Marjorie, 26 ans, a croisé la route du suspect du meurtre d’un SDF à Lyon, tué à coup de parpaing. Attaquée dans un train entre Marseille et Nice par ce dernier, elle a permis son arrestation.
C’était un retour au travail habituel. Mardi 12 novembre, peu avant 19 heures, Marjorie, 26 ans, est montée à bord d’un train en gare de Marseille Saint-Charles. La Toulonnaise rentre chez elle après sa journée de travail.
Mais alors qu’elle cherche une place pour s’asseoir, elle croise la route d’un homme qui s’avère être le principal suspect du meurtre d’un SDF tué avec un parpaing à Lyon et de plusieurs autres tentatives. Et sans le savoir, c’est elle-même qui permet son arrestation, après en avoir informé la police.
«Quand j’ai voulu m’approcher d’un endroit où m’asseoir, cet homme est allé dans la direction opposée et a voulu passer. Je me suis écartée pour le laisser passer et il m’a poussée très fort”, se souvient-elle au micro de BFMTV.
“Il criait, il me menaçait en anglais”
Dans le couloir du TER, Marjorie ne veut pas que cela arrive et exige un minimum de politesse de la part de l’homme qui vient de la bousculer violemment. Mais l’homme ne compte pas s’excuser.
« Il criait, il me menaçait en anglais, de toute façon, il ne parlait pas du tout français », explique Marjorie.
A nos confrères du Parisien, elle précise qu’elle a même reçu un gros coup de pied dans le dos.
Terrifiée, elle décide de prévenir la SNCF via le numéro d’urgence pour prévenir d’une attaque dans le train. En gare de Toulon, le train s’arrête plus longtemps que prévu. En réalité, les contrôleurs viennent de prévenir la police, qui arrive sur place.
“Les policiers sont venus directement le chercher dans le train puis m’ont fait descendre”, a raconté la jeune femme à BFMTV.
Soupçonné de meurtre et de plusieurs attentats
Pensant dans un premier temps qu’il s’agissait d’un cas « classique », la police a demandé à Marjorie de venir le lendemain, mercredi, au commissariat pour porter plainte. Mais entre-temps, alors que le suspect est placé en garde à vue, un policier le reconnaît.
Puis rapidement, les mandats d’arrêt émis contre lui sont examinés et les policiers se rendent compte que l’individu qu’ils viennent d’arrêter est cité dans plusieurs cas de tentatives de meurtre en France, mais aussi aux Pays-Bas.
« Finalement, ils m’ont appelé une heure plus tard, vers 21 heures, pour me dire que la personne était beaucoup plus dangereuse et qu’il fallait que je me présente immédiatement au commissariat », raconte Marjorie.
« C’est à ce moment-là que j’ai appris que j’étais dans le train avec un assassin, qui avait tué plusieurs personnes dans plusieurs pays », ajoute-t-elle. En réalité, l’homme, toujours soupçonné des faits, aurait tué un SDF à Lyon dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11 novembre.
Les autres chefs d’accusation retenus contre lui sont une tentative de meurtre. La première qui lui est attribuée a eu lieu à Dijon, en Côte d’Or, le 25 juillet, contre une femme de 42 ans. Ce dernier a été touché à la tête par une ou plusieurs pierres et a écopé de 10 jours d’ITT.
Quelques mois plus tard, le 23 octobre 2024, un homme dormant sur le parvis de la gare d’Évry-Courcouronnes (Essonne) reçoit un bloc de béton sur la tête. Gravement blessé, il a bénéficié d’une ITT de 45 jours.
Sept jours plus tard, une tentative d’homicide a eu lieu à Strasbourg sur un sans-abri en centre-ville le 30 octobre. Dans un communiqué, le procureur de la République indique que, même si le pronostic vital de la victime était initialement compromis, sa vie « n’est plus en danger”. Une enquête est toujours en cours sur cette affaire et le magistrat précise qu’il n’y a « aucun lien objectif » avec les autres pour le moment.
Une vidéo d’une attaque aux Pays-Bas
Début novembre, l’affaire s’est envenimée lorsque le suspect a traversé les frontières et s’est rendu aux Pays-Bas. A Rotterdam plus précisément, ville portuaire de plus de 650 000 âmes.
Dans la nuit du 4 au 5 novembre, un SDF de 37 ans a été victime d’une violente agression avec le même mode opératoire : il a reçu un bloc de béton dans la tête. Hospitalisé dans un état grave, l’homme est toujours dans le coma.
La police néerlandaise, qui collecte les images de vidéosurveillance, communique rapidement sur le dossier pour tenter de retrouver le suspect. D’autant que dans deux vidéos, l’homme est à visage découvert.
Mais il parvient à quitter le pays pour revenir en France, à Lyon. C’est dans la capitale des Gaules qu’un ressortissant moldave sans abri est tué. Une fois de plus, le bloc de béton retrouvé ensanglanté près du corps, dans le 2e arrondissement de Lyon, fait écho aux autres cas. Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour assassinat après ces événements.
A BFMTV, le procureur de la République de Toulon indique que le suspect a été placé en détention à Toulon, en attendant son transfert à Évry-Courcouronnes. Une fois transféré, il sera présenté à un juge d’instruction.
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