Comment définir le TDAH ?
TDAH signifie trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité. Il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental, avec lequel nous avons toujours vécu. Notre cerveau fonctionne différemment des autres. Ce trouble touche, selon les études, entre 2,5 % et 5 % des adultes et entre 3 % et 6 % des enfants. Si l’on vulgarise, on peut dire qu’il existe trois types de TDAH : l’inattention, l’hyperactivité et le type mixte. Il n’existe donc pas un, mais plusieurs TDAH, qui s’expriment de manières très différentes. Chez les adultes, on estime que moins de 1 % des personnes reçoivent un diagnostic, ce qui signifie que beaucoup vivent probablement avec cette maladie sans le savoir.
Pour qu’on puisse bien vivre avec le TDAH…
Oui, chacun compose et compense à sa manière. Il y a 20 ou 30 ans, le TDAH n’était pas diagnostiqué comme aujourd’hui. Beaucoup d’entre nous ont donc indemnisé jusqu’à ce qu’un événement de la vie – un changement d’emploi, la naissance d’un enfant, un divorce – rende les mécanismes d’indemnisation insuffisants. Finalement, le corps s’effondre. C’est pourquoi de nombreux diagnostics surviennent à l’âge adulte. Comme pour l’endométriose, en parler libère davantage la parole, sensibilise et pousse à consulter et à se reconnaître dans les symptômes.
Qu’est-ce qui a conduit à votre diagnostic ?
Souffrance. Je me noyais dans un verre d’eau. Après cinq ans d’entrepreneuriat, je n’en étais plus capable. Pendant longtemps, j’ai pensé que j’étais simplement désorganisé ou enclin à la procrastination. À un moment donné, j’ai cru que j’étais en train de m’épuiser, mais ce n’était pas le cas. Je me suis consulté, plein de doutes, cherchant une réponse : pourquoi je n’arrivais plus à m’en sortir alors que j’avais réussi à très bien compenser pendant 35 ans ?
Comment le diagnostic a-t-il changé pour vous ?
Cela nous a déjà enlevé beaucoup de culpabilité. J’ai réalisé que je n’étais pas inférieur aux autres. J’avais un déficit de confiance, persuadée que les autres savaient anticiper, et pas moi. Je travaillais dans l’urgence, envoyant mes dossiers en pleine nuit pour respecter les délais et ne pas stresser mon équipe. Le diagnostic a été un point de départ pour retravailler ma vie, optimiser mon organisation et mon temps et être plus fonctionnel.
Concrètement, qu’est-ce qui a changé dans votre manière de travailler ?
Tous ! (rires). Je pensais que j’étais juste impulsif et hédoniste, attiré par la nouveauté qui me donnait de la dopamine. Maintenant, j’évalue le temps dont j’ai réellement besoin pour chaque tâche et j’apprends à établir des priorités. Je fais listes de tâchesétablir des priorités et créer des systèmes de récompense pour des tâches telles que l’administration. J’ai arrêté d’accepter systématiquement tous les nouveaux projets et j’ai adopté des outils de gestion du temps : méthode Pomodoro, matrice d’Eisenhower, etc.
Lié à la gestion du temps, la procrastination est un vrai problème quand on souffre de TDAH, non ?
Complètement. Il y a ce qu’on appelle paralysie des tâches : Nous reportons une microtâche (envoyer une facture, un email, effectuer un virement bancaire, etc.) jusqu’à ce qu’elle devienne urgente. Paradoxalement, nous sommes souvent très efficaces dans les situations d’urgence. Cela fonctionne si vous vous connaissez bien, mais peut être problématique pour respecter les délais. La procrastination est également liée à une distraction facile, souvent appelée syndrome de l’objet brillant. Par exemple, nous ouvrons un email, puis 50 autres, et en fin de compte, le premier email reste sans réponse.
Quels conseils donneriez-vous aux managers qui ont ce profil dans leur équipe ?
Tout d’abord, sachez que le TDAH peut se manifester de plusieurs manières, comme par exemple l’inattention. Certaines personnes auront du mal à se concentrer lors d’une réunion ou dans un espace ouvert à cause du bruit ambiant. D’autres auront des problèmes de mémoire à court terme : ils pourront oublier une consigne si leur attention est ailleurs. Pour aider :
- Notez systématiquement les consignes ;
- Évitez les consignes données « au passage » dans un couloir ;
- Structurer les réunions avec un ordre du jour et un cadre clairs (par exemple un bâton de parole) ;
- Prévoir des outils adaptés : casques antibruit, boules à micro-mouvements, etc. ;
- Découper les projets en tâches claires avec des étapes intermédiaires ;
- Il aide à la gestion du temps avec une planification rétrospective et des mises à jour régulières.
Attention également à la surcharge : les personnes atteintes de TDAH peuvent surestimer leurs capacités et entreprendre trop de projets. Le manager joue alors un rôle clé pour canaliser cette énergie et prioriser les projets essentiels.
Alors avoir un TDAH ne vous empêche pas de réussir ?
Absolument, vous pouvez souffrir de TDAH et réussir votre vie professionnelle ! Les personnes atteintes de TDAH ont aussi des atouts : elles savent gérer les urgences, sont très créatives et ont souvent une culture générale riche grâce à leurs passions ultérieures. S’ils s’agitent parfois, ils peuvent aussi se concentrer intensément sur une tâche pendant des heures ou des jours, de manière presque obsessionnelle. Face au changement, ces profils sont également fiables, agiles et capables de gros investissements. En revanche, le risque de burn-out doit être surveillé, rôle crucial du manager qui doit garantir ce bon équilibre.
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