Dans les Vosges, le le père Noël ne vit pas tout à fait comme nous l’imaginons. Pas de luge sous les aurores boréales, mais un chalet de montagne à Gérardmer. Pourtant, chaque année, ce Père Noël made in France fait un détour exotique :
direction Chengducapitale de la province chinoise du Sichuan, où elle apporte l’esprit de Noël.
“Pour eux, Noël, c’est un peu comme Halloween pour nous”a-t-il partagé avec France 3 Grand Est, avant de poser ses valises le 28 novembre 2023.
Après une pause forcée par le Covid, l’ambassadeur vosgien de Noël a retrouvé l’exubérance chinoise. Son terrain de jeu ? Le centre commercial « Centre mondial du nouveau siècle »un mastodonte de 1,7 million de mètres carrésquatre fois plus grand que le Vatican. Là, il n’est pas un simple distributeur de cadeaux, mais un vraie star. « Je suis un peu nerveux à l’idée de rentrer, à la fois stressé, mais très heureux. C’est un autre monde,
tout est surdimensionné là-bas.”
Un Père Noël tricolore devenu une star en Chine
Le Français est reçu en héros : gardes d’honneur, chauffeur, agents de sécurité, pluie de roses et salaire de 10 000 euros. « Là, je suis un demi-dieu vivant. (…) Même en civil, quelqu’un prend ma photo à cause de mon apparence.a-t-il confié. Son emploi du temps se résume à deux heures par jour de photos et de rencontres avec des enfants, sans parler un mot de chinois. “La Russie a déjà essayé de me débaucher, moi et moioffert 15 000 euros pendant dix jours. J’ai trop à perdre en Chine.il a partagé.
Derrière ce Père Noël d’exception, Alain Simonin, 71 ans, ancien bûcheron, a bâti sa légende avec un barbe blanche naturelle et une Maison du Père Noël à Gérardmer. Depuis 2013, il fascine Chengdu, une ville où, dit-il, « Je pars avec une petite valise, mais je reviens toujours avec trois grosses valises
rempli de cadeaux“. De retour en France, la magie se heurte à un une réalité bien plus ennuyeuse. Si les enfants continuent de rêver devant les fenêtres éclairées, les adultes semblent de moins en moins enclins à endosser le rôle de l’homme à la barbe blanche.
Un costume de Père Noël qui peine à trouver preneur
Un constat affligeant : la magie a de plus en plus de mal à trouver ses interprètes. « Il faut presque passer 100 appels pour trouver une personne disponible »a déploré Kari Bounabi, fondatrice de l’agence Interim Spectacle à Toulouse, interrogée par France 3 Occitanie. La scène française, loin des fastes de Chengdu, peine à recruter ces Pères Noël d’un jour. Enfilez le costume du Père Noël n’attire plus les foules.
Si les recruteurs ciblent en priorité les jeunes retraités, ils recherchent également des candidats prêts à se maquiller, avec un
un certain confort avec les enfants. Mais le tableau s’avère bien moins idyllique qu’il n’y paraît : la rémunération
plafonds au salaire minimumde quoi refroidir bien des ardeurs. « Ce n’est pas gratifiant pour une personne de
faire des grillades un week-end pour trois francs six sous. »confie le recruteur. Et cela se ressent : “Personne ne se précipite au portail pour répondre et devenir le Père Noël”. Dans ces conditions, chaque candidat devient rare, au point que la quête du Père Noël parfait se transforme parfois en
vraie mission impossible.
© Shutterstock En France, le costume du Père Noël peine à trouver preneur, entre bas salaires et désintérêt croissant
Père Noël : une tradition en quête de nouveaux bénévoles
Même dans les villages, où autrefois un volontaire ou un habitant participait volontairement au jeu, l’enthousiasme semble s’être calmé.
« Avant, on trouvait toujours dans les villages bénévoles et les gens qui ont joué au jeu. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il y a moins d’enthousiasme. Que les adultes ont un peu de mal à retrouver leur âme d’enfant.»a observé Kari Bounabi avec regret. Et d’ajouter, inquiet : « S’il n’y a plus de Père Noël,
nous sommes dans une mauvaise passe de toute façon !”
Et comme si le manque de candidats ne suffisait pas, il arrive même que le Père Noël démissionne en pleine mission. L’hiver dernier, France en direct racontait ainsi l’histoire d’un étudiant qui avait jeté l’éponge après avoir été taquiné en costume. La barbe et la capuche n’ont plus le charme d’antan pour les adultes, laissant planer un doute : et si leL’esprit de Noël avait-il aussi du mal à se réinventer ?
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