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Accord UE-Mercosur : quel impact pour l’agriculture ?

Pour le porc, ce sera 25 000 tonnes (0,1% de la production européenne), pour la volaille 180 000 tonnes (1,4%), pour le sucre 190 000 tonnes (1,2%).

Bruxelles assure que l’accord représente une opportunité pour les produits européens actuellement freinés en Amérique latine: le vin (actuellement taxé à hauteur de 27%) ou les fromages, qui peuvent bénéficier de “la montée d’une classe moyenne”.

Le gouvernement espagnol, qui soutient l’accord, met donc en avant le vin ou l’huile d’olive. Les syndicats agricoles de ce pays sont toujours alarmés, notamment en ce qui concerne l’élevage.

Mercosur : le grand marché et les petites entreprises agricoles

Secteurs exposés

Même si les volumes concernés sont faibles par rapport à la production européenne, ils peuvent bousculer les filières.

Pour Patrick Bénézit, vice-président de la filière viande bovine (Interbev), les pays du Mercosur fournissent déjà la majorité des importations de surlonge, coupes « nobles ». La production de surlonge en Europe est de « 400 000 tonnes provenant de races à viande, donc voir 99 000 tonnes entrer, cela a un impact ».

Les producteurs de poulet craignent que les Brésiliens se concentrent sur les coupes les plus rentables, les filets.

Pour le secteur sucrier, déjà ébranlé par les avantages accordés à l’Ukraine, les 190 000 tonnes ne représentent que 1,2% de la production européenne, mais la moitié des exportations françaises vers les autres pays de l’UE, qui représentent la grande majorité des exportations totales du pays.

Cela “ne fera que déstabiliser ce marché”, notamment pour la , explique Alain Carré, agriculteur et président de l’Interprofession (AIBS)

Les filières de l’éthanol, du miel et du porc sont également menacées, souligne Stefan Ambec, économiste à l’institut de recherche Inrae, qui évoque notamment le risque d’une baisse des prix payés aux agriculteurs européens. « Les coûts de production diffèrent et le problème est que les normes sanitaires et environnementales ne sont pas les mêmes. »

Mercosur : « Sans clauses miroir contraignantes nous ne pourrons pas être favorables à l’accord », prévient David Clarinval

Quelles normes ?

La Commission assure : « Tous les produits du Mercosur doivent être conformes aux normes rigoureuses de l’UE en matière de sécurité alimentaire ».

L’accord de libre-échange Ceta avec le Canada, par exemple, n’a pas permis de respecter les quotas d’exportation de viande depuis six ans en raison d’un manque de production conforme aux normes, affirme un responsable européen.

Les « conditions de production » au Mercosur ne seront pas forcément les mêmes qu’en Europe, reconnaît Bruxelles.

Les opposants à l’accord demandent des “clauses miroir” : les règles imposées aux agriculteurs européens en matière sociale, environnementale ou de bien-être animal s’appliquent également aux producteurs du Mercosur pour éviter des distorsions de concurrence.

Il est “vendu comme un accord de nouvelle génération qui prend en compte les aspects environnementaux et climatiques, mais les engagements sont faibles : il n’y a pas de conditionnalité”, note Ambec.

« L’accord UE-Mercosur ne sera pas signé au G20 »

Quels contrôles ?

Comment garantir le respect des normes sanitaires ?

« En théorie, les viandes traitées par exemple aux antibiotiques et aux hormones de croissance ne peuvent pas entrer, mais en pratique la traçabilité est imparfaite », explique Ambec. « Il y a des contrôles dans les abattoirs organisés avec la Commission, mais on ne peut pas facilement contrôler le cheptel avant cette étape. Le suivi de la naissance à l’abattage, dans le Mercosur, n’existe qu’en Uruguay.”

En effet, un audit de l’UE vient de révéler des failles dans le contrôle de la viande bovine au Brésil, incapable de garantir l’absence de l’hormone estradiol, interdite en Europe. En attendant que les procédures soient révisées, le Brésil a suspendu ces exportations.

“Frein d’urgence”

L’accord comprend “une clause dérogatoire”, une sorte de “frein d’urgence” en cas d’augmentation brutale des importations ou d’effets pervers sur le marché, souligne Bruxelles.

Mais cette clause “ne définit pas” de conditions précises, note Ambec : suffisantes pour compliquer son activation (le rétablissement des droits de douane) sans mesures de rétorsion.

 
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