Par
Augustin Bouquet des Chaux
Publié le
21 novembre 2024 à 18h00
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Après les élections législatives, vous avez fait une pause et êtes resté à l’écart de la vie publique. Avez-vous ressenti le besoin ?
Je l’ai annoncé le soir des élections. C’était un besoin, un besoin salutaire de me reposer auprès de mes proches. Ce que j’ai fait en prenant plus de vacances que jamais auparavant.
Cette pause a duré parce que je n’exerce jamais mes mandats à contrecœur. Je n’ai pas prétendu être maire et adjoint. C’était passionnant et épuisant, et le choc électoral m’a fait penser que ça me ferait du bien de me reposer un peu.
Avez-vous pensé à quitter la politique ?
J’ai beaucoup réfléchi cet été. J’étais abasourdi, je l’ai déjà dit. Il y a eu un moment d’hésitation où je me suis dit « tout cet investissement pour ça ». L’engagement est quelque chose qui m’épanouit, qui est mon moteur, qui donne un sens à ma vie, en plus – évidemment – de l’amour de mes proches.
“J’étais abasourdi, j’ai beaucoup réfléchi”
Il y a eu un moment de doute. Je me suis demandé si les sacrifices demandés à mes proches en valaient la peine. J’ai pris le temps d’analyser les résultats des élections : qu’est-ce qui a joué, qu’est-ce que j’aurais pu faire…
Avez-vous compris le résultat ?
Le Président de la République a porté préjudice au pays de toutes les manières. Il a multiplié les motifs de colère et les actes d’humiliation qui alimentaient la colère. En contrepoint, il y a eu les élections européennes où le RN a incarné cette colère.
La gauche s’est révélée incapable d’incarner cette colère au niveau national, en étant déconnectée de ce que vivent les populations dans des territoires comme le nôtre.
Quand le président décide de dissoudre, ce que tous les Français considèrent comme une bêtise, cela se traduit par une campagne très courte et les mêmes voix qu’aux élections européennes.
Le RN a surmobilisé un électorat qui n’avait pas voté depuis longtemps et a obtenu 16 000 voix par rapport à 2017. J’ai voté plus aussi, mais cela n’a pas suffi. C’était une élection très nationale qui se résumait à : « Voulez-vous Bardella comme Premier ministre ? « .
L’après Mim se prépare déjà
Le président de l’Agglomération Dieppe-Maritime, Sébastien Jumel, a tenu à réagir à la fermeture du chantier naval de l’industrie maritime de la Manche : « On avait affaire à un patron véreux. D’ailleurs les Fécampiens sont en train de le comprendre après nous.
L’ancien député travaille désormais au redressement de l’entreprise et plus particulièrement à la sauvegarde des emplois. Plusieurs dossiers sont à l’étude : « Il est trop tôt pour donner des noms car je m’engage à respecter la confidentialité », a-t-il déclaré.
Le 1er novembre, Sébastien Jumel a également participé à une rencontre avec un éventuel repreneur : « L’idée n’est pas de fragiliser l’écosystème portuaire et de maintenir la capacité de construction navale à Dieppe. »
Vous revenez donc sur le devant de la scène politique locale à titre de président de l’Agglomération de Dieppe-Maritime. Vous remplacez le maire de Dieppe, Nicolas Langlois. Comment s’est organisé ce retour ?
Cette proposition est celle du maire de Dieppe. Je n’y ai jamais pensé pendant l’été et je ne me permettrai jamais d’y penser. A la rentrée, Nicolas est venu me trouver pour me dire que les gens n’avaient pas remarqué que je disparaissais du paysage.
Il pensait que je pourrais être utile pour le territoire. Je lui ai dit que je devais y réfléchir. J’étais encore un peu sous le choc, je pensais que les gens seraient passés à autre chose. Mais sur le marché, une grande majorité d’habitants m’a demandé de ne pas baisser les bras.
Ce mouvement d’opinion émanant non seulement de ma famille politique mais aussi des acteurs locaux, combiné à la proposition de Nicolas, m’a amené à accepter cette proposition.
Votre accès à la présidence de l’Agglomération ressemble aussi à un sauvetage politique vu de l’extérieur. Et cela peut être vu par les locaux comme un dispositif permettant de rester sous les projecteurs…
Ce n’est pas un lot de consolation pour moi. J’exercerai mon mandat avec la même combativité et le même investissement qui m’ont motivé lors de mandats précédents.
“Ce n’est pas un lot de consolation”
Ceux qui pensent cela, et ils ont le droit de le penser, sont minoritaires dans la ville. Ce n’est pas un arrangement entre amis. Cela a été validé par des élus à la sensibilité très large comme Frédéric Canto, le maire de Saint-Aubin-sur-Scie par exemple, ou Patrick Boulier et le maire de Grèges.
Ce n’est pas non plus un choix que j’ai fait pour gagner de l’argent. Si j’avais voulu gagner de l’argent, j’aurais fait autre chose et on m’a proposé de faire autre chose.
Puisqu’on aborde la question de la rémunération, les élus ont décidé de rétablir, juste après votre élection, la rémunération originale du président de l’Agglomération qui avait été abaissée sous Nicolas Langlois. Cela a peut-être fait sourciller vos opposants politiques et certains résidents. Comment l’expliquez-vous ?
Je vais vous parler franchement, je trouve que la façon dont cette histoire a été traitée n’est pas très honnête et pas très approfondie. Je gagne un peu plus que le salaire minimum en tant que président de l’Agglomération. Je gagne 1 507 € net pour être précis.
Je n’ai pas l’impression que c’est beaucoup, même s’il y a beaucoup de gens qui vivent avec un salaire inférieur à ça. Si vous aviez cherché un peu, vous auriez vu que d’autres présidents d’agglomération avaient des rémunérations équivalentes ou supérieures.
Nicolas Langlois étant maire et conseiller général, il n’avait pas décidé de baisser l’indemnité, mais celle-ci était plafonnée par la loi. Ceux qui exploitent cette histoire sont malhonnêtes.
Si vous étiez à leur place, peut-être auriez-vous formulé la même critique ?
Non parce que je ne l’ai jamais fait. J’espère que je ne serai pas obligé de déclarer l’indemnisation de chacun si j’y suis poussé.
Il faut comprendre que même si elle est symbolique, en réalité, la présidence de Sébastien Jumel coûte plus cher aux habitants que la présidence de Nicolas Langlois…
Non, parce que ce n’est pas tout à fait ainsi que cela se produit. Je vous le répète, je ne suis pas anathème, mais Jean-Jacques Brument avait une rémunération plus élevée, Patrick Boulier, c’était à peu près la même chose.
Lorsque vous consacrez votre vie aux autres avec une éthique et une honnêteté que je mets au défi quiconque de remettre en question, ce sont des mots qui ne sont pas agréables à entendre.
La piscine Delaune, priorité du mandat
Parmi les projets très attendus sur le territoire, Sébastien Jumel devra gérer la construction de la piscine intercommunale qui sera construite à côté de l’actuelle piscine Delaune. «Nous sommes en train de planifier une rencontre avec le directeur régional de la Jeunesse et des Sports pour ce projet», assure le président de Dieppe-Maritime.
Ce dernier ajoute que ce projet sera la priorité de son mandat : « Il y a encore quelques ajustements à faire, mais l’objectif est de démarrer le projet l’année prochaine. Parmi les aménagements, il y a la signature d’un contrat territorial avec la Région, le Département et l’Etat afin que l’Agglomération soit accompagnée dans ses investissements pour les années à venir.
La dernière question concernera la fiscalité. La part intercommunale de la taxe foncière a récemment augmenté. Cette augmentation va-t-elle se poursuivre ?
Cela a été décidé avant mon arrivée, mais j’assume la responsabilité des décisions prises par ceux qui m’ont précédé. La feuille de route est la suivante : je ne veux pas d’augmentation de l’impôt foncier tant que je suis ici.
Et même si on pouvait harmoniser la taxe de collecte des ordures ménagères sur l’ensemble de la ville en la baissant un peu là où elle est plus élevée, ce serait bien. Mais je ne suis pas sûr de réussir.
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