Lors du procès d’Alpha Henry pour le meurtre de ses parents, la Couronne a tenté de démontrer jeudi que les déclarations de l’accusé à la police étaient bel et bien volontaires. La défense de l’homme de 30 ans fait valoir au contraire que son client ne pouvait consentir à répondre aux questions de son plein gré en raison de son état de santé mentale.
Lors du contre-interrogatoire des témoins à charge, la défense a toujours soutenu que son client souffrait d’un problème de santé mentale qui n’avait jamais été diagnostiqué.
Le procès a montré que les interactions entre les policiers et les accusés donnaient lieu à des échanges étranges. Par exemple, Alpha Henry a demandé à voir sa mère alors qu’elle était morte et lui a ensuite dit qu’il devait organiser les funérailles de ses parents.
Colin et Veronica Henry, âgés respectivement de 68 et 67 ans, ont été poignardés et leurs corps aspergés d’essence ont été découverts dans la baignoire de leur appartement dans la nuit du 21 septembre 2022.
Photo : GoFundMe
Les audiences ont démontré que la police ne s’est pas inquiétée indûment du bien-être mental de l’accusé.
La Couronne doit prouver que l’accusé était disposé à admettre en preuve son entrevue avec la police.
Acte d’accusation de la Couronne
Le procureur Michael Wilson a souligné qu’Alpha Henry avait toujours affirmé avoir été victime d’une agression de la part de son frère et que sa version des faits n’avait pas changé.
Il a affirmé que les accusés n’ont subi aucune menace, intimidation ou pression de la part de la police. Il a joui de son libre arbitre en répondant au détective McGinn.
dit-il.
Ses affirmations représentaient un acte délibéré pour échapper à la responsabilité de son crime
poursuivit le procureur.
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Alpha Henry à son arrivée au poste de police 23 après sa sortie de l’hôpital. Il est escorté par les agents Gandhi et Saini.
Photo : AVEC LA COURTOISIE DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L’ONTARIO
M. Wilson a souligné que les propos de l’accusé n’étaient pas aléatoires et qu’il n’y a aucune preuve de l’existence d’une quelconque maladie mentale.
Le procureur a néanmoins reconnu que les policiers auraient pu mieux communiquer au détective l’état mental dans lequel l’individu a été retrouvé.
Il a affirmé que les policiers ont néanmoins fait preuve d’un comportement exemplaire à l’égard de l’accusé depuis l’appartement où il a été appréhendé jusqu’au commissariat en passant par l’hôpital où il a été transporté pour le traitement de profondes lacérations aux mains.
On lui a servi des repas, on lui a demandé s’il souffrait ou s’il prenait des médicaments, il a changé sa blouse d’hôpital, lu ses droits et trouvé un avocat.
a ajouté le procureur.
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Daniel Henry à l’Hôpital général d’Etobicoke tôt dans la nuit du 21 septembre 2022, sous escorte policière.
Photo : AVEC LA COURTOISIE DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L’ONTARIO
M. Wilson a en outre affirmé que l’accusé n’était pas privé de sommeil, contrairement à ce que prétend la défense, et que sa cellule était équipée d’un lit.
Il a mentionné qu’Alpha Henry n’a montré aucun signe d’épuisement de toute façon. Il n’y a aucune preuve qu’il n’a pas dormi et il n’en a rien dit.
a-t-il déclaré.
Le procureur a soutenu que l’accusé avait la capacité mentale de savoir où il se trouvait et de comprendre les questions qui lui étaient posées.
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Un policier a fait la macabre découverte de deux corps poignardés et aspergés d’essence dans la baignoire de l’appartement de Colin et Veronica Henry dans la nuit du 21 septembre 2022 dans le quartier Rexdale.
Photo : AVEC LA COURTOISIE DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L’ONTARIO
M. Wilson a même admis qu’Alpha Henry n’avait jamais fait preuve de timidité qui l’aurait empêché de répondre aux agents.
L’accusé connaissait les risques associés aux accusations auxquelles il fait face, mais il a préféré la voie de la victimisation
dit-il.
Le procureur a déclaré qu’Alpha Henry lui-même avait admis avoir été bien traité.
Plaidoyer de la défense
L’avocat Jamie Kopman a déclaré que son client ne comprenait pas que tout ce qu’il dirait à la police serait utilisé contre lui.
Me Kopman ajoute que son client n’avait pas les capacités mentales suffisantes pour comprendre ce qu’il disait aux policiers.
Les actions ou l’absence d’action de la police ont créé une atmosphère restrictive pour mon client
dit-il.
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Alpha Henry attend d’être emmené en ambulance à l’hôpital dans la nuit du 21 septembre 2022, devant l’immeuble de ses parents assassinés.
Photo : AVEC LA COURTOISIE DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L’ONTARIO
L’avocat a rappelé qu’Alpha Henry ne connaissait pas la différence entre un avocat et un procureur, encore moins entre un meurtre prémédité et non prémédité.
Il ne faisait que répéter les propos des policiers sans comprendre ce qu’il leur disait
il a continué.
Me Kopman rejette l’idée de la Couronne selon laquelle son client préparait sa défense en se présentant comme une victime. Il n’agissait pas
il a mentionné.
L’avocat a rappelé que l’un des premiers policiers qui avaient rencontré son client dans le couloir de l’appartement de ses parents avait déclaré que l’accusé semblait émotionnellement perturbé
.
Les caméras d’intervention de la police le montrent visiblement sous le choc à leur arrivée
dit-il.
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Arrivée des policiers et des ambulanciers au 27, avenue Bergamote, où deux adultes ont été poignardés et où Alpha Henry a été interpellé dans la nuit du 21 septembre 2022.
Photo : Radio-Canada / Arlyn Mcadorey
Kopman a ajouté que personne ne s’inquiétait du comportement étrange de son client, même s’il disait n’avoir aucun problème de santé mentale.
Le détective McGinn avait le devoir de poser des questions à ce sujet avant de l’interroger.
il a continué.
L’avocat affirmait notamment que son client avait donné les noms et adresses de ses parents à l’hôpital lorsqu’une infirmière lui avait demandé de fournir des contacts à appeler en cas d’urgence.
Le fait de chanter lors de l’interrogatoire aurait alors dû signaler un comportement erratique
a-t-il déclaré.
Me Kopman a en outre précisé que son client n’avait pas dormi depuis plus de 24 heures. Personne ne lui a demandé quand il avait dormi pour la dernière fois
il a continué.
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Alpha Henry, dans le couloir de l’immeuble de ses parents, est soigné par les secours pour une blessure à la main avant d’être transféré à l’hôpital sous escorte policière.
Photo : AVEC LA COURTOISIE DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L’ONTARIO
Il a rappelé qu’Alpha Henry était sans abri, vivait dans la chaufferie d’un immeuble adjacent à celui de ses parents et avait été grièvement blessé à la main lors de l’attaque de son frère.
L’avocat a ajouté que l’hôpital lui avait administré des analgésiques, des anti-inflammatoires, des antibiotiques et un vaccin contre le tétanos.
Personne n’a remis en question la nature des médicaments qu’il a reçus à l’hôpital ni l’impact qu’ils auraient pu avoir sur sa santé mentale.
a-t-il conclu.
Me Kopman a souligné que la situation aurait été complètement différente si les policiers avaient eu recours à une meilleure communication avec son client.
Le juge a mis en délibéré la demande de la Couronne avant de décider de rejeter ou non l’interrogatoire policier.
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