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reconnu coupable d’avoir aidé l’agresseur à s’échapper

LLa colère est toujours latente huit ans plus tard. Un homme de 39 ans s’est expliqué ce jeudi 14 novembre 2024 devant le tribunal correctionnel de Pau pour complicité de recel de malfaiteur.

En août 2016, le jeune homme avait joué un rôle « périphérique » dans la fuite vers l’Espagne de Frédéric de Chérancé, auteur d’un coup mortel à l’arme blanche de Baptiste Sallefranque après une altercation à un feu rouge de l’avenue Mermoz à Pau. Pour ces faits, Frédéric de Chérancé a été condamné à douze ans de réclusion criminelle aux assises en 2021.

«Ils m’ont menti, m’ont manipulé. Ces gens m’ont utilisé”

Mais avant de partir, Frédéric de Chérancé a passé plusieurs jours à l’étranger. Et le prévenu a acheté quatre téléphones prépayés et a transporté la fille de Frédéric de Chérancé en Espagne. « Elle n’avait pas de permis. J’ai conduit la voiture pour qu’il se rende, pas pour qu’il puisse s’enfuir. Elle m’a demandé de retrouver son père pour qu’il ne se trompe pas », répète-t-il avec agacement.

Immunité familiale

Le referait-il aujourd’hui ? “Absolument pas.” Il montre également un certain ressentiment envers la fille et toute la famille. «Ils m’ont menti, m’ont manipulé. Ces gens m’ont utilisé. […] Je n’avais pas de père, ils m’ont accueilli dans leur cercle familial. »

«Je peux comprendre une certaine amertume car l’immunité familiale joue un rôle», commente le procureur Richard Pineau. Selon la loi, les membres de la famille directs ne peuvent en effet être poursuivis pour leur aide, mais leurs proches peuvent l’être.

Le trentenaire est donc le seul à être jugé pour ces faits alors que de nombreux parents ont également aidé Frédéric de Chérancé lors de sa cavale. D’où un fort sentiment d’injustice, rapporte son avocate, Me Juliette Magne-Gandois.

« Rendre service »

La chose la plus incriminante pour le prévenu reste l’achat de ces quatre téléphones. « La simple fourniture de téléphones constitue le délit qui vous est reproché », estime le ministère public. Le procureur a requis 200 jours-amende d’un montant de quinze euros à l’encontre de l’homme de 39 ans qui compte plusieurs mentions à son casier pour des infractions au code de la route.

Le prévenu affirme qu’il savait que Frédéric de Chérancé avait fait quelque chose de grave mais qu’il a simplement agi comme le souhaitait la fille de la famille. «Je voulais juste rendre service», plaide-t-il. « L’idée est venue de la fille et c’est elle qui l’a financé », raconte son avocate, Juliette Magne-Gandois. La conscience d’aider est contestée. Il ne voulait pas l’éloigner des autorités, bien au contraire. La loyauté envers la famille ne va pas jusqu’à se mettre en contradiction avec la justice. »

La commune a donc plaidé pour la libération de son client, aujourd’hui gérant d’un restaurant. Mais le tribunal n’a pas retenu ses arguments et a considéré que l’élément intentionnel était présent et qu’il était donc coupable des actes reprochés. Il a été condamné à trois mois de prison avec sursis simple.

« La vengeance ne sert à rien »

La tante de Baptiste Sallefranque était présente à l’audience ce jeudi comme partie civile : « Je suis sortie par respect pour mon neveu. Je n’ai rien contre vous, a-t-elle dit au prévenu. Ce qui s’est passé est arrivé. La vengeance ne servira à rien. » Tous deux eurent un long échange amical pendant que les magistrats du siège délibéraient.

 
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