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FAIT DU JOUR À Saint-Hippolyte-du-Fort, Jallatte invente la chaussure de sécurité neutre en carbone

Si le groupe redevient numéro 1 des chaussures de sécurité, il innove avec la gamme « J’Respect » qui utilise des matériaux recyclés et compense ce qui ne peut être substitué. Une pierre de plus dans le jardin de la compétition, posée par l’industriel Cigaux, qui s’était déjà largement diversifié – et renforcé – en proposant des modèles aux designs inspirés des chaussures de sport. L’entreprise espère que l’industrie vertueuse et française incitera les collectivités, en plus des groupes déjà attirés, à faire appel à elle.

Une des chaussures de la gamme J’Respect en cours de finition à l’usine Jallate de Saint-Hippolyte-du-Fort • François Desmeures

Une petite touche de vert au milieu des couleurs austères de la chaussure de sécurité. En créant sa nouvelle gamme « J’Respect », Jallatte a souhaité que l’appartenance à cette ligne soit immédiatement visible, notamment par la couleur de sa semelle. Depuis, la marque se décline selon les coloris demandés par les clients. Mais, par exemple, pour les agents de la commune de Saint-Hippolyte-du-Fort, récemment équipés, le vert est resté.

« Depuis le Covid, on a connu une accélération de la prise de conscience que lorsqu’on s’approvisionne à distance, s’il y a un défaut de livraison, cela peut créer des problèmes en termes d’EPI. (équipements de protection individuelle), explique Jean-Marie Calame, directeur général de Jalatte à son siège social de Saint-Hippolyte-du-Fort. En tant que directeur d’usine, si je n’ai pas d’EPI au bon moment et au bon endroit, cela présente des risques.

Jean-Marie Calame, Directeur Général de Jallatte • François Desmeures

Preuve que cette réflexion se généralise dans le monde de l’entreprise, « Les grands groupes nous ont demandé : « mais alors, d’où viennent vos produits ? poursuit Jean-Marie Calame. La question est évidemment intéressante : dans le cadre de la RSE (responsabilité sociale des entreprises), « Les entreprises doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ». Et les équipements qu’ils utilisent pèsent tout leur poids dans la réduction souhaitée par les pouvoirs publics.

« Nous avons donc entamé la démarche de mesure de notre empreinte carbone, continues Jean-Marie Calame. Ensuite, nous avons souhaité proposer des produits moins impactants en utilisant des produits recyclés, notamment issus de bouteilles en plastique. Tous les polyesters peuvent être fabriqués à partir de matériaux recyclés. Nous avons trouvé un bon compromis, avec des tiges recyclées.

« Dessus + semelle, on arrive à 65% de la chaussure fabriquée à partir de produits qui ne proviennent pas du pétrole »

Jean-Marie Calame, Directeur Général de Jallatte

« Ensuite, BASF nous a proposé un polyuréthane biosourcé ». Une aubaine pour l’approche des chaussures Jallate, la semelle de ce matériau représentant « le plus grand poids du produit, explains Jean-Marie Calame. Du coup, tige + semelle, on arrive à 65% de la chaussure fabriquée à partir de produits qui ne proviennent pas du pétrole. Et une empreinte carbone de 10 kilos, au lieu de 20 ou 30 auparavant.

François Desmeures

Chaque élément a été recherché et audité par Bureau Veritas, avec un engagement de trois ans à continuer de réduire son impact. “Mais 10 kilos d’empreinte n’étaient toujours pas satisfaisants, poursuit le directeur général de Jallatte. Nous voulions arriver à 0 kg grâce à la compensation. Et même si Jean-Marie Calame est bien conscient des défauts de la compensation carbone, “ces 10 kilos restent une barre difficile à baisser”ne serait-ce qu’à cause des camions diesel nécessaires au transport des matières premières.

« Nous sommes la première usine à fabriquer des chaussures « neutres en carbone »

« Nous avons acheté au WWF des produits carbone vertueux qui répondent aux spécifications des Nations Unies ». Jallatte participe ainsi, indirectement, à la construction et à l’exploitation d’un barrage hydroélectrique au Laos, “qui a remplacé une centrale thermique”. En contribuant à bloquer les émissions de CO2 en Asie, Jallatte « verdit » ainsi ses produits d’origine française et peut « revendiquez zéro CO2 sur nos paires certifiées neutres en carbone ».

Le site industriel et siège de Jallatte, dans le fort de Saint-Hippolyte • François Desmeures

Et le succès ne se fait pas attendre, la commune de Saint-Hippolyte-du-Fort n’étant pas la première cliente. EDF, la SNCF et VÉOLIA sont parmi les premiers convaincus. Les cinq premiers modèles étaient dédiés aux travaux intérieurs, l’usine de Cigaux produit aujourd’hui dix-huit modèles de ces « chaussures vertes », dont certains destinés aux chantiers extérieurs, aux côtés de modèles plus traditionnels.

« Avec ce label et cette certification, nous sommes la première usine à fabriquer des chaussures « neutres en carbone ».states Jean-Marie Calame. Ce qui nous rend fiers, même si le processus a été long et coûteux. La mairie de la Cigaloise a donné l’exemple, Jean-Marie Calame espère désormais que d’autres collectivités locales joueront également le jeu de la proximité et aligneront leurs achats sur leur discours environnemental. Et que la différence minime entre le prix de ces paires et d’autres soit acceptée comme un bénéfice pour l’emploi et l’activité de la région. Après tout, sous l’impulsion du cordonnier Cigaux, les grandes entreprises françaises du BTP ont « haut de gamme ». Si Bouygues ou Eiffage ont été convaincus, les Cévennes Piémont, le Département ou la Région seront sans doute sensibles au produit.


 
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