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Rapatriement du corps de sa mère israélienne

Au total, 409 jours se sont écoulés depuis le meurtre de Judi Weinstein en Israël. Pourtant, dans l’esprit de sa fille Iris Weinstein Haggai, toutes ces heures passées semblent être une longue journée sans fin. Une journée qui ne se terminera que lorsqu’Ottawa rapatriera la dépouille de sa mère, la seule citoyenne canadienne à avoir été retenue en otage par le Hamas.

Le 7 octobre 2023, Judi Weinstein a prévenu sa famille. Alors qu’elle marche tranquillement avec son compagnon Gadi Haggai, elle entend une pluie de missiles déferler sur Nir Oz, leur kibboutz situé à moins de deux kilomètres de Gaza, en Israël. C’est le dernier signe de vie que donnera le couple.

C’est sur les réseaux sociaux, à travers les publications du Hamas, qu’Iris Weinstein Haggai a appris que le Hamas avait kidnappé une de ses amies et ses deux enfants. Elle comprend que le village dans lequel elle a grandi est complètement dévasté. Près de la moitié des maisons ont été incendiées.

«J’ai perdu 117 personnes importantes dans ma vie ce jour-là. C’était un véritable cauchemar”, se souvient M.moi Weinstein Haggai, en entretien avec La presse.

Après 83 jours douloureux d’angoisse, les services secrets israéliens lui ont confirmé le pire : la mort de ses parents. Alors qu’ils étaient allongés sur le ventre pour se protéger, les deux septuagénaires ont été abattus par des motocyclistes.

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PHOTO SERGEY PONOMAREV, ARCHIVES DU NEW YORK TIMES

Voitures carbonisées dans le kibboutz Nir Oz qui borde la bande de Gaza, en Israël, quelques jours après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023

Iris Weinstein Haggai le sait car elle a pu entendre un appel lancé par sa mère aux secours, peu avant son décès.

« Elle a reçu une balle dans le visage et dans le bras. Elle voulait être sauvée. Mais cela n’a pas eu lieu car les ambulanciers ont également été abattus”, raconte M.moi Weinstein Aggée, ému.

Judi Weinstein a grandi au Canada, à Toronto. Sa famille, de confession juive, souhaite l’enterrer pour achever son deuil. Son partenaire Gadi Haggai est de nationalité américaine.

Nous ne pourrons assimiler sa mort que lorsque nous verrons sa pierre tombale. Je ne peux pas expliquer sa mort à ma fille de 8 ans. Ce sera impossible à comprendre tant que le corps de ma mère restera là.

Iris Weinstein Aggée

« Savoir que son corps repose quelque part à Gaza, en train de pourrir, c’est tout simplement horrible. La ramener ici n’est qu’une question de dignité humaine », poursuit-elle.

Faire pression sur Ottawa

Dans l’espoir de faire pression sur Ottawa, Iris Weinstein Haggai a rencontré le premier ministre Justin Trudeau, ainsi que la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly.

« Je voulais qu’ils me regardent dans les yeux, qu’ils disent le nom de ma mère, et ils l’ont fait. Mais je ne peux pas dire qu’ils m’ont donné le moindre espoir de ramener ma mère à la maison. Nous n’en sommes plus au stade des paroles, je veux en voir des actions concrètes. »

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PHOTO SERGEY PONOMAREV, THE NEW YORK TIMES

Décombres d’une maison incendiée au kibboutz Nir Oz quelques jours après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023

L’ancien ambassadeur du Canada en Égypte et en Indonésie Ferry de Kerckhove en est convaincu : le Canada « fera l’impossible » pour rapatrier la dépouille de Judi Weinstein, s’il est possible de les localiser.

“En tout cas, je plaiderais auprès du service consulaire canadien pour y parvenir si j’étais encore ambassadeur, et j’y arriverais probablement”, assure-t-il, en entrevue avec La presse. Je crois que le Canada a un devoir de rapatriement dans son cas. »

Il sera possible de parvenir à un accord avec le Hamas, estime Ferry de Kerckhove, puisque l’organisation « marchande tout » et a déjà livré des otages d’autres pays.

Il faudra toutefois obtenir l’aide d’un pays intermédiaire pour y parvenir, explique celui qui a déjà assuré le rapatriement de nombreux Canadiens au cours de sa carrière.

« Le Qatar a eu du mal à rapatrier les otages, je pense qu’ils en ont marre, donc ça pourrait être compliqué avec eux. Mais l’Égypte écouterait certainement, tout comme Israël. Il existe un moyen de faire bouger les choses, j’en suis convaincu. »

Essayer de prendre justice

En attendant le rapatriement de la dépouille de sa mère, Iris Weinstein Haggai tente d’obtenir justice pour elle-même.

Elle a intenté plusieurs poursuites, dont une contre un large éventail d’organisations terroristes comme le Hamas et Samidoun, sous le nom de Loi canadienne sur la justice pour les victimes du terrorisme. Aux côtés des familles d’autres victimes, elle leur réclame 350 millions de dollars.

Au-delà de cela, elle mène un autre combat. Elle souhaite que la plupart des Canadiens se souviennent de Judi Weinstein, afin que sa mort ne soit pas vaine.

« Plusieurs d’entre eux ne savent toujours pas que l’un des leurs est toujours retenu en otage », déplore-t-elle. Nous vivons une immense crise humanitaire, des victimes innocentes sont arrachées de leur lit, ou tout simplement tuées lors de leur promenade matinale.

« Il semble que le monde abandonne ces victimes, comme si elles n’existaient pas. Il est temps de se réveiller. »

 
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