C’est sous le ciel gris d’une fin d’automne maussade qu’une centaine de personnes, vendredi 15 novembre 2024, ont défilé du quartier des Sapins jusqu’à la mairie de Rouen pour protester contre le 111e fémicide commis en France cette année. Pour honorer également la mémoire d’Héloïse, la Rouennaise de 17 ans tuée le 20 octobre.
De cette jeune femme, au portrait en noir et blanc aux yeux rêveurs légèrement tournés vers le ciel porté sur de nombreux t-shirts, disposés également sur des banderoles au-dessus, tous ceux qui l’ont connue louent sa gentillesse et sa spontanéité. « Il devait souvent insister pour que les gens mettent le tréma sur le « i » de son nom. Elle s’est mise en colère et s’est amusée. Un ami de fac venu se promener se glisse.
“Le petit a mis une éternité”
“Il y a trop de passages vides et malheureusement celui-ci en est un de plus”Brigitte et Michel ont crié, la première était la grand-tante de la victime. “ Le fait que lui (le coupable présumé, un certain Toufik O., ex-partenaire de la victime, ndlr) ait été admis dans un hôpital psychiatrique est incompréhensible. Il n’ira pas en prison et le petit garçon a été condamné à la prison à vie. Nous espérons que la justice suivra son cours. Dans ce cas on ne peut pas parler de patient. Trop c’est assez. Nous sommes là pour exprimer notre douleur bien sûr, mais nous ressentons aussi de la colère. »
Toufik O. est en effet soupçonné d’être l’auteur de ce fémicide survenu dans le quartier des Hauts à Rouen. Il a été incarcéré au CHR de Rouvray suite à sa garde à vue le 22 octobre. Il s’est évadé le 6 novembre avant d’être repris quelques heures plus tard. Le 20 octobre, le corps d’Héloïse a été découvert dans l’appartement où habite ce petit ami, dans les Hauts de Rouen. Une enquête pour meurtre est ouverte et Toufik O. est arrêté quelques heures plus tard, alors qu’il tentait de fuir vers Paris à la gare Saint-Lazare.
“Je ne peux m’empêcher de penser à elle, c’était une grande amie”détaille une jeune femme portant un T-shirt à l’effigie d’Héloïse, tenant une pancarte pendant deux heures « Nous ne vous oublierons pas » avant de rejoindre la commune de Rouen. « Nous avons partagé de bons moments. Je ne connaissais pas vraiment Toufik, mais aujourd’hui la colère et la tristesse dominent. Cette promenade est la moindre des choses que l’on puisse faire pour sa mère, pour sa famille.”
Dans le cortège, derrière la banderole, soutenue par des proches, mais aussi par l’élue Laura Slimani, dont la lutte contre les violences faites aux femmes est acharnée, la mère cache son regard derrière d’épaisses lunettes noires. Elle a fait savoir qu’elle ne voulait pas, et on le comprend, être bombardée de questions par les médias. Sans doute trop submergés par l’émotion, ce sont les autres qui parlent.
“Elle était sa fille unique”
« Ces marches blanches sont l’occasion de dire que si les violences faites aux femmes, les féminicides, sont un phénomène de société, c’est aussi un phénomène de vies, de victimes, de familles. Pour cette mère, Héloïse n’est pas une statistique, elle était sa fille unique. Nous devons écouter la douleur de ces familles”explique Laura Slimani, rejointe par de nombreux membres de la majorité municipale de Rouen dont le maire Nicolas Mayer-Rossignol, qui a ouvert ce triste cortège.
« Nous avions envie d’être là, d’exprimer notre douleur en tant qu’élus mais aussi en tant que citoyens. Malheureusement ce drame n’est pas isolé en France, il se produit trop régulièrement. a expliqué le maire aux manifestants, qui ont également mis à disposition de la famille une partie de la salle d’accueil de la mairie pour un moment de réflexion, et également pour remettre un registre de condoléances.
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