L’enquête publique du coroner sur la mort d’Abdirahman Abdi a débuté lundi. Après un rappel des faits et des objectifs du processus, le premier témoin a pris la parole lors de cette audience entièrement virtuelle.
Le Dr. David Édenqui préside l’enquête, a réitéré que l’objectif n’est pas de trouver un coupable, mais plutôt de permettre à un jury de cinq personnes de formuler des recommandations pour éviter qu’un tel événement ne se reproduise à nouveau.
Abdirahman Abdi, un Canadien de 38 ans d’origine somalienne, est décédé le 25 juillet 2016, au lendemain d’une arrestation brutale.
Les jurés devront également déterminer si son décès est dû à des causes naturelles, à un accident, un homicide, un suicide ou si la cause est indéterminée.
L’enquête portera également sur un plus large éventail de questions soulevées au cours du procès, notamment sur la façon dont M. Abdi a été traité par la police. Il discutera également du recours à la force policière, de la compétence interculturelle et du racisme contre les Noirs.
Le mouvement « Black Lives Matter » s’est rendu à Ottawa suite au décès d’Abdirahman Abdi. (Photo d’archives)
Photo : La Presse Canadienne / FRED CHARTRAND
Que s’est-il passé le 24 juillet 2016 ?
Avant d’entendre les premiers témoins, l’avocat de la famille de la victime, Laurent Greenspon» a lu une déclaration au nom des proches d’Abdirahman Abdi, le quatrième enfant de sept enfants. La famille a fui son pays d’origine, la Somalie, pour trouver refuge au Kenya avant d’arriver au Canada en 2009.
Décrit par ses proches comme un homme heureux, Abdirahman Abdi s’est marié en Éthiopie en 2015.
À son retour, il est devenu silencieux, solitaire et a développé des problèmes de santé mentale. […] Il a été soigné à l’hôpital et dans un centre de santé mentale. On lui a prescrit des médicaments, mais il ne les a pas pris tout le temps.
lit l’avocat.
La famille est toujours présente dans la vie de l’enfant Abdirahman Abdi, une fille née sept mois après sa mort.
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Avocat bien connu à Ottawa, Lawrence Greenspon représente la famille d’Abdirahman Abdi. (Photo d’archives)
Photo : La Presse Canadienne / Sean Kilpatrick
Ensuite, les deux avocats de l’enquête, Maria Stevens et Alessandra Hollandsa contextualisé la journée du 24 juillet 2016, en écoutant les appels de citoyens au 911 où ils dénonçaient le comportement erratique de M. Abdi, qui aurait touché quelques femmes.
Darren Courtney a été le premier témoin appelé à la barre lundi. Il s’agit d’un psychiatre de Toronto qui était en visite à Ottawa pour voir sa sœur. Il a déclaré avoir échangé quelques mots avec la victime quelques instants avant que la police ne tente de l’arrêter.
Le psychiatre est resté calme, dans le but de gagner du temps avant l’arrivée de la police, ce qu’il a jugé nécessaire compte tenu de l’instabilité de l’homme, a-t-il déclaré.
Au départ, il avait accepté de mettre une de ses mains derrière son dos. Si je me souviens bien, il a décidé de s’enfuir lorsqu’il a vu le policier lui retirer les menottes. Il a commencé à courir. Le policier lui a donné un coup de pied derrière le genou. [M. Abdi] est tombé, s’est relevé pour s’enfuir à nouveau
dit le Dr. Courtneyqui n’a pas vu la conclusion du procès.
Une vingtaine de témoins attendus
En tout, 25 témoins comparaîtront lors de cette enquête menée par le Dr Louise McNaughton-Filion. Parmi eux, il y aura des intervenants, des experts ainsi que les deux policiers qui ont pourchassé M. Abdi, à savoir David Weir et Daniel Montsion.
Ce dernier l’a frappé à plusieurs reprises avec des gants renforcés aux jointures. Accusé d’homicide involontaire, de voies de fait graves et d’agression armée, M. Montsion a été déclaré non coupable en 2020 à l’issue d’un procès très médiatisé.
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Daniel Montsion a fait face à trois accusations à la suite d’une intervention musclée le 24 juillet 2016. (Photo d’archive)
Photo : Radio-Canada / Robyn Miller
Le témoignage de Daniel Montsion à l’enquête du coroner est très attendu étant donné que la défense avait choisi de ne pas le faire témoigner lors de son procès.
Le juge Robert Kelly avait alors déclaré que la Couronne n’avait pas réussi à prouver hors de tout doute raisonnable que les actes du policier avaient causé la mort d’Abdirahman Abdi. Ce dernier a subi un arrêt cardiaque avant de perdre ses signes vitaux. Il est décédé le lendemain.
L’enquête publique, qui devrait durer 21 jours, se poursuivra mardi avec le témoignage de Matthieu Rousselleun autre citoyen qui a interagi avec M. Abdi dans la matinée du 24 juillet 2016.
Lorsqu’une personne décède des suites d’une blessure subie sous la garde d’un policier, une enquête du coroner est obligatoire. Dans le cas de M. Abdi, cela a pris huit ans puisque le coroner ne peut le déclencher que lorsque toutes les autres enquêtes et poursuites ont été menées et que les délais d’appel ont expiré.
Chaque témoin devra répondre aux questions d’un total de 11 groupes participant à l’enquête. Il s’agit de la famille de la victime, du Service de police d’Ottawa, de l’avocat des deux policiers, d’un représentant de Comité de défense de l’action noire ainsi que des défenseurs des personnes souffrant de troubles de santé mentale.
Avec les informations de Mario De Ciccio
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