Le Kremlin a mis en garde lundi contre une nouvelle escalade et promis une réponse “appropriée” en cas d’attaques de missiles à longue portée contre la Russie, après le feu vert donné à Kiev par les Etats-Unis, alors qu’une nouvelle frappe des forces russes a laissé au moins dix morts et des dizaines de blessés à Odessa.
«L’utilisation par Kiev de missiles à longue portée pour attaquer notre territoire impliquerait la participation directe des États-Unis et de leurs satellites. […]ainsi qu’un changement radical dans l’essence même et la nature du conflit », a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. “La réponse de la Russie dans un tel cas sera appropriée et se fera sentir.”
Avant une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU à New York, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, a de son côté estimé que « cela pourrait changer la donne. Plus l’Ukraine peut frapper loin, plus la guerre est courte […] Cela pourrait avoir un impact très positif sur le champ de bataille. »
Pendant ce temps, le président Volodymyr Zelensky a effectué lundi une tournée sur le front de l’Est, visitant d’abord ses troupes à Pokrovsk, actuellement la principale cible des attaques russes dans le Donbass.
Il s’est ensuite rendu dans un autre point chaud, Koupiansk, ville que les Russes avaient occupée en 2022 et dans laquelle ils sont brièvement entrés la semaine dernière.
Réclamée par Kiev depuis des mois, la décision de Joe Biden sur les missiles a été confirmée dimanche à l’AFP par un responsable américain, quelques semaines seulement avant l’entrée en fonction de Donald Trump, jugé moins enclin à aider Kiev.
Depuis Rio de Janeiro, où il participe au G20, Joe Biden a appelé tous les dirigeants des économies les plus développées à « soutenir fermement la souveraineté » de l’Ukraine, sans toutefois évoquer les missiles à longue portée.
« Trop tard »
Un haut responsable présidentiel ukrainien, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a confirmé à l’AFP que les Américains n’avaient donné à Kiev leur accord sur ces missiles qu’après que la Russie ait reçu le renfort. des milliers de soldats nord-coréens.
“Cette décision était nécessaire il y a un an”, a-t-il déploré.
Selon les médias, le feu vert américain pourrait également se limiter à des frappes contre la région russe de Koursk partiellement contrôlée par l’armée ukrainienne et où seraient déployées les troupes nord-coréennes.
Sur le champ de bataille de l’est de l’Ukraine, les soldats ukrainiens, contraints de céder du terrain presque chaque jour, étaient dubitatifs.
L’annonce américaine “arrive probablement trop tard”, a déclaré à l’AFP l’un d’entre eux, en poste dans la zone de Pokrovsk, noeud logistique dont les Russes se rapprochent de jour en jour.
Moscou a par ailleurs revendiqué lundi la conquête d’un nouveau village, celui de Novooleksiïvka, situé à environ 15 kilomètres au sud de cette ville.
Pour la première fois depuis plusieurs semaines, la présidence a annoncé lundi le déplacement de Volodymyr Zelensky vers le front, le plus proche des combats, à Pokrovsk, puis à Koupiansk, plus au nord.
“L’horreur”
La pérennité du soutien américain a été remise en question par l’élection de Donald Trump, dont les déclarations lors de la campagne présidentielle ont fait craindre à Kiev et à ses partisans qu’il cherche à amener l’Ukraine à faire des concessions inacceptables pour elle.
Le président russe Vladimir Poutine, dont les troupes avancent, a prévenu que toute discussion sur une cessation des hostilités ne pouvait s’appuyer que sur de « nouvelles réalités territoriales ».
Ces dernières semaines, la Russie a commencé à intensifier ses frappes meurtrières contre les zones civiles de son voisin, une tactique considérée par beaucoup en Ukraine comme une tentative de briser le moral en vue d’éventuelles négociations.
Une attaque de missile russe en plein jour lundi a fait au moins dix morts et 47 blessés à Odessa, ville portuaire de la mer Noire, selon les autorités.
Sept policiers, un soignant et deux habitants de la ville figuraient parmi les personnes tuées, a indiqué le gouverneur régional.
Selon l’armée de l’air ukrainienne, il s’agissait de fragments d’un projectile russe abattu sur une zone résidentielle.
“J’ai vu l’horreur”, raconte à l’AFP Andriï, originaire de Kherson, dans le sud, où il a vécu “sous occupation russe” “pendant six mois”, en 2022. Libérée la même année, Kherson est bombardée quotidiennement par l’armée russe.
Andriï a déménagé à Odessa pour être « tranquille » : « Mais comme le montre la situation de ces dernières semaines, c’est la même chose qu’à Kherson. Des gens meurent chaque jour… »
Dans l’est, trois personnes ont été tuées dans des frappes russes, ont indiqué les autorités régionales, deux à Kostiantynivka (et deux blessées), ainsi qu’une troisième à Siversk.
Par ailleurs, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé lundi avoir découvert du gaz lacrymogène anti-émeute CS dans des échantillons d’une grenade et de la terre fournis par l’Ukraine, ce qui contrevient à sa convention sur les armes chimiques. utilisation d’armes chimiques.
L’Ukraine a subi une nouvelle attaque russe massive contre ses installations énergétiques le week-end dernier, la forçant à annoncer des réductions massives de l’approvisionnement en électricité, une première depuis des mois.
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