prix du roman étudiant.

Ce lundi 18 novembre une centaine d’étudiants se sont réunis dans une bibliothèque de l’université de Lille (59), pour rencontrer l’écrivaine Emmanuelle Lambert, auteur deAucun respect.

Chaque année, le Prix du roman étudiant récompense une œuvre écrite en français, issue de la rentrée littéraire et élue par un jury composé d’étudiants. Pour cette douzième édition, 2 500 étudiants français sont inscrits sur les listes électorales, dont 150 à l’Université de Lille.

Dans ce cadre, les étudiants assistent à des réunions ou à des travaux de débat, avant de voter puis remettre le prix au gagnant le 12 décembre. Emmanuelle Lambert a été sélectionnée par Culture, organisateur du Prix, aux côtés de quatre confrères.

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Plus d’une centaine d’étudiants, pour la plupart des étudiants de premier cycle, ont assisté à la rencontre avec Emmanuelle Lambert. © L’Etudiant – Amélie Petitdemange

Alexis Buffet, maître de conférences en littérature française, a débuté la rencontre en présentant l’auteure et ses œuvres, avant d’enchaîner avec un jeu de questions et réponses. Aucun respect est un « matériel autobiographique », explique-t-il, même si l’œuvre est écrite à la troisième personne.

“C’est ma vie”, confirme Emmanuelle Lambert, “mais dire ‘elle’, c’est parler de n’importe quelle jeune fille normale qui se retrouve dans un monde littéraire qui lui est anormal.”

« À vingt ans, c’est difficile de trouver sa place »

L’intrigue retrace l’histoire d’une jeune femme de vingt ans, qui découvre le microcosme du monde littéraire parisien, dominé par les hommes.

«C’est un roman d’initiation au féminin», explique l’auteure. Je pense qu’à vingt ans, après le bac, on a du mal à trouver sa place. Je viens d’un milieu relativement privilégié, mais quand je suis arrivé en prépa au lycée Louis-le-Grand, je ne comprenais pas ce que disaient les autres élèves : leurs blagues, leurs références culturelles… »

Le livre est également né des réflexions qu’elle a eues après le mouvement #MeToo : « C’est aussi un livre sur les formes de domination. J’ai désormais un autre regard sur ce qui me paraissait normal à l’époque. Pourquoi ma génération a-t-elle supporté avec force et raison ce que la génération actuelle refuse ? interroge Emmanuelle Lambert.

Des enjeux qui parlent aux jeunes

Son roman a marqué l’esprit des étudiants présents, en grande majorité des jeunes femmes, dont l’expérience de l’héroïne faisait écho à leur propre situation.

« Ce qui me touche particulièrement, c’est la question du lieu. Nous venons de recevoir nos premiers examens et notes, et nous nous demandons si nous avons notre place ici. Sommes-nous assez bons ? Nous avons tendance à nous dénigrer les uns les autres», confie Elisa, étudiante en première année de lettres modernes, à l’issue de la rencontre.

L’étudiant penche également pour ce roman, dans le cadre du vote qui débute le 22 novembre. « Je vais le choisir, parce que c’est un sujet qui nous préoccupe en société : la place des femmes et les rapports de domination. J’ai aussi aimé le style d’écriture subtil et cette distance plus objective établie par l’utilisation du pronom « elle ».

Nastia, 18 ans, est elle aussi convaincue. L’étudiante de première année de lettres modernes se dit touchée par « les questions abordées dans le roman : ce moment où l’on entre dans la vie adulte, les agressions sexuelles, les relations amoureuses. Le fait qu’elle intègre une relation ouverte est également très moderne », dit-elle.

Rencontrer des publics loin des librairies

Emmanuelle Lambert serait « très honorée » de recevoir un prix décerné par les jeunes. «C’est le plus grand compliment, car ils représentent l’avenir», dit-elle. Egalement sélectionné pour le Goncourt des lycéens et le Goncourt des détenus, l’écrivain apprécie ces rencontres avec « des publics qu’on ne voit pas trop en librairie, des jeunes n’en ayant pas forcément les moyens ».

Pour Élisa, cette rencontre « très enrichissante » a profané la figure de l’écrivain. “C’est intéressant de voir que ce sont des gens normaux, comme nous, qui ne sont pas prétentieux, même s’ils sont célèbres”, estime l’étudiant.

Jade, en première année de littérature moderne, est également ravie de participer à ce prix. « En classe, on étudie la littérature ancienne, comme Rabelais et Racine. Les livres sélectionnés sont plus contemporains, avec des sujets qui nous parlent davantage. J’ai hâte de me lancer dans leur lecture !

Participation bénéfique aux études

L’étudiant de 18 ans s’est porté volontaire pour lire un extrait deAucun respect pendant la réunion. «J’aime l’éloquence et parler devant les gens, et J’espère gagner des points avec cette lecture“, nous explique-t-elle.

Selon les souhaits de chaque professeur, la participation au jury étudiant peut être incluse ou non dans les cours, et éventuellement rapporter des points bonus. Certains professeurs, comme Alexis Buffet, font étudier à leurs élèves des extraits des ouvrages sélectionnés. D’autres organisent des cercles de lecture ou des débats.

« Les demandes varient. Par exemple, certains enseignants demandent à argumenter le vote. Dans notre classe, la participation au jury n’est pas obligatoire, mais très encouragée, et cela nous rapporte des points bonus“, a expliqué Nastia.

Quoi qu’il en soit, cette expérience lui sera utile pour ses études et sa future carrière, assure l’étudiante, qui souhaite devenir professeur de français.

Les cinq romans en lice pour le Prix du roman étudiant :

 
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