Face à l’armée russe, Volodymyr Zelensky et les forces ukrainiennes comptent mobiliser 160 000 hommes. Mais de nombreux Ukrainiens ne veulent pas se battre. Depuis deux ans et demi, ils vivent cachés, dans la peur d’être envoyés de force au front.
C’est la mobilisation générale. Près de 1 000 jours après le début de la guerre en Ukraine, l’armée de Volodymyr Zelensky manque de soldats pour repousser les forces russes de Vladimir Poutine. Dans les rues de Kiev et des grandes villes du pays, des milliers d’hommes en âge de combattre vivent dans la peur d’être arrêtés par les autorités et enrôlés de force.
Depuis avril, tout homme âgé de 25 ans ou plus (contre 27 auparavant) peut être mobilisé dans les brigades de l’armée ukrainienne. Et ces dernières semaines, plusieurs jeunes qui n’avaient pas répondu à leur convocation ont été emmenés de force, parfois de manière extrêmement violente.
Les Ukrainiens vivent dans la peur
Des scènes devenues virales sur les réseaux sociaux et qui terrifient les Ukrainiens. “J’ai des amis qui sont morts à la guerre parce qu’ils ont été jetés dans un bus et envoyés en enfer”, explique à BFMTV Oleg, un père de famille qui vit caché chez lui et qui a requis l’anonymat pour s’exprimer.
Au chômage, cet ancien chauffeur de taxi survit grâce à l’aide de ses amis. «Je reste à la maison, je sors de chez moi uniquement pour sortir les poubelles ou pour me rendre dans une petite supérette de l’immeuble d’à côté», raconte-t-il.
Depuis le début de la guerre, Oleg vit en confinement. « A part ça, je ne bouge pas, je ne quitte jamais un périmètre d’un kilomètre », résume-t-il.
En Ukraine, la mobilisation est devenue un sujet controversé alors que la guerre contre la Russie s’enlisait. Dès le début du conflit, Volodymyr Zelensky avait appelé à la mobilisation générale en interdisant aux hommes de 18 à 60 ans de fuir le pays en février 2022.
«Je voudrais que tout se passe dans les règles»
Après avoir abaissé de 27 à 25 ans l’âge des conscrits, le gouvernement ukrainien a adopté en avril un texte supprimant la démobilisation des soldats combattant depuis plus de 36 mois. En février prochain, à l’occasion du troisième anniversaire de la guerre, ils seront des milliers à se trouver dans cette situation.
Les sanctions contre ceux qui tentent d’échapper à la mobilisation ont également été renforcées. Sauf que le système d’enrôlement actuel est considéré par de nombreux Ukrainiens comme injuste, inefficace et souvent corrompu.
« Je ne suis pas contre la mobilisation, mais vu comment ça se passe du côté de l’Etat, évidemment je n’ai pas envie de subir moi-même ce genre de situation où je serais jeté dans un bus par exemple. J’aimerais bien que tout se passe selon les règles”, a déclaré Vladyslav sur BFMTV.
Ce jeune homme de 31 ans n’a pas encore été mobilisé, mais il craint déjà son intégration dans l’armée.
Car Kyiv a récemment annoncé son intention de mobiliser 160 000 personnes entre novembre et février. Le gouvernement de Volodymyr Zelensky cherche également à recruter parmi les centaines de milliers d’hommes ukrainiens vivant en Europe, notamment en Pologne et en Allemagne. Certains avaient fui leur pays illégalement au début de la guerre, justement par peur d’être mobilisés.
Julie Roeser, Alizé Boissin et Ariel Guez
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