News Day FR

Ici, on prend le temps d’apprendre à devenir parent

A deux pas de la gare, abrité par un parc arboré, se niche le Centre Enfance-Parentalité de la Croix-Rouge du Val-d’Oise – ou PEPA 95 en abrégé. Le lieu comprend une crèche, une maison accueillant des enfants placés par l’Aide à l’enfance, un centre parental et un relais parental. Dans ce véritable cocon, enfants, adolescents, parents et professionnels soignants se côtoient chaque jour – éducateurs spécialisés, éducateurs de jeunes enfants, assistantes maternelles, pédiatres, psychologues, veilleurs de nuit… Du relais au centre parental, immersion dans le quotidien des notre Centre, où le lien parent-enfant est roi.

Relais parental : permettre aux parents de souffler un peu

Mercredi 23 octobre, 9 h 30 Sous un frais soleil d’automne, des cris d’excitation résonnent depuis la grande terrasse du Relais Joly. Accompagnés de leurs éducateurs, Lila, Malia et Paul* s’amusent à glisser sur le toboggan et à sauter sur le mini-trampoline de la cour de récréation, pendant que certains de leurs petits amis sont de sortie – vacances scolaires obligent.

Ouverte toute l’année 24h/24, la structure permet aux parents en difficulté de confier leurs enfants aux équipes de la Croix-Rouge – pour quelques heures ou quelques jours, selon leurs besoins. « Ici, nous accueillons une dizaine d’enfants de 0 à 10 ans » explique Laura, éducatrice de jeunes enfants qui travaille dans l’établissement depuis 3 ans. « Les parents – 80 % des mères célibataires – qui nous contactent ne bénéficient d’aucun soutien de la part de leurs proches. Grâce au relais, ils peuvent souffler et se libérer du temps pour chercher un logement, travailler, se reposer, suivre un traitement médical ou encore planifier un séjour à l’hôpital. Ce temps de répit précieux pour les parents profite tout autant aux enfants qui trouvent au relais un environnement rassurant et épanouissant.

A l’intérieur, les espaces apaisants, entourés de baies vitrées, rappellent une petite maison : une cuisine, une salle de bain et plusieurs chambres côtoient la vaste salle de jeux où tapis de sol, coussins colorés, tables à dessin et modules en bois raviront les plus petits. . “Nous essayons d’offrir aux enfants autant de stabilité que possible, continue Laura, pour qu’ils se sentent bien et en confiance car ce sont souvent des enfants en manque d’orientation. Notre objectif est de toujours travailler main dans la main avec les parents, car si les parents nous font confiance, les enfants aussi.. Dans ce contexte, les équipes ont à cœur de faciliter les rencontres entre parents et de briser l’isolement social néfaste. Ils organisent régulièrement des goûters, des ateliers ou encore des activités de jardinage pour permettre aux familles d’échanger et de partager leur expérience.

« Notre priorité est de maintenir le lien », ajoute Ruzica Uskokovic, directrice adjointe du relais parental et du centre parental. “L’isolement parental peut conduire à un épuisement qui augmente le risque de maltraitance, c’est pourquoi maintenir et développer ce lien est essentiel, il permet d’éviter la séparation et le placement ultérieur.”

Le centre parental : apprendre à trouver en douceur sa place de parent

Si le relais propose une aide ponctuelle, le centre parental de Gigognes propose un accompagnement dans la durée. Ici, on prend le temps d’apprendre à devenir parent. Autrefois réservé uniquement aux mamans, le centre accueille désormais des couples mais aussi des familles avec une fratrie (jusqu’à 3 ans pour le plus jeune ou 6 ans pour l’aîné). Au total, 27 familles y vivent – ​​essentiellement des jeunes femmes immigrées isolées, sans ressources –, référées par les services sociaux ou autres associations. Toutes ont vécu des parcours difficiles, voire traumatisants, avec des grossesses parfois non désirées.

Nos équipes accompagnent ces jeunes filles, souvent mineures, dans leur quotidien et les aident à construire un véritable projet de vie qui leur permettra à terme d’être indépendantes. Hébergement, accompagnement administratif et pédagogique, visites médicales mais aussi ateliers nutritionnels ou encore activités d’éveil pour développer la motricité fine des enfants… tout est fait pour répondre aux besoins, aux interrogations voire aux difficultés des mamans. Entourées d’une équipe soudée, ces jeunes femmes travaillent à leur insertion sociale et professionnelle, l’objectif étant qu’à leur départ, elles puissent avoir un emploi ou une formation, un appartement, et surtout qu’elles aient eu le temps de se construire une solide lien avec leur enfant.

En ce début d’après-midi, Lise-Sarah, 26 ans, jeune femme d’origine congolaise, vient de prendre ses marques dans le petit deux chambres qu’elle partagera avec une autre maman. Avec beaucoup de douceur et de timidité, son bébé de 2 mois endormi dans ses bras, elle partage quelques extraits de son histoire :

Je suis étudiante en littérature moderne à l’université, je suis passionnée par l’écriture, j’écris des livres de poésie. A la naissance de mon fils, j’ai dû interrompre mes études mais j’espère pouvoir reprendre mes études rapidement. À l’époque, j’habitais dans une résidence étudiante et je ne pouvais pas y rester avec mon bébé. C’est une assistante sociale qui m’a parlé du centre parental, j’ai beaucoup de chance d’avoir eu une place. Ici, nous nous sentons en sécuriténous sommes tenus informés de tout, les éducateurs sont à proximité si besoin. Ma famille est au Congo, je suis toute seule en et c’est mon premier enfant, j’avais vraiment besoin d’être soutenue et accompagnée. Au centre, ils m’aident à devenir maman, à prendre soin de mon bébéet grâce aux moments où l’équipe prend le relais et s’occupe de mon fils, je peux me reposer un peu et travailler sur mon projet – l’autoédition d’un recueil de poésie – pour la sortie. Grâce à cela, j’espère pouvoir obtenir un titre de séjour artistique.

Jamais bien loin, Sylvain, son éducateur, veille sur elle. Attentif à son histoire, il revient sur la chance d’avoir une équipe multidisciplinaire sur place : « C’est un vrai confort de pouvoir travailler à plusieurs, chacun avec ses spécialités. C’est très enrichissant et permet d’apporter un accompagnement global et individualisé. Je suis éducatrice spécialisée et au centre parental, je travaille avec une éducatrice du jeune enfant et une assistante sociale. Ici, l’accompagnement que nous proposons est très engageant, tant pour les mamans que pour les professionnels. Dès l’arrivée de la maman ou du couple, on prépare la sortie, c’est le fil conducteur de notre accompagnement. Les équiper pour qu’ils soient indépendants, pour construire un avenir paisible avec leur enfant.

*Les prénoms ont été modifiés pour des raisons de confidentialité.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :