l’essentiel
Plusieurs pays du bassin méditerranéen ont été victimes de pluies torrentielles, de glissements de terrain et de graves inondations cet automne. L’Espagne a été la plus durement touchée. Comment expliquer cette succession d’intempéries ?
Des épaves de voitures enchevêtrées les unes dans les autres, des rues envahies par des vagues d’eau boueuse, une foule en colère traitant le roi et la reine d’Espagne de « meurtriers »… Ces images des inondations dans la région de Valence, en Espagne, illustrent toute la violence des intempéries qui vont a frappé le bassin méditerranéen cet automne. 223 personnes sont mortes et 17 sont portées disparues.
L’Espagne n’est pas le seul pays du bassin méditerranéen touché cet automne. Le Maroc et l’Algérie ont connu des pluies torrentielles en septembre, de fortes pluies ont frappé la Grèce en septembre et des pluies torrentielles ont frappé la Sicile (Italie) en octobre. Les catastrophes climatiques ont à chaque fois fait des victimes et d’énormes dégâts.
Une succession de gouttes froides
Après un été chaud et ensoleillé, la fin de l’automne et l’hiver sont des périodes où les pays méditerranéens connaissent généralement un temps humide et instable. En France c’est la période des épisodes cévenols. Mais cet automne 2024 a été très particulier.
« Depuis fin octobre, la situation en Europe s’est inversée. Nous avons eu un anticyclone sur la partie continentale, en particulier la partie nord, et au sud de cet anticyclone une situation plus dépressive, en particulier dans la partie au-dessus de la Méditerranée, avec de nombreuses gouttes froides, c’est-à-dire de l’air froid en haute altitude”, a décrit dans L’envoi Guillaume Séchet, il creatore di Météo-villes.com.
L’Espagne n’arrive tout simplement pas à faire une pause. Un événement de déferlement de vague anticyclonique de Rossby facilitera le développement d’un autre minimum de limite supérieure la semaine prochaine. Il est trop tôt pour plus de détails, mais la région du Levant (est de la péninsule ibérique) devrait à nouveau se préparer à d’éventuelles crues soudaines. pic.twitter.com/kUTxrv3oQo
– Nahel Belgherze (@WxNB_)
« Lorsque ces dépressions survolent la Méditerranée où l’eau est encore chaude en cette saison, cela provoque une instabilité. Il y a de l’air froid en altitude, de l’air chaud au niveau de la mer, l’air monte, cela provoque la formation de nuages verticaux et de forts orages, qui peuvent rester dans la même région, dans la mesure où il y a du relief. Cet air humide et chaud s’accroche aux reliefs et ces « fortes pluies tombent sur la même région depuis plusieurs heures », poursuit le météorologue Guillaume Séchet.
Avec un été très chaud, un terrain accidenté et une forte urbanisation de la côte, « tous les facteurs étaient réunis pour que des crues soudaines se produisent ».
Le réchauffement climatique accentue ces phénomènes
Comme l’assure le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), depuis les années 1980, le réchauffement de l’atmosphère méditerranéenne a dépassé celui observé dans le reste du monde. Et la Méditerranée est une région du monde où la température de l’eau se réchauffe plus rapidement qu’ailleurs. En ce mois de novembre la Méditerranée reste particulièrement chaude, entre +2°C et +5°C au dessus des normales en surface. Par exemple, à Narbonne-Plage l’eau est encore à 18°C !
Guillaume Séchet l’assure : « Le réchauffement climatique accentue ces phénomènes. Si l’on regarde les statistiques, les événements ne sont pas forcément plus fréquents qu’avant, mais les grands événements sont plus fréquents. Dans les Cévennes, nous disposons de stations météorologiques qui mesurent les précipitations depuis 1940. Il y a des pics en 24 heures que nous n’avions pas observés jusqu’à présent. Ceci est lié au réchauffement climatique. Des études montrent que pour chaque augmentation de 1°C du réchauffement climatique, il y a 7 % de vapeur d’eau en plus dans l’atmosphère. Et tout autant de risques de pluies torrentielles.
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