Mercredi 13 novembre, le centre de Gouarec a été bouclé par d’importants effectifs de gendarmerie pour interpeller deux suspects dans le meurtre d’un septuagénaire, le tout sur fond de trafic de drogue.
C’est sans doute un coup de folie qui a poussé Alvin S., 30 ans, à tuer Antoine Garnier, presque 70 ans et retraité de la marine marchande à Gouarec. Mais pas seulement, puisque ce cas illustre le développement d’une consommation de drogues dures en milieu rural, qui prospère grâce à la fermeture des lieux de sociabilité et à la disparition des structures sociales locales.
Ce 13 novembre, la gendarmerie a donc mené une opération qui a paralysé la commune de Gouarec en centre Bretagne, avec notamment l’intervention du GIGN pour interpeller deux individus, Alvin S. et un apiculteur local, tous deux impliqués dans le trafic. de stupéfiants dans le secteur, principalement de la cocaïne. Lourdement armés, les gendarmes ont impressionné les habitants.
“Deux semaines qu’Antoine n’a pas eu de coquards”
Un voisin d’Antoine témoigne : « Cela faisait deux semaines que nous voyions Antoine avec des bleus et des bleus. Il n’osait même plus venir commander une pizza. Visiblement, pour la première fois, il n’avait pas pu payer son loyer. On voyait qu’il avait un peu augmenté sa consommation de coca… On lui avait diagnostiqué un cancer, ce qui explique peut-être sa fuite en avant. »
Pour se procurer de la cocaïne, Antoine s’approvisionnait auprès d’Alvin avec qui il entretenait des relations quasi filiales. Une autre personne du quartier a déclaré : « Nous avons appris qu’Alvin avait déjà un casier assez long et qu’il avait commis des actes barbares. Je ne sais pas si c’est vrai. On disait qu’il avait coupé les doigts d’un gars pour le torturer… »
“On ne savait pas qu’un psychopathe vivait là”
En effet, Alvin S., originaire de Saint-Brieuc, compte 24 condamnations depuis 2011, dont plusieurs pour violences. Il était également sous bracelet anti-rapprochement depuis 2022. Alvin a également expliqué s’être installé dans la région parce qu’il y avait des liens familiaux, mais aussi parce que les services de l’État l’auraient incité à s’installer à la campagne. … Un voisin constate : « Entre les marques de coups et les loyers impayés, on aurait pu se parler et mieux protéger Antoine, mais c’est arrivé très vite et on ne savait pas qu’un psychopathe vivait là… »
La relation toxique entre Alvin et Antoine semble en tout cas avoir tragiquement dégénéré. Un voisin assure que « nous avons entendu des cris dans l’immeuble ». L’autopsie a révélé « plusieurs fractures et blessures au visage et au thorax ainsi que des blessures aux membres supérieurs, notamment aux mains, provoquées par un objet pointu ». Était-ce une querelle à propos des dettes liées à la drogue ? L’enquête devrait permettre d’y voir plus clair.
Le corps d’Antoine Garnier aurait ensuite été transféré au minigolf de la commune. Il y est resté plusieurs heures. Dénoncé par l’apiculteur-négociant, Alvin S. est aujourd’hui incarcéré et mis en examen pour meurtre.
L’apiculteur-négociant qui aurait dénoncé Alvin S a également été incarcéré. A son domicile, les gendarmes ont découvert près de 24 kg de cannabis, 137 grammes de cocaïne et 13 comprimés d’ecstasy. En comparution rapide, il a été condamné à 18 mois de prison.
Un trafic en croissance
L’un des voisins témoigne : « J’ai demandé à Alvin si ses clients venaient de loin. Il a répondu : « Non, ce sont plutôt les locaux qui consomment de la cocaïne. Ils vivent dans des pavillons, ne sortent pas de chez eux… »
Ce sordide meurtre de Gouarec illustre donc une évolution rapide des problématiques sanitaires en centre Bretagne, ainsi que des politiques sécuritaires. « Aujourd’hui, confie un policier qui souhaite garder l’anonymat, les drogues « dures » touchent tous les horizons et toutes les tranches d’âge. Nous ne sommes plus dans la catégorie des gens qui cultivent un peu de cannabis ou qui fument un joint tous les jours. La cocaïne est très bon marché et accessible, sans compter les drogues synthétiques. Nous avons un trafic qui va devenir problématique, avec, peut-être, des phénomènes de corruption parmi les élus et les fonctionnaires que nous n’avions jamais connus auparavant. »
A Gouarec, c’est toujours un choc. « Antoine, même s’il déconnait ces derniers temps, c’était vraiment un type bien. Il ne méritait pas ça», résume un voisin.
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