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La mort des manchots de Magellan, victimes de « cruauté envers les animaux », fait progresser la justice environnementale en Argentine

LETTRE DE BUENOS AIRES

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Manchots de Magellan, dans la réserve naturelle patagonienne de Punta Tombo, en Argentine, en février MAXI JONAS / AP

Le terrain, une zone semi-désertique, s’étend sur des centaines de mètres jusqu’aux eaux glaciales d’un bleu vif de l’océan Atlantique en Patagonie argentine. Son propriétaire, un éleveur de vaches, a été reconnu coupable, jeudi 7 novembre, par la cour supérieure de justice de Chubut (sud) de « dommages aggravés » sur l’environnement et « cruauté envers les animaux » envers les manchots de Magellan présents dans son domaine. Un verdict inédit qui conclut un procès historique. Si le détail de la peine doit être communiqué ultérieurement, le parquet a requis quatre ans de prison et une compensation financière.

« C’est une surprise car l’Argentine a une longue histoire d’impunité environnementale et un code pénal qui ne contient pas de crimes environnementaux. C’est un tournant dans la justice du pays, une conquête écologique.»salue Lucas Micheloud, avocat et co-directeur de l’Association argentine des avocats de l’environnement. Cette dernière s’était constituée partie civile, auprès des ONG de défense de l’environnement Greenpeace et Fundación Patagonia Natural.

Les événements se sont produits entre les mois d’août et décembre 2021, lorsque les manchots nichent sous terre. L’éleveur condamné, Ricardo La Regina, aujourd’hui âgé de 37 ans, décide d’effectuer des travaux sur ses terres. Il souhaite notamment installer une clôture et construire une digue, afin de contenir son bétail et de l’abreuver. Pour ce faire, il a acheté une pelle rétrocaveuse et a creusé une partie de son terrain.

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Selon le verdict, l’éleveur « a causé des dommages irréversibles à la faune et à la flore indigènes de ce lieu » mais aussi “a frappé un grand nombre de manchots vivants d’âges différents, les tuant, les blessant, leur faisant souffrir et frappant également les œufs en phase d’incubation”. Greenpeace, pour sa part, estime que« une centaine de manchots, œufs et poussins et environ 175 nids ont été détruits, en plus de la déforestation de la végétation indigène ». Une image prise par des biologistes – dont le témoignage a été versé au dossier – montre un pingouin couché sous des branches, en partie recouvert de terre, après la fouille. « La végétation indigène est essentielle à la reproduction des manchots car elle leur permet de faire leur nid, de se protéger du vent, du soleil et des prédateurs »souligne Lucas Micheloud. Selon les spécialistes, la recomposition des sols et de la flore pourrait durer entre dix et vingt ans.

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