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l’accusé, muré dans le silence, a été condamné

« Mon bon cœur va me ruiner. » Rétrospectivement, cette phrase fait froid dans le dos… Trop beau, trop accueillant, Jean-Yves Di Pasquale a effectivement perdu la vie, frappé par l’homme qu’il hébergeait chez lui. Arnaud Dufour, 40 ans, a été reconnu coupable de meurtre, jeudi 14 novembre, par la cour d’assises de la Dordogne.

Ce verdict n’était pas écrit à l’avance. L’accusé l’a en effet nié au moment de son arrestation, un mois après les événements, en juin 2021. Et, pendant les trois jours d’audience, il est resté silencieux. «Je suis étranger à tout cela», furent les seuls mots qu’il prononça. Aucune insistance, aucun cri perçant pour clamer son innocence… « Il est accusé d’avoir tué brutalement un homme et il ne dit rien », a déploré Me Vincent Maris, avocat de la famille de la victime.

« Incertitudes »

C’est moi, Dominique Pohu-Panier, qui ai porté la lourde responsabilité de demander l’absolution. Ses arguments étaient compréhensibles. En fait, un ensemble d’indices mènent à son client, mais personne a priori ne l’incriminerait définitivement. « Il existe un certain nombre d’incertitudes. Et les certitudes ne suffisent pas pour affirmer avec certitude que M. Dufour a commis ce crime. »

L’avocat a rappelé que l’ADN de la victime n’a pas été retrouvé sur le marteau (vraisemblablement l’arme du crime) où figure l’ADN de M. Dufour. « S’il a essuyé le sang, pourquoi n’a-t-il pas essuyé le manche ? », demande-t-il.

La défense a finalement tenté de briser le silence : « Faut-il le condamner parce qu’il est resté silencieux ? Ce n’est pas une preuve de culpabilité. »

« Faut-il le condamner parce qu’il est resté silencieux ? »

Mais ces éléments n’étaient pas suffisants. Après quatre heures de délibération, les trois magistrats et six jurés ont privilégié la culpabilité. La thèse du procureur avait porté ses fruits. « Ce n’est pas parce que vous n’avez pas toutes les réponses que vous excluez tous les éléments objectifs de cette affaire », a déclaré le procureur général au tribunal. Notamment le marteau : pourquoi Arnaud Dufour l’aurait-il jeté à la poubelle, dans la rue, si ce n’était pour se débarrasser de l’arme du crime ? Et son ADN a été retrouvé dans la paume de la main de la victime.

Par ailleurs, le suspect a quitté Périgueux à un moment coïncidant avec le décès de M. Di Pasquale. Et son mobile semblait clair : après avoir été accueilli pendant des semaines par son bienfaiteur, le SDF reconnu comme paranoïaque délirant aurait eu peur d’être remis à la rue.

Impassible

Finalement le verdict est tombé : vingt ans de réclusion criminelle. C’est moins que la peine maximale (trente ans), mais exactement le montant demandé. Dans son box, le quadragénaire n’a pas sourcillé, gardant le même regard impassible. Comme s’il était étranger à son destin. Son avocat a refusé de commenter la décision.

Vincent Maris a conclu son plaidoyer en regrettant le manque d’expression de la part du condamné : « Il aurait pu y avoir un dernier gramme d’humanité chez cet homme, mais non ! » A l’audience, la sœur de la victime a également tonné : « Le fait qu’il ne veuille pas parler me met très en colère. Un mot suffirait, un seul mot. Laissez-le vous raconter ce qui s’est passé ! »

Arnaud Dufour a dix jours pour faire appel.

 
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