Publié le 20 novembre 2024 à 18h30
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Pour nos 60 ans, nous avons choisi de faire un pied de nez à la morosité ambiante, en célébrant, pour notre anniversaire, le pouvoir de la joie.
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Soixante ans. Soixante années d’une formidable aventure éditoriale, débutée le 19 novembre 1964 avec le premier numéro du Nouvel Observateur et qui se poursuit toujours. Soixante décennies de publication d’une revue qui a marqué l’histoire et la vie politique de France, mené des luttes sociales, soutenu et accompagné intellectuels et artistes. Cette semaine, toute la rédaction et les collaborateurs de votre journal sont fiers et heureux de célébrer cette merveilleuse longévité. C’est l’occasion pour nous de nous adresser à vous, chers lecteurs, pour vous remercier de votre fidélité. C’est aussi l’occasion de rompre avec une nouvelle anxiogène, alors que la victoire de Trump obscurcit notre avenir, que la guerre s’intensifie entre l’Ukraine et la Russie et que le conflit au Moyen-Orient reste insolvable.
Face à ce sombre tableau, nous avons décidé de faire un pas de côté, en rappelant que la réalité ne se limite pas aux événements tragiques du monde, à condition de l’éclairer sous un autre jour. Nous avons choisi de faire un pied de nez à la morosité ambiante, en célébrant, pour notre anniversaire, le pouvoir de la joie. Quelle drôle d’idée, en ces temps troublés, pourraient dire les grincheux… Rien de plus grave pourtant, comme nous l’ont confirmé la soixantaine de personnalités du monde intellectuel, politique ou culturel, qui nous livrent dans ce numéro leurs « éclats de colère ». joie » : tous ont répondu avec enthousiasme.
De Delphine Horvilleur à Fabrice Luchini, de Nicky Doll à Pierre Rosanvallon, ils nous ont confié leurs plaisirs éphémères ou leurs grandes raisons d’espérer, ces petites choses qui les font vivre au quotidien. De la sensation de satiété lorsque l’on ferme un livre que l’on a profondément aimé (Maylis de Kerangal) à la simple joie de tondre l’herbe le matin «alourdi par la rosée» (Gaspard Koenig), de la cueillette des champignons qui précède la fricassée (Andreï Kourkov) au bonheur de chanter à l’unisson (Camille) ou d’écouter Beethoven (Edgar Morin)… Autant de moments qui nous aident à nous sentir simplement vivant. “A l’actualité meurtrière du monde, nous devons résolument opposer notre propre actualité de la vie, si infime soit-elle.” summarizes the writer Grégoire Bouillier.
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Oui, la joie est puissante, à condition de la provoquer, de la cultiver ou de la chérir. Et qui mieux que Thomas Jolly, le chef d’orchestre des cérémonies des Jeux Olympiques et Paralympiques, pour l’incarner à la Une de notre numéro anniversaire ? Chacun se souvient que les Jeux ont pu montrer une autre facette de nous-mêmes, celle d’un pays fier de lui et de son ouverture sur le monde, riche de sa diversité. Et si on a souvent dit qu’ils n’étaient qu’une parenthèse enchantée, on a moins souligné que la France dont ils témoignaient existait au moins autant que la France inquiète et doutant d’elle-même, que l’on aime trop souvent peindre. « Ce qu’on a montré, c’est la France : belle, plurielle, fraternelle. Différents corps, différentes manières d’être au monde… Et que la République prend dans ses bras. C’est la seule France qui existe. affirme Thomas Jolly dans l’entretien qu’il nous a accordé, avant de nous inviter à « organisateur » : « Soyons organisés, oui. Organisons le fait qu’on ait envie d’être ensemble, organisons la tolérance, l’accueil, l’acceptation, la générosité, organisons tout ça. Et puis exprimons-le. C’est une mission politique et médiatique, mais aussi une mission pour chacun. »
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Depuis soixante ans, notre titre porte cette conviction : « le Nouvel Obs » s’efforce de défendre un modèle de société ouvert et pluriel, de soutenir toutes les émancipations et d’accompagner les changements en France. Pendant que les nuages s’amoncellent sur notre pays comme ailleurs, nous continuerons à nous faire écho à toutes les forces progressistes, et à lutter contre le déclinisme ambiant qui constitue un terreau fertile pour les réactionnaires et les populistes. C’est le contrat de lecture que nous vous proposons depuis soixante ans, et que nous espérons vous proposer pour les soixante années à venir. Sans naïveté et les yeux ouverts. Au plaisir de vous informer.
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