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Viktoriya, réfugiée en depuis près de 1 000 jours, “entend construire (son) avenir ici”

Il ne reviendra probablement jamais en Ukraine et s’intègre tant bien que mal en pour reconstruire sa vie. Viktoriya se trouvait à Kharkiv, à l’est, lorsque les chars russes sont entrés dans son pays il y a mille jours, justifiant cette agression comme une « dénazification » du régime de Kiev.

Depuis, cette femme de 39 ans s’est installée à Hyères, dans le Var, où elle a trouvé du travail, des amis et est en couple. “Maintenant, j’ai envie de rester en France car cette guerre va durer longtemps, sans compter le temps qu’il faudra pour reconstruire le pays”, confie-t-il. 20 minutes. Elle repense à ces presque trois années qui ont changé sa vie.

Un voyage long et dangereux pour quitter l’Ukraine

Après des semaines d’escalade des tensions et de renforcement des troupes russes à la frontière ukrainienne, des explosions ont été signalées le 24 février 2022 à Kiev, Kharkiv, Odessa et Marioupol. Vladimir Poutine vient de lancer ce qu’il considère toujours comme une opération militaire éclair. La vie de Viktoriya, comme celle de nombreux autres Ukrainiens, devient impensable. Au bout de deux semaines, alors que sa ville était bombardée quotidiennement, il a décidé d’imiter ses quelque 4,4 millions de compatriotes déplacés, selon les Nations Unies, et de partir vers des régions plus sûres. La vie à Kharkiv est devenue insupportable. « Nous nous sommes cachés dans des abris anti-aériens installés dans les sous-sols des immeubles à plusieurs étages et dans les métros », se souvient-il.

Il ne reste plus qu’à fuir l’Ukraine, loin des bombes. Le trajet est “très long et dangereux, tout le monde voulait sortir, tout le monde était paniqué”, souligne-t-il. Viktoriya est alors accompagnée d’une amie et de ses deux filles. Tous les quatre se dirigent vers la ville occidentale de Kamenets-Podolski.

Après avoir approché la frontière avec la Roumanie, ce vendeur professionnel peut encore rentrer rapidement chez lui. Mais voyant que « la situation ne fait qu’empirer », les deux amis décident de partir définitivement. « Nous avons traversé à pied la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie, puis avons voyagé en bus et en train jusqu’en Espagne, pendant près de trois jours », raconte-t-il. A ce moment, les deux femmes espèrent encore un court conflit et un retour imminent. Mais face à l’évidence, ils doivent trouver une solution plus durable qu’en Espagne, où ils sont accueillis par des amis.

En France on repart de zéro

Les connaissances sont déjà en France et les invitent à traverser les Pyrénées pour rejoindre Toulon. C’est ainsi qu’en mars 2022, Viktoriya foule pour la première fois le sol français. Il ne connaît ni la langue ni la culture. « Quand nous sommes arrivés à Toulon, nous avons contacté une organisation sociale qui venait en aide aux Ukrainiens. Ils nous ont donné des informations complètes sur ce que nous devions faire et comment remplir les formalités administratives. La préfecture nous a accordé un titre de séjour», se souvient-il. Un titre qui devra être renouvelé tous les six mois.

La barrière de la langue l’empêche de postuler à des emplois impliquant un contact avec un client. Ainsi, pendant des mois, en parallèle des cours de français dispensés par France Travail, Viktoriya a réussi à survivre grâce à des emplois à temps partiel “dans le secteur agricole, vendant du raisin”.

Ses progrès en français lui permettent enfin de rêver un peu plus grand et Viktoriya commence à s’intéresser à son secteur : vente de sanitaires, de meubles, de carrelage et de luminaires. Bingo. Une entreprise de Hyères l’avait initialement embauché en CDD de six mois, aujourd’hui transformé en CDI.

« Je travaille comme vendeuse depuis un an et demi, je suis très heureuse et très reconnaissante qu’ils m’aient donné cette opportunité. Ils ont cru en moi, même si je ne parle pas très bien français.” »

Son « cœur est en Ukraine », son « avenir en France »

Viktoriya a également réussi à s’entourer d’amis, ukrainiens et français. Même s’il est “difficile de recommencer sa vie à 37 ans dans un autre pays, avec une autre langue et avec des gens avec une mentalité différente”, le trentenaire se sent “bien intégré” et “entend s’y construire”. [sa] vie “. Il reste un souci constant pour son pays, son peuple. Dans son entourage ukrainien, le thème de la guerre rythme de nombreuses conversations. Chaque jour, consultez les dernières informations sur le conflit. Viktoriya est particulièrement inquiète pour sa mère, qui vit toujours dans le Donbass. Une région sous occupation russe, où les combats sont devenus plus rares mais dont il est quasiment impossible de sortir. « J’aimerais vraiment qu’elle puisse venir ici en France mais c’est très difficile en ce moment », note-t-il, espérant la revoir bientôt.

Notre dossier sur la guerre en Ukraine

Des retrouvailles qui selon elle ne peuvent avoir lieu qu’en dehors des frontières ukrainiennes, car Viktoriya est convaincue “que la guerre va durer longtemps”. “Mon cœur sera toujours avec l’Ukraine, mais je veux avant tout rester en sécurité et je veux construire mon avenir ici.”

 
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