(Kiev) La Russie a promis mardi une réponse « appropriée » à l’attaque sur son territoire menée par l’Ukraine avec des missiles américains ATACMS, estimant que le conflit entrait dans « une nouvelle phase » et annonçant que les possibilités de recours à l’arme nucléaire étaient ainsi élargi.
Publié à 6h44
Mis à jour à 16h42
Victoria LUKOVENKO
Agence France-Presse
Cette rhétorique sur l’usage de l’arme atomique a été dénoncée par Washington, l’Union européenne et le Royaume-Uni, qui ont fustigé une attitude « irresponsable » de Moscou.
Au 1000e Le jour de l’invasion de l’Ukraine, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a de son côté accusé les Américains d’avoir aidé l’armée ukrainienne dans ces frappes sur la région frontalière russe de Briansk.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a de son côté appelé à « garder la tête froide » face à cette révision de la doctrine nucléaire russe et à « ne pas céder à la peur ».
“Leur doctrine nucléaire révisée et leur rhétorique sur l’usage des armes nucléaires ne sont rien d’autre qu’un chantage”, a déclaré Andriï Sybiga devant une commission du Congrès américain.
Le Pentagone a déclaré qu’il continuait à « surveiller », ajoutant : « rien n’indique que la Russie se prépare à utiliser une arme nucléaire en Ukraine ».
Le président français Emmanuel Macron a dénoncé une posture « d’escalade » de la Russie qu’il a appelé à « raisonner ». “Elle a des responsabilités en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies”, a déclaré Macron aux journalistes après le sommet du G20 à Rio de Janeiro.
Il a également indiqué avoir appelé le président chinois Xi Jinping à « utiliser tout son poids, sa pression, sa capacité de négociation à l’égard du président Poutine pour qu’il arrête les attaques ».
Au millième jour de l’invasion de l’Ukraine, une cinquantaine de pays ont réaffirmé mardi leur soutien à Kiev à l’ONU, exigeant le retrait immédiat des forces russes du territoire ukrainien.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a de son côté accusé les Américains d’avoir aidé l’armée ukrainienne dans ces frappes sur la région frontalière russe de Briansk.
Ils font suite au feu vert donné dimanche par Washington à Kiev pour tirer ces missiles à longue portée sur le sol russe.
En septembre, Vladimir Poutine a averti que si l’Ukraine tirait de tels missiles occidentaux sur le territoire russe, cela signifierait que « les pays de l’OTAN seraient en guerre contre la Russie ».
Le président russe ne s’est pas encore exprimé publiquement sur l’attaque ukrainienne de mardi matin, qui, selon Moscou, visait des installations militaires.
« Escalade »
Selon le récit de l’armée russe, « à 3 h 25, l’ennemi a frappé un site dans la région de Briansk », non loin de la frontière ukrainienne, avec des « missiles tactiques ATACMS ». Cinq projectiles ont été détruits et un autre endommagé par la défense anti-aérienne russe.
Ces tirs ont été confirmés à l’AFP par un responsable ukrainien s’exprimant sous couvert d’anonymat, même si le chef de l’Etat Volodymyr Zelensky s’est limité à dire que son pays possédait ces missiles et qu’il “les utiliserait”.
M. Lavrov a de son côté jugé, en marge du G20 de Rio, que cela envoyait « un signal » que l’Ukraine et l’Occident « veulent l’escalade ». Il s’agit « d’une nouvelle phase dans la guerre occidentale contre la Russie et nous réagirons en conséquence », a-t-il insisté.
Pour lui, ces missiles précis fournis par les Etats-Unis ne peuvent être utilisés par Kiev « sans l’aide d’experts et d’instructeurs américains ».
En réponse, M. Lavrov a invité les Occidentaux à “lire l’intégralité” de la nouvelle doctrine nucléaire russe, officialisée mardi par Vladimir Poutine, qui élargit la possibilité de recourir à l’arme atomique en cas d’attaque “massive”. par un pays non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire. Une référence claire à l’Ukraine et aux États-Unis.
“C’est une nouvelle démonstration de la rhétorique irresponsable dont la Russie fait preuve depuis deux ans”, a réagi auprès de l’AFP un porte-parole de la Maison Blanche à Washington.
Une « rhétorique irresponsable », ont également commenté le Premier ministre britannique Keir Starmer, tout comme le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
Vladimir Poutine a évoqué à plusieurs reprises le spectre du recours à l’arme nucléaire depuis le début de l’offensive en février 2022 contre l’Ukraine.
« Jamais » soumis
L’Ukraine réclame depuis des mois de pouvoir frapper des cibles militaires en profondeur en Russie pour perturber la logistique de son armée, désormais soutenue par des milliers de soldats nord-coréens, selon Kiev et les Occidentaux.
Face au Parlement ukrainien, Volodymyr Zelensky a estimé que l’issue interviendrait en 2025. « Cette étape déterminera qui gagnera », a-t-il noté, convaincu que « l’Ukraine peut vaincre la Russie », même si « c’est très difficile ».
Mais M. Zelensky a reconnu, pour la première fois, que l’Ukraine devra peut-être attendre après Poutine pour « rétablir » son intégrité territoriale, les forces russes occupant près de 20 % de sa superficie.
C’est la première fois qu’il admet que son pays devra « peut-être » accepter, pour un temps, la perte de zones occupées par la Russie.
Auparavant, la diplomatie ukrainienne avait juré que l’Ukraine ne se soumettrait « jamais » à Moscou, tandis que le Kremlin se disait sûr, comme à son habitude, de la victoire.
Sur le terrain, les troupes russes avancent sur plusieurs secteurs du front, notamment près de Kourakhové (Est), où elles ont revendiqué mardi la conquête d’un nouveau village.
Sur le plan diplomatique, le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche fait craindre à l’Ukraine qu’il n’oblige Kiev à des concessions.
Dans ce contexte, la Pologne et d’autres Etats européens se sont affirmés « prêts à accepter le fardeau du soutien militaire et financier » à Kiev, a déclaré le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski, à l’issue d’une rencontre à Varsovie avec plusieurs de ses homologues européens.
Il leur faudra cependant trouver un terrain d’entente durable, alors que le chancelier allemand Olaf Scholz a été critiqué pour avoir eu il y a quelques jours une conversation téléphonique avec Vladimir Poutine pour la première fois depuis deux ans.
Related News :