Les médias parodiques L’oignon a annoncé jeudi 14 novembre le rachat du site complotiste Guerres d’informationsfondée par Alex Jones, figure emblématique de l’extrême droite américaine. Ce rachat marque une nouvelle étape dans la lutte contre la désinformation. “ Aucun prix ne serait trop élevé pour une telle corne d’abondance d’actifs et d’esprits malléables. », s’est réjoui Bryce Tetraeder, PDG de Global Tetrahedron, société mère de L’oignon sans dévoiler le montant de l’opération.
Cette vente est avant tout une revanche pour les familles des victimes de la fusillade de Sandy Hook. En 2012, cette attaque dans une école primaire avait causé la mort de 26 personnes, dont 20 enfants. Alex Jones a ensuite affirmé que l’attaque était une tentative mise en scène pour interdire les armes. Ces accusations ont provoqué un déferlement de haine contre les proches des victimes. Après plusieurs années de procès, la justice américaine l’a condamné à verser près de 1,5 milliard de dollars d’indemnisation aux familles, l’obligeant à vendre son site.
« Nos clients savaient qu’une vraie victoire signifiait la fin deGuerres d’informations et la fin de la capacité de Jones à répandre des mensonges, de la douleur et de la peur à grande échelle. », a déclaré Christopher Mattei, avocat des familles, sur X. L’ancienne plateforme complotiste va désormais être reconvertie en site « parodie et se moquera de personnalités étranges d’Internet, comme Alex Jones », a précisé le média.
Critiquer les médias traditionnels
Lorsqu’il a été créé en 1988 par ses fondateurs Tim Keck et Christopher Johnson sous un format papier, L’oignon était particulièrement populaire parmi les universités. Ses satires sur des thèmes comme la guerre en Irak, les lois sur les armes à feu et les élections américaines ont rapidement trouvé un écho auprès des jeunes lecteurs.
Rapidement, son succès influence une génération de médias humoristiques et satiriques, comme Le spectacle quotidien ou Trou de clic. Il traverse même l’Atlantique pour arriver en France, où il inspire la création d’autres médias : Le graphique.
Depuis le lancement de son site en 1996, la satire est utilisée pour aiguiser l’esprit critique de ses lecteurs et lutter contre les théories du complot. Chaque mois, le site attire près de 7,5 millions de visiteurs. L’oignon couvre des événements réels et fictifs, pastichant le ton et les formats des médias traditionnels. Le but : critiquer l’actualité, les partis pris et les tendances sensationnalistes des médias traditionnels sur Internet.
Piéger une dictature
Les gros titres sont provocateurs, la rédaction journalistique et les informations complètement fausses. Ainsi, selon le site, la France a remporté la dernière Coupe du monde et la popularité du président Emmanuel Macron n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui. Pourtant, sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes tombent dans le piège.
Dans l’une de ses publications sur Facebook intitulée « Trump s’impatiente alors qu’Elon Musk lui donne sa 10e recommandation de jeu vidéo », L’oignon tourne en dérision la relation entre les deux milliardaires. Dans les commentaires, certains s’indignent : « Ne devraient-ils pas se concentrer sur l’avenir du pays ? », avant que d’autres utilisateurs ne corrigent : « C’est une parodie. » C’est en trompant gentiment ses lecteurs que le site les invite à remettre en question les informations qu’ils consomment.
Ils ne sont pas les seuls à avoir été piégés. Leur tromperie la plus mémorable a eu lieu en 2012. Le média parodique a élu le président nord-coréen Kim Jong-un comme « l’homme le plus sexy de la planète « . La plaisanterie avait échappé à l’organe officiel du Parti communiste chinois, Quotidien du Peuple en lignequi avait repris l’article au pied de la lettre. Ils ont même publié un diaporama d’une cinquantaine de photos du dictateur avant de supprimer leur post.
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