Il est l’un des plus grands musiciens, compositeurs, pianistes et bien plus encore de jazz français : une légende vivante de la Musique. Il a joué avec Sidney Bechet, Oscar Peterson, Django Reinhardt, Stan Getz, Stéphane Grappelli, Lee Konitz et bien d’autres encore ! A l’occasion de la parution de son autobiographie “Mon siècle de jazz” chez Frémeaux & Associés, ce matin nous sommes chez Martial Solal.
Ce micro que nous lui proposons est bien connu de celui qui a créé, au début des années 1990 et sous la houlette de Claude Samuel, une émission hebdomadaire sur les ondes de France Musique, accueillant une centaine de pianistes issus d’une nouvelle génération de musiciens. , dont beaucoup ont revendiqué l’inspiration que Martial Solal représentait pour eux. Un album est né de cette aventure radiophonique, Martial Solal improvvisa per France Musiqueen 1994, réunissant certaines de ses improvisations lors de ces émissions. “Ça a duré quatre ans, tous les dimanchesexplique. J’ai fait l’éloge de tous mes pianistes, bons ou mauvais. Il m’a beaucoup appris. On apprend beaucoup en écoutant les autres. J’ai aussi appris à parler au micro, à me présenter en public, ce qui n’était pas mon truc. J’étais très timide dans mes premières années» avoue le pianiste. Il m’a fallu beaucoup d’échecs pour me sentir à l’aise. Au final, je me suis retrouvé très à l’aise. Pour mon dernier concert, apparemment, je me suis même amusé.
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L’autobiographie de Martial Solal se présente comme un voyage à travers ses souvenirs, précis et vifs, au cœur d’une vie musicale hors du commun. « Chaque soir, il dit, ma femme se couche à 23h et je me couche à 1h du matin. Pendant ces deux heures je pense à tout, je le dis sur mon portable, ça m’occupe et me fait découvrir 1000 choses que je n’ai pas écrites dans le livre. J’aurais pu écrire 500 pages, j’en ai écrit 150.”
Le musicien ouvre son texte avec sa ville natale, Alger, où il est né le 23 août 1927. Il y vit dans l’appartement familial, face à la mer, et y rencontre le jazz grâce à Radio Alger. Il se souvient particulièrement d’une de ses premières découvertes, l’orchestre de Glenn Miller, “définitivement moderne pour l’époque”il en a besoin. « Il a réussi à donner un son différent à sa section de saxophonescontinue Martial Solal, mettre une clarinette comme première voix. Un son mielleux, plus aigu que les saxophones habituels, et ça m’a beaucoup plu. J’ai noté tous ses thèmes et je les connais toujours par cœur. De toute façon, ils sont dans ma tête, pas entre mes doigts. » Puis c’est à l’âge de 22 ans qu’il s’installe à Paris. Il ne connaît personne, mais néanmoins il jouera très prochainement dans les plus grands clubs de la capitale. Le Club Saint-Germain en fait partie, deux ans seulement après son arrivée, où il se produit notamment avec Django Reinhardt. « Je devais avant tout gagner ma vie, il explique, donc j’ai dû jouer. J’étais en compétition avec tous les autres pianistes, donc j’essayais de progresser. J’avais une certaine confiance en moi, peut-être une insouciance, mais j’ai continué sans trop me soucier de l’avenir immédiat. Tout s’est bien passé, j’ai eu une chance incroyable. J’ai presque honte d’avoir eu autant d’opportunités qui m’ont mené au sommet. »
Des clubs de jazz à la composition
Parmi ces “opportunités incroyables” figure le grand écran, pour lequel Martial Solal compose grâce à la rencontre de deux grands réalisateurs : Jean-Pierre Melville et Jean-Luc Godard. Il composera entre autres la musique deHaletant en 1960. Mais ces opportunités s’accompagnent d’un esprit d’audace et d’indépendance, qui n’a jamais abandonné Martial Solal. Voici comment il compose son Suite dans l’appartement D pour quatuor de jazz, 30 minutes de musique particulièrement élaborée, à une époque où les musiciens de jazz, dont lui, “joué uniquement sur 32 thèmes de mesures”dit-il. “J’allais contre tout le monde et c’était un peu surprenant.”
Le musicien a toujours adhéré à cette liberté d’esprit : il n’a jamais voulu être comme les autres. « Copier était tout ce que je détestais, dés. J’avais des idées folles en tête que je n’arrivais pas à exprimer. Mais j’espérais qu’un jour je pourrais y arriver grâce au travail, à la technique. Je n’ai acheté aucun disque. Mais je savais tout. Il n’est pas nécessaire d’écouter toutes les sonates de Beethoven pour savoir ce qu’est l’univers de Beethoven.
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Orchestrateur de la symphonie
Improvisateur, musicien dans les plus grandes formations, compositeur audacieux pour le jazz et le cinéma, Martial Solal a également composé pour la symphonie, notamment pour les orchestres de Radio France. Une dimension importante de sa carrière à laquelle l’Orchestre National de France a rendu hommage il y a quelques années en donnant plusieurs de ses concerts, dont certains étaient inédits. «J’avais envie de pleurer, Ricorda Martial Solal. J’étais très heureux. » Parce que la musique classique l’a toujours accompagné, de sa formation jusqu’aux sources d’inspiration de l’écriture, et parce qu’il était important pour lui de rapprocher deux univers musicaux qui ne faisaient pas très bon ménage. « À l’époque, il y avait une différence de mentalité, une forme de distanciation, dés Martial Solal. Je voulais absolument briser ces barrières. Je n’étais pas le seul, de nombreux musiciens de jazz ont écrit pour la symphonie. Mais je pensais que la musique était de la musique et que le jazz méritait un meilleur sort que celui qui lui avait été réservé. Pour grandir, il lui fallait des ailes, des œuvres durables comme celles de Duke Ellington par exemple. Il fallait sortir de sa coquille, et donc flirter avec d’autres univers musicaux. La musique symphonique est si riche qu’on pourrait forcément en tirer une inspiration supplémentaire.” Des œuvres qui tiennent particulièrement à Martial Solal et qui méritent aujourd’hui d’être diffusées au public.
Le concert à 20h Écoute plus tard
Leçon Écouter 2 heures et 28 minutes
Martial Solal, « Mon siècle de jazz », publiés par Frémeaux & Associés.
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