Tous les observateurs de la guerre en Ukraine en conviendront : le conflit – qui est entré mardi 19 novembre dans son millième jour – a propulsé des drones sur le front. Des millions, plus de deux millions, sillonnent le ciel ukrainien et les territoires russes, jusqu’à plus de mille kilomètres derrière les lignes russes. Le drone est disponible sur tous les terrains : naval, aérien, terrestre (les robots télécommandés ne sont pas en reste).
La guerre en Ukraine a cependant permis à Moscou de déployer plus largement une autre technologie militaire, dans laquelle son industrie, avec celle de la Chine, serait à la pointe : les armes hypersoniques. Les missiles hypersoniques sont maniables sur une bonne partie de leur trajectoire, et ont la capacité de se déplacer et de maintenir des vitesses supérieures à Mach 5, soit cinq fois la vitesse du son (soit environ 6 000 km à l’heure minimale), selon Benjamin Hautecouverture. , chercheur senior à la Fondation pour la Recherche Stratégique, pour TV5 Monde.
Une première dans une zone de conflit
Les premiers rapports faisant état de l’utilisation par la Russie de missiles hypersoniques sur des terrains de conflit datent du 24e jour de son invasion de l’Ukraine. Le ministère de la Défense avait alors fait état de l’envoi de missiles jugés hypersoniques vers la région d’Ivano-Frankivsk, dans l’ouest de l’Ukraine. Leur utilisation en Ukraine constitue une première mondiale pour les armes hypersoniques, selon les experts.
L’arsenal hypersonique de la Russie comprend les missiles KH-47M2 Kinzhal (ou Kinjal) et Avangard, ainsi que le Zircon, détaille Forbes. Le Kinzhal a été déployé à plusieurs reprises contre des cibles en Ukraine. Lancé depuis un avion MiG-31K ou Tu-22M3 à Mach 2,7, le Kinzhal utilise la propulsion par fusée pour atteindre une vitesse maximale de Mach 10. L’autre arme hypersonique russe, l’Avangard, est un véhicule hypersonique planant conçu pour transporter des ogives nucléaires, qui a n’a pas été utilisé de manière opérationnelle.
La puissance et la vitesse des missiles hypersoniques laissent peu de place au doute quant à leur efficacité, du moins sur le papier. Il semble cependant que peu d’unités aient été lancées par Moscou sur les positions ukrainiennes. Selon Forbes, le déploiement a été limité par des problèmes de fabrication. Ainsi, les missiles nécessitent des matériaux et une ingénierie avancés pour pouvoir résister à une chaleur élevée et à une pression intense.
Ses composants électroniques sont avancés et difficiles à assembler. Criblée de sanctions, la Russie n’aurait pas pu en produire à grande échelle, privilégiant les chaînes d’assemblage de drones et le bricolage de ses chars soviétiques dont le stock fond comme neige au soleil.
Des missiles puissants mais vulnérables
En outre, il a été observé en Ukraine que les missiles hypersoniques en cours de construction sont vulnérables aux systèmes de défense aérienne conventionnels. Le 4 mai 2023, un peu plus d’un an après que la Russie aurait lancé le premier missile hypersonique, l’Ukraine affirmait avoir intercepté pour la première fois un Kinzhal à l’aide d’un système de défense aérienne. Patriote américain. Douze jours plus tard, Kyiv rapportait en avoir intercepté six, par les mêmes moyens.
Selon les informations ukrainiennes de The Economist, les missiles Kinzhal abattus en mai 2023 volaient à des vitesses inférieures à celles attendues d’un hypersonique. En outre, un rapport de l’Institut de Kiel en Allemagne indique que le taux d’interception du Patriot contre le Kinzhal est d’environ 25 %.
Peu nombreuses et vulnérables, les armes hypersoniques russes ont donc déçu sur le terrain, et n’ont donc pas apporté les avantages significatifs recherchés par Moscou. Les systèmes vont cependant continuer à progresser en technicité, juge Forbes, stimulés par des techniques de pointe comme l’intelligence artificielle. Et puis, rien ne pourra les empêcher de jouer un rôle essentiel dans les conflits de demain.
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