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Marie-France D., soupçonnée de meurtre sur personne vulnérable, demande sa libération. Un homme dont elle semblait proche a été retrouvé mort en 2014 dans une mare de sang. La première enquête n’a pas abouti. Les gendarmes se sont saisis du dossier quelques années plus tard, et la justice est désormais convaincue de leur responsabilité.
Marie-France D. est-elle une prédatrice sans scrupules ou une escroc mythomane tombant sous les fourches caudines d’une justice aveugle ? Cette femme de 71 ans a été mise en examen en mai 2023 pour meurtre sur personne vulnérable. En l’occurrence un alcoolique, Jérôme Pujol, âgé de 54 ans en 2014, lorsqu’il avait été retrouvé dans une mare de sang à son domicile albigeois.
Une scène terrible
9 h 15, le 2 juin 2014. Même pour les enquêteurs aguerris, la scène est difficile à supporter lorsque les policiers entrent au 58 chemin Eugène Mancel. Le corps sans vie de Jérôme Pujol a été découvert effondré, le menton posé sur sa table de chevet. Une longue marque rouge tache le mur. Son lit est trempé de sang. L’appartement est parsemé de gouttelettes carmin. Le visage du défunt porte des traces d’une extrême violence : pommettes cassées, foie coupé en deux, six côtes fracturées, l’expert évoquera des blessures compatibles avec une chute de 10 mètres. Si un agresseur frappe la victime, c’est avec un accès de colère démesuré.
Pujol est malade, alcoolique. Marie-France D., autoritaire et manipulatrice, se présente faussement comme médecin. Elle dit qu’elle prend soin de la victime. Toutefois, les alentours de Pujol font état de contusions répétées depuis leur rencontre. Interrogée, elle ne sera cependant pas – dans un premier temps – inquiète. L’enquête albigeoise sur les causes du décès conclura à un accident ou à une cause naturelle indéterminée.
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La police recommence tout à zéro
Pas de l’avis des filles de la victime, d’autant que sur la seule année 2014, Marie-France a amassé 6 000 euros appartenant au défunt ; “elle lui pompait de l’argent” confirme une Source proche de l’enquête. Reprenant le dossier, le juge toulousain Fabrice Rives mobilise la section de recherche de la gendarmerie pour approfondir les investigations. Une nouvelle expertise révèle un décès causé par des coups plats, excluant définitivement l’hypothèse accidentelle. Les enquêteurs vont devenir persuadés que Marie-France, endettée et déjà condamnée pour abus de confiance ou escroquerie, a tué le quinquagénaire pour s’emparer de son argent.
La mythomane a changé de version à plusieurs reprises, « y compris lors de la même audience » affirme le parquet d’Albi. Elle a menti à l’entourage de Pujol, était la seule à posséder des doubles de clés et a eu une attitude méfiante lors de la découverte du corps. De plus, au moment des faits, son téléphone était éteint. Arrêtée en mai 2023 près de 10 ans après les événements d’Eu (Seine-Maritime), Marie-France a finalement reconnu avoir poussé Pujol, avant de se rétracter. « Des aveux sous pression » affirment aujourd’hui ses avocats Mes Jacques Lévy et Ouajdi Amri.
Le coupable idéal ?
Devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Toulouse, mercredi 13 novembre, l’accusée clame son innocence : “Je n’ai rien fait, je me suis occupé de lui alors que personne ne le faisait” a sangloté – a-t-elle déclaré. Jacques Lévy s’emporte : « On veut lui rejeter la faute, lui faire dire ce qu’on veut qu’elle dise, parce qu’il y a 10 ans la justice était incapable de trouver le coupable, je n’ai pas eu peur d’aller au tribunal. Cour d’assises contre un dossier aussi vide. La chambre de l’instruction rend sa décision le 19 novembre sur sa demande de mise en liberté. Le parquet a de son côté demandé le renvoi du septuagénaire devant la cour d’assises du Tarn.
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