Une condamnation par contumace en novembre 2021, deux ans de cavale et toujours la même obstination à vouloir échapper à la justice. Ce vendredi 15 novembre, au premier jour de son deuxième procès pour viol et détention d’images pornographiques devant la cour d’assises de Dordogne, le sexologue périgourdin Lionel Agullo a tenté d’obtenir un report de son jugement et sa libération. Son avocat parisien, Me Ponsot, a plaidé la présence de deux « faux » d’écrits dans les pièces versées au dossier et a demandé au tribunal d’exclure l’audition de la victime au motif qu’une peine était incomplète. Deux demandes contestées par les deux Me Trion, l’avocat de la partie civile, par le procureur de la République de Périgueux, Jacques-Édouard Andrault, avant d’être finalement jugé irrecevable par le tribunal après une heure et demie de délibéré à huis clos.
Est-ce à cause de son placement en détention provisoire après son arrestation en Espagne en juin 2023 ? Lionel Agullo, 66 ans, a perdu ses rondeurs et porte désormais sur le nez des lunettes à cerclage noir qui lui donnent un air savant. Contrairement à son apparence, les griefs de la justice à son encontre n’ont pas changé. Le sexologue est accusé d’avoir violé une patiente souffrant de troubles sexuels après un viol alors qu’elle était adolescente lors de séances de massage délivrées dans son cabinet entre le 1est mars et 31 juillet 2007. Il aurait pénétré la plaignante par voie vaginale avec son pouce à plusieurs reprises sans lui avoir parlé au préalable. La jeune femme a porté plainte contre Lionel Agullo en 2010 auprès de la police, mais n’a pu être entendue sur les faits qu’en novembre 2013, l’original de sa déposition ayant été perdu entre-temps.
« Fermez vos pratiques à l’extérieur »
Face aux enquêteurs, la plaignante a indiqué avoir participé à 12 séances de thérapie avec le sexologue périgourdin. A chaque fois, elle était allongée sur la table de massage, nue. Cela la mettait mal à l’aise, mais elle ne s’est jamais opposée aux actions de son thérapeute à l’époque. “C’est moi qui lui ai fait part de mes réserves en l’écoutant détailler les actions accomplies par Lionel Agullo lors des séances”, a expliqué à la barre un proche de la victime. Non seulement ces gestes me semblaient anormaux, mais ce qui m’a le plus alerté, c’est de l’entendre dire que son thérapeute lui avait demandé de se taire sur ses pratiques à l’extérieur sous prétexte que les gens ne comprendraient pas. . Après quoi, elle a avancé et a porté plainte pour viols. »
Des faits entièrement contestés par l’accusé, qui a néanmoins changé sa version à plusieurs reprises entre les gardes à vue et au cours de l’enquête. S’il a pu admettre « avoir inséré son pouce dans le vagin de la victime à des fins thérapeutiques », il a ensuite déclaré ne pas l’avoir touchée lors des entretiens.
Face à lui, la plaignante, âgée de 19 ans au moment des faits, est restée stoïque. Assise aux côtés de son avocat, Me Trion, la jeune femme de 37 ans, a écouté sans sourciller les dépositions des témoins à la barre.
Une autre femme l’accuse de viol
Une première femme est venue à la barre pour indiquer qu’elle avait elle-même porté plainte contre Lionel Agullo pour des viols commis entre 2000 et 2002 au cabinet du thérapeute. Lors d’un massage censé l’aider à vaincre sa phobie sociale, l’accusé lui avait caressé les seins, stimulé son clitoris et inséré un doigt dans un vagin. Elle lui a demandé d’arrêter, ce qu’il a fait, avant de recommencer un peu plus tard. « J’y suis retourné plusieurs fois parce que je lui faisais confiance. Il le savait, j’étais son patient, mon éducation m’interdisait d’aller à l’encontre de ce qu’il disait. »
A l’inverse, deux autres patients septuagénaires sont venus au bar dire tout le bien qu’ils pensaient de celui qui les avait sauvés de leur dépression ou de leur timidité excessive. “Il m’a fait des massages, mais il ne m’a jamais touché”, a déclaré l’un d’eux. « Je n’en peux plus, si ça avait été le cas, je ne serais jamais revenu le voir. »
Pourquoi Agullo a fui
Interrogé par la cour d’assises de la Dordogne sur les raisons de son absence à son procès, Lionel Agullo a avancé une explication qualifiée d’« obscure » par le procureur de la République. La veille de l’audience, le sexologue périgourdin aurait reçu un appel d’une personne se faisant passer pour un policier. Ce dernier l’aurait menacé de l’envoyer en prison pour meurtre après le suicide d’un de ses locataires dans l’un de ses appartements. “J’ai paniqué et j’ai pris la fuite”, a déclaré Lionel Agullo.
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