Dans le Trilogie marseillaiseles gens en parlent souvent. Cependant, nous ne la voyons jamais. Mais quelle est cette mystérieuse créature pagnolesque ? C’est Zoé, La sœur d’Honorine, qui sert tout le temps de repoussoir et d’explication dans Marius, César et Fanny », localise Gilles Ascaride, auteur et réalisateur d’un « » soliloque » éponyme incarné par Marie Fabre, autour de cette figure soi-disant symbole du déshonneur familial, qui prend ses quartiers samedi 16 novembre au Théâtre Toursky. ” Je m’intéresse aux gens dont nous ne nous soucions pas », affirme cet anthropologue de formation, toujours surpris « avoir été le premier » pour se lancer dans une telle aventure littéraire. Après avoir « passer la trilogie au tamis » et recueilli les mots sur Zoé, il écrit son histoire. ” Après ma soeur Zoé, il ne manquait qu’un petit salaud », crie, dans l’ouvrage de Pagnol, Honorine à Fanny, après la découverte de la liaison entre sa fille et Marius. Il faut dire que sa plus grande crainte est que sa progéniture suive les traces de sa sœur qui travaillait dans une fabrique d’allumettes, avant d’être mise au ban de la famille pour s’être laissée séduire par un marin espagnol. Ici Zoé est devenue le symbole des mœurs dites dissolues, tandis qu’elle est livrée par Pagnol au silence. Il n’en fallait pas plus à Gilles Ascaride pour imaginer son histoire et lui donner enfin la parole.
Drôle et cruel est le Trilogie marseillaise. Une grande gueule qui caractérise notre ville, un équilibre périlleux mais efficace que Gilles Ascaride espère également apporter. Dans l’esprit du réalisateur, Zoé est une vieille femme isolée, à l’exception de son chat Pompon à qui elle se confie, qui vit dans un appartement à La Plaine dans les années 1950. Elle apprend le décès de sa sœur Honorine. “ Elle reçoit une annonce pour ses funérailles mais est confrontée au dilemme de savoir si elle doit y aller ou non. », poussée par la douleur mais aussi le ressentiment qu’elle éprouve à son égard. Si Pagnol lui attachait l’image d’une faute morale, notamment pour plaire à son époque et satisfaire son avidité de réussite, Gilles Ascaride l’érige comme une figure féministe, inspirée entre autres par l’une de ses propres tantes. ” UN très belle femme et chanteuse d’orchestre. Tout le monde se pinçait le nez car dès l’âge de 16 ans, elle jetait son chapeau par-dessus les moulins à vent, avant de divorcer à trois reprises. », imaginez cet auteur culotté mais non moins lucide : « Ces femmes exigeaient simplement qu’on les laisse tranquilles. Vivre leur vie comme ils l’entendent sans demander le consentement de leur entourage. Contrairement aux personnages de Pagnol, j’ai voulu montrer que ce qui ruine tout le monde, c’est ce putain d’honneur. » Comme le disait César à Marius : « l’honneur c’est comme les allumettes, ça ne sert qu’une fois ».
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