(Odessa) Le Kremlin a mis en garde lundi contre une nouvelle escalade et promis une réponse “appropriée” en cas de lancements de missiles à longue portée contre la Russie, après le feu vert donné à l’Ukraine par les Etats-Unis, alors qu’une nouvelle frappe russe laissait à désirer. au moins 10 morts et des dizaines de blessés à Odessa.
Publié à 6h24
Mis à jour à 19h54
Alexandre Gimanov
Agence France-Presse
Réclamée par Kiev depuis des mois, la décision de Joe Biden sur les missiles a été confirmée dimanche à l’AFP par un responsable américain, quelques semaines seulement avant l’entrée en fonction de Donald Trump, jugé moins enclin à aider Kiev.
«L’utilisation par Kiev de missiles à longue portée pour attaquer notre territoire impliquerait la participation directe des États-Unis et de leurs satellites. […]ainsi qu’un changement radical dans l’essence même et la nature du conflit », a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. “La réponse de la Russie dans un tel cas sera appropriée et se fera sentir.”
Depuis Rio de Janeiro, où il participe au G20, Joe Biden a appelé tous les dirigeants des économies les plus développées à « soutenir fermement la souveraineté » de l’Ukraine, sans toutefois évoquer les missiles à longue portée.
Dans leur déclaration commune, les pays du G20 – dont la Russie – se sont contentés de se dire favorables à « toute initiative constructive » visant une « paix juste et durable », sans condamner l’invasion.
Ce document « aurait gagné à être plus explicite », a regretté le président français Emmanuel Macron, jugeant la décision américaine d’autoriser des frappes profondes « tout à fait bonne ».
« La seule puissance qui intensifie ce conflit aujourd’hui est la Russie, en engageant à ses côtés la Corée du Nord, qui est, comme nous le savons, une puissance très agressive. […]. C’est donc bien une rupture dans cette guerre qui a conduit à ce choix des Américains », a-t-il insisté.
« Trop tard »
Avant une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU à New York, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga a estimé pour sa part que le feu vert américain « pourrait changer la donne ». Plus l’Ukraine pourra frapper loin, plus la guerre sera courte.»
«Cette décision était nécessaire il y a un an», a toutefois regretté un haut responsable de la présidence ukrainienne, sous couvert d’anonymat.
Selon les médias, le feu vert américain pourrait également se limiter à des frappes contre la région russe de Koursk partiellement contrôlée par l’armée ukrainienne et où seraient déployées les troupes nord-coréennes.
Sur le champ de bataille de l’Est de l’Ukraine, les soldats ukrainiens, contraints de céder du terrain presque chaque jour, sont dubitatifs.
L’annonce américaine “arrive probablement trop tard”, a déclaré à l’AFP l’un d’entre eux, en poste dans la zone de Pokrovsk, noeud logistique dont les Russes se rapprochent de jour en jour.
Moscou a par ailleurs revendiqué lundi la conquête d’un nouveau village, celui de Novooleksiïvka, situé à environ 15 kilomètres au sud de cette ville.
Pour la première fois depuis plusieurs semaines, la présidence a annoncé lundi un déplacement de Volodymyr Zelensky sur le front, le plus proche des combats, à Pokrovsk, puis à Koupiansk, autre point chaud dans lequel les Russes ont brièvement pénétré la semaine dernière.
“L’horreur”
La pérennité du soutien américain a été remise en question par l’élection de Donald Trump, dont les déclarations lors de la campagne présidentielle ont fait craindre à Kiev et à ses partisans qu’il cherche à amener l’Ukraine à faire des concessions inacceptables pour elle.
Le président russe Vladimir Poutine, dont les troupes avancent, a prévenu que toute discussion sur une cessation des hostilités ne pouvait s’appuyer que sur de « nouvelles réalités territoriales ».
Ces dernières semaines, la Russie a commencé à intensifier ses frappes meurtrières contre les zones civiles de son voisin, une tactique considérée par beaucoup en Ukraine comme une tentative de briser le moral en vue d’éventuelles négociations.
Une attaque de missile russe en plein jour lundi a fait au moins 10 morts et 47 blessés à Odessa, ville portuaire de la mer Noire, selon les autorités.
Selon l’armée de l’air ukrainienne, il s’agissait de fragments d’un projectile russe abattu sur une zone résidentielle.
“J’ai vu l’horreur”, raconte à l’AFP Andriï, originaire de Kherson, dans le sud, où il a vécu “sous occupation russe” “pendant six mois”, en 2022. Libérée la même année, Kherson est bombardée quotidiennement par l’armée russe.
Dans l’est, trois personnes ont été tuées dans des frappes russes, ont indiqué les autorités régionales, deux à Kostiantynivka (et deux blessées), ainsi qu’une troisième à Siversk.
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