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Lisier, pneus, foin pourri, la Coordination rurale attaque les bâtiments de l’État

« Nous allons devoir nous battre pour survivre. Aujourd’hui, nous devons nous faire entendre. » Après la mobilisation du monde agricole, lundi 18 novembre en Dordogne, à l’appel conjoint de la Fédération départementale des syndicats agricoles (FDSEA) et des Jeunes agriculteurs (JA), c’était au tour de la Coordination rurale d’être dans la rue. ce mardi 19 novembre. Une cinquantaine de tracteurs étaient garés le long des allées de Tourny, devant la préfecture de Périgueux.


Les ruelles de Tourny étaient bloquées.

Stéphane Klein / SO

Une délégation reçue par le préfet

Comme la veille, des Périgourdins sont venus apporter leur soutien. « Quand on voit des gens qui travaillent et qui n’arrivent pas à se payer, ça fait mal. » Des non-Périgourdins étaient également présents : « Je suis Bourguignon, je connais le monde agricole. Je ne suis ici que quelques jours, mais c’est important d’être ici aujourd’hui », a déclaré Brice.

Les agriculteurs ont souligné leur grande détresse. « Certains ont honte de sortir. Ceux que l’on voit sur les mobilisations ne sont pas forcément ceux qui sont le plus à genoux », déplore Pierre Grégoire, céréalier depuis 2008 en Dordogne et l’un des vice-présidents de la coordination rurale du département. « Même mon père n’avait pas vu ça depuis quarante ans », poursuit un autre agriculteur.


Rémi Dumaure, président de CR 24, s’est longuement entretenu avec les agriculteurs pour leur indiquer la marche à suivre.

Stéphane Klein / SO

Une délégation de la CR a rencontré le préfet, Jean-Sébastien Lamontagne, à 11 h 30. Après deux heures de discussions, les représentants syndicaux se sont adressés aux agriculteurs. « Ils essaient, mais c’est un ‘essayons’ qui prendra beaucoup de temps. Je ne peux pas vous dire que demain, nous serons sauvés», explique Rémi Dumaure, le président du CR Périgord. Une annonce qui n’est pas du goût des manifestants : « Dans un an ou deux, nous serons tous morts. »

« Certains ont honte de sortir. Ceux qu’on voit sur les mobilisations ne sont pas forcément ceux qui sont le plus à genoux”

De son côté, la préfecture rappelle dans un communiqué les aides apportées aux agriculteurs périgourdins : 53,5 millions d’euros d’avance de la PAC 2024 (1) versés à « plus de 4 000 agriculteurs » dès le 18 novembre. Et les versements se poursuivront jusqu’au printemps 2025. Par ailleurs, le remboursement partiel des taxes sur le gazole agricole non routier (GNR) « a permis à 2 000 exploitations périgourdines de bénéficier de remboursements et d’avances à hauteur de 4,1 millions d’euros. On parle également de mesures d’aides temporaires déployées en 2024, afin de soutenir les exploitations agricoles confrontées aux aléas climatiques et économiques, pour un montant de “plus de 20 millions d’euros”.

« Si on bloque Brive, à Paris ils vont vite tirer la langue »

Dans l’après-midi, les agriculteurs sont devenus actifs, ciblant d’abord la préfecture. Les tracteurs se relayaient pour déverser des pneus et des déchets agricoles et ériger un mur de bottes de foin pourries. C’est ensuite la Direction territoriale départementale (DDT) qui a eu droit à un épandage de lisier en fin d’après-midi.

Mercredi 20 novembre, rien n’est prévu pour l’instant en Dordogne, mais des convois de tracteurs et d’agriculteurs devraient se diriger vers Brive (Corrèze), dans le but de bloquer le fret alimentaire. « Si on bloque Brive, à Paris ils vont vite tirer la langue », assure Rémi Dumaure. La durée de leur présence sur place est indéterminée.

(1) Politique agricole commune.

 
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