Le Grand Canyon, célèbre pour ses paysages à couper le souffle, pourrait également jouer un rôle majeur dans notre compréhension de l’explosion cambrienne, l’une des périodes les plus cruciales de l’histoire de la Terre. Cette période, survenue il y a environ 500 millions d’années, a été marquée par une explosion soudaine de formes de vie complexes, donnant naissance aux grands groupes animaux que l’on retrouve encore aujourd’hui. UN étude récente menées sur les formations rocheuses du Grand Canyon pourraient remettre en question les théories géologiques établies.
Le groupe de Tonto
Les chercheurs, dirigés par des géologues des universités du Nouveau-Mexique et de l’Utah, se sont concentrés sur une formation particulière du Grand Canyon connue sous le nom de « Groupe Tonto ». Ce groupe de roches, constitué de cinq couches de sédiments, fournit des informations précieuses sur l’histoire géologique de la Terre au Cambrien.
Selon Carol Dehler, géologue à l’Université d’État de l’Utah et auteur de l’étude, ces couches contiennent un trésor de fossiles et de couches sédimentaires qui documentent l’explosion cambrienne il y a environ 500 millions d’années. . ” Cette région contient des preuves fascinantes de l’essor de la vie marine à mesure que le niveau de la mer montait, submergeant les terres et encourageant la diversification des formes de vie. », précise-t-elle dans un communiqué.
Ce groupe rocheux, d’environ 500 mètres d’épaisseur, fournit des indices sur les conditions environnementales d’il y a plus de 500 millions d’années, notamment l’élévation du niveau de la mer et l’expansion de la vie marine. . En étudiant ces formations, l’équipe a pu confirmer que le processus de diversification des espèces était beaucoup plus rapide et complexe qu’on ne le pensait auparavant.
Réévaluation du modèle géologique traditionnel
Cependant, les chercheurs ont découvert que le modèle traditionnel expliquant cette période, développé dans les années 1940 par le géologue Eddy McKee, simplifiait à l’extrême les processus impliqués. Selon ce modèle, l’élévation du niveau de la mer aurait entraîné une transgression marine continue, c’est-à-dire un enfoncement progressif des océans sur les continents, accompagné de petites régressions (prélèvements d’eau). Mais des recherches récentes suggèrent une histoire beaucoup plus complexe.
Selon l’équipe de recherche, le Groupe de Tonto présente cinq séquences distinctes de sédiments, dont trois sont interrompues par des failles, où l’érosion a effacé certaines couches. Ces séquences ne sont pas exclusivement marines, comme le pensait McKee, mais résultent d’une combinaison d’environnements marins et non marins, notamment des zones côtières, des terrains balayés par les vents et des environnements marins peu profonds. Cela reflète un mélange de changements du niveau de la mer et de variations locales de l’affaissement des terres.
Évolution rapide et changements spectaculaires
Le professeur Karl Karlstrom, de l’Université du Nouveau-Mexique et co-auteur de l’étude, explique que « notre modèle mis à jour du dépôt de sédiments du groupe Tonto est plus nuancé, montrant une interaction complexe entre les environnements marins et non marins, ainsi que des périodes sans dépôt de sédiments « . Cela met également en évidence un rythme d’évolution des espèces beaucoup plus rapide à cette époque, un phénomène encore plus marqué qu’on ne le pensait auparavant.
Une analyse plus approfondie des roches, à l’aide de cristaux de zircon – petites « capsules temporelles » naturelles – a permis de dater précisément les différentes étapes de cette évolution. Les trilobites, arthropodes aquatiques ressemblant à des insectes, ont connu une prolifération fulgurante avant de disparaître en moins d’un million d’années.
Les résultats de cette étude confirment l’importance du Groupe de Tonto comme l’un des sites les plus significatifs pour la compréhension de la période cambrienne. Selon James Hagadorn, géologue au Denver Museum of Nature and Science, « cette recherche nous rappelle que la science est un processus en constante évolution « . Il conclut : « Étudier ces formations dans le Grand Canyon, l’un des lieux les plus emblématiques au monde, permet au public de s’intéresser à cette science de manière plus intime et accessible.. » Par ailleurs, des guépards préhistoriques fossilisés ont été découverts dans le Grand Canyon.
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