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quel bilan pour le couple Lucet/Olivennes ?

A quoi ressemblera le Groupe Editis Media, annoncé en grande pompe en avril dernier par Denis Olivennes ? Une structure qui serait » remarquable et solide par la qualité de ses maisons d’édition, de ses éditeurs, de son appareil de distribution et de radio-télévision », a-t-il assuré. Mais ce 12 novembre, à l’occasion du Comité Editis, l’esprit n’était pas celui d’un armistice.

2024, année sous haute surveillance

Interrompue par des salariés manifestement mécontents du régime actuel, la réunion s’est terminée dans le sang. ” Ils sont sortis ensemble [Pascale] Russie [directrice générale adjointe, NdR]pour échanger, mais Olivennes est parti sans dire au revoir à personne et Rus était très en colère contre la façon dont les choses s’étaient passées », rapportent des témoins.

En effet, les résultats 2023, certes décevants, ne sont pas imputables à la nouvelle direction, présentée aux salariés mi-novembre de l’année dernière. Ceux de 2024 ne s’annoncent cependant pas bien. “ La saisonnalité est rarement exceptionnelle : le premier semestre, à la fin des vacances de fin d’année, ne montre jamais de résultats surprenants », confirme un éditeur.

Un point commun à toutes les maisons d’édition françaises, qui n’a rien de spécifique pour Editis. Le groupe leader en , Hachette Livre, a enregistré une baisse de son chiffre d’affaires de 0,7% au même premier semestre.

Les défis du second semestre sont de plus en plus grands, mais les résultats démontrent déjà que la direction de Lucet/Olivennes n’a pas réussi à traverser les six premiers mois de l’année. Les deux hommes s’étaient également attaqués à leur prise de fonction face à une grève sans précédent, devant le quartier général de l’avenue de France, organisée mi-décembre à l’initiative de la Force ouvrière.

Portez la marmite à ébullition

Après les résultats décevants de 2023, les salariés attendaient les mesures et la nouvelle stratégie promises par Denis Olivennes. Selon les informations obtenues par ActuaLitté, la réponse est surprenante : « Tout dépend de la fin de l’année», on nous dit : «Nous avons enregistré plusieurs dizaines de millions d’euros à récupérer.»

Pour expliquer le contexte, nous soulignons l’engouement des clients pour les livres d’occasion. Par ailleurs, les acheteurs de livres neufs ne devraient pas résister, voire diminuer : les livres d’occasion seraient en hausse. Au point de frapper durement le deuxième acteur français de l’édition, voire l’ensemble du secteur ?

Selon l’étude de Sofia présentée en mai dernier, ce secteur a vendu environ 80 millions d’exemplaires générant 350 millions d’euros en 2023. Pas peu : cela représente 12 % du chiffre d’affaires des éditeurs en France. Visiblement, la solution idéale a échappé aux rédactions.

Heureusement, le Goncourt 2023 bénéficie d’une diffusion tournante chez Interforum : le roman de Jean-Baptiste Andrea n’est pas encore sorti en poche et continue de maintenir de bonnes ventes en grand format. Cette année, plus de 156 000 exemplaires ont été vendus, sur un total de 582 000 (données Edistat), veille sur elle apportez un peu d’oxygène. De même, Moi, Fadi, le frère voléde Riad Sattouf approche les 95 000 ventes.

La décision du CMI est-elle un coup de trop ?

Il n’en reste pas moins qu’il fautredressez simplement la fortune d’Editis», comme l’a assuré Denis Olivennes. Et c’est parce qu’en prenant les rênes du groupe, le niveau des résultats découverts a laissé un grand moment de solitude. En effet, il y a cinq ans, avec un chiffre d’affaires similaire, l’entreprise avait obtenu des résultats nettement supérieurs.

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Certains apprendront ainsi à porter de grands espoirs, comme dans le cas d’Adrien Bosc peut-être.” l’éditeur le plus brillant de sa génération », estime le président Olivennes lui-même. Aux commandes de Juilliard depuis mars dernier, marque jusqu’alors en déclin, avec Stéphanie Chevrier à la tête du pôle qui comprend La Découverte, Adrien Bosc est arrivé avec sa maison et ses auteurs. Et dès ses premiers débuts littéraires, bref, le transfuge du Seuil décroche le prix de décembre avec le livre d’Abdellah Taïa, Le Bastion des Larmes .

Parallèlement, débute le déménagement de CMI France qui intégrera le siège social du 92 avenue de France, où est basé le groupe d’édition. Une décision qui pèse sur le moral des salariés, avec la création deespaces ouvertsconsidéré par beaucoup comme «un fichier de trop», ce qui s’ajoute à la fatigue signalée.

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Pas de fusion entre CMI et Editis donc, mais seulement la création d’une société holding pour un management de niveau supérieur. Mais en même temps équilibrer l’occupation des locaux, dont certains sont vides lors des journées intenses de télétravail.

2025 : Arrivée de Delcourt et Auzou

Vient ensuite la nouvelle : le rachat de Delcourt, une stratégie qui n’est pas sans risques sur le plan économique et qui va peser sur les finances. Il s’agit pourtant presque d’une victoire – qui se concrétiserait début 2025, il ne manque plus que la validation de l’Autorité française de la concurrence. Le montant de l’acquisition et les modalités d’investissement pour le groupe qui réalise un chiffre d’affaires de 178,4 millions d’euros en 2023 ont été annoncés.

Delcourt n’était peut-être pas gagné aux yeux des concurrents, puisqu’il exigeait des capacités financières d’une part et le respect des règles de concurrence d’autre part. Il s’agit pourtant d’un résultat positif, dans la mesure où Editis gardait un oeil sur le groupe de Guy Delcourt au point de se risquer à le racheter il y a quelques années.

Autre bonne nouvelle, les quelque 5 000 références Auzou qui arriveront en distribution l’année prochaine – d’autres éditeurs tiers suivront pour 2026. Un critère : beaucoup de références, mais des marques avec peu de chiffre d’affaires. Les éditeurs partenaires auraient en effet encore renforcé leur position, se rapprochant des revenus générés en 2022, égaux à 125,8 millions d’euros, comme le révèle ActuaLitté. L’effet Dicker, ou encore GoncourtL’histoire de Jérusalem.

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Quant aux 9 500 références de Delcourt, elles viendront également soutenir les comptes d’Interforum, mais pas avant 2026. Quant à Delsol, la structure de distribution restera distincte d’Interforum, qui retrouverait cependant, avec sa filiale DNL (National Book Diffusion), le 2e niveau et supermarchés.

Le deuxième semestre, crucial

Mais une question demeure pour Editis : le chiffre d’affaires du premier semestre serait proche de celui de 2021, mais le président s’inquiète : «Il a souligné le fait que nos résultats sont moins bons que ceux de nos concurrents, estimant que cela constitue en soi un problème.», nous dit-on.

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Évidemment, la période des Jeux Olympiques n’aura été profitable à personne et auxboucliersque Matignon envoie régulièrement et les ministères ne sont pas rassurants. Cependant, lorsqu’il s’agit de l’environnement macroéconomique, tout le monde est dans le même bateau. Toutefois, les résultats du second semestre seront déterminants pour l’entreprise au point que le résultat opérationnel courant a été revu à la baisse.

Redresser le cap ou franchir le cap : Editis aura toute la confiance de son actionnaire, avec pour défi de redevenir une entreprise attractive dans le paysage éditorial français.

Crédit photo : Sede di Editis – ActuaLitté, CC BY SA 2.0

Par Nicolas Gary
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