News Day FR

Plans sociaux, difficultés économiques… Le taux de chômage va-t-il augmenter ?

Selon les données publiées ce mercredi, le taux de chômage est en légère hausse en (7,4%).

Entre la multiplication des faillites d’entreprises, les plans sociaux et le contexte économique compliqué, faut-il s’attendre au retour d’un chômage de masse ?

L’économiste Éric Heyer, directeur du département Analyse et Prospective de l’OFCE, nous éclaire.

Suivez la couverture complète

Grèves, plans sociaux, austérité… Un automne sous haute tension

Une légère augmentation du nombre de chômeurs. Selon les données révélées ce mercredi 13 novembre par l’Insee, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail, c’est-à-dire sans emploi, en recherche active et immédiatement disponible, est en augmentation en France. Il a augmenté de 35 000 par rapport au printemps (+0,1 point) et concerne 2,3 millions de personnes, à 7,4 %. Un niveau relativement bas… même si la tendance est inquiétante.

Car le contexte n’est pas une inversion des chiffres. Ces dernières semaines, plusieurs grandes entreprises emblématiques ont annoncé la mise en place de plans sociaux, comme Michelin ou Auchan. Le nombre de faillites d’entreprises se multiplie, tandis que les comptes publics français sont dans le rouge, ce qui risque inévitablement de peser sur les politiques de l’emploi.

À quoi faut-il s’attendre ? Le chômage va-t-il revenir dans le pays ? L’économiste Éric Heyer, directeur du département Analyse et prospective de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), répond à TF1info.

Les comptes publics sont dans le rouge, plusieurs entreprises se préparent plans sociaux …La France entre-t-elle dans une nouvelle vague de chômage ?

Éric Heyer : C’est possible. Ces dernières années, le chômage a peut-être diminué trop rapidement. Depuis la crise sanitaire, la France a mangé son pain blanc : malgré une activité limitée, nous avons créé énormément d’emplois. Depuis 2019, le secteur privé a produit 5 % de plus, tout en embauchant 6,5 % de salariés en plus. Ces créations d’emplois ont été trop fortes, non liées à des raisons structurelles, avec une perte de productivité. Un retour à la normale était à prévoir après de très bonnes performances.

Pendant la crise, l’État a sauvé un grand nombre d’entreprises qui auraient dû faire faillite

Éric Heyer

Pourquoi y a-t-il eu « trop » de créations d’emplois ?

Trois raisons peuvent expliquer cela. Ces dernières années, les apprentissages ont été massivement subventionnés : de 300 000 apprentis en 2019, nous sommes désormais proches du million. Mais cela coûte cher, plus de 25 milliards d’euros chaque année. Maintenant, le gouvernement dit stop. L’apprentissage cessera de soutenir l’emploi. Il y a également eu une rétention de la main-d’œuvre : de nombreuses entreprises auraient dû licencier du personnel, mais ne l’ont pas fait en pensant que l’activité reprendrait. Sauf que les perspectives économiques se sont effondrées, les entreprises s’ajustent donc. La troisième raison, ce sont les aides publiques accordées aux entreprises pendant la crise du Covid-19.

Cela n’aurait-il pas dû être fait ?

Oui, de nombreuses entreprises ont été sauvées. En temps normal, on compte entre 45 000 et 67 000 faillites d’entreprises chaque année. Mais pendant la crise sanitaire, nous sommes descendus à 28 000. Cela a créé une « zombification » de l’économie : l’État a sauvé un grand nombre d’entreprises qui auraient dû faire faillite. Ce qui a permis de sauver, selon notre estimation, environ 180 000 emplois. Aujourd’hui, le moment est venu pour les entreprises de rembourser les prêts garantis par l’État. Ceux qui ne peuvent pas échouer.

L’objectif du plein emploi ? Très peu susceptible d’être atteint

Éric Heyer

Conséquence directe : le chômage augmente, mais dans quelle mesure ?

Nous pensons que le taux de chômage atteindra 8 % d’ici fin 2025 (son niveau début 2021, ndlr). Pour 2026, tout dépend du scénario de croissance. Si elle s’accélère fortement, elle ne créera pas d’emplois sans en détruire, ce qui stabilisera globalement le chômage. Mais s’il n’y a pas beaucoup de croissance, des emplois seront détruits. Ce deuxième scénario est le plus probable, ce qui entraînerait une nouvelle augmentation du chômage.

Emmanuel Macron espérait néanmoins, lors de la campagne présidentielle de 2022, revenir au plein emploi, soit environ 5% de chômage . Mission impossible ?

Il est très peu probable que cet objectif soit atteint. Il faut toujours être prudent, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle. Reste que la situation internationale est compliquée : l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis sera plutôt négative pour la croissance de la zone euro. Le contexte national ne l’est pas moins, avec une stratégie budgétaire restrictive jusqu’à la fin du quinquennat. Il devrait donc y avoir peu de demande intérieure et peu de demande extérieure, donc très peu de raisons pour que l’activité reprenne significativement en France.

  • >

    Lire aussi

    INTERVIEW – Dette de la France : « Nous allons tous payer »

Quelles seraient les conditions de cette « bonne nouvelle » ?

Les Français ont sur-épargné depuis la crise. La seule possibilité serait qu’ils aient envie de consommer et puisent dans leur épargne pour maintenir la croissance. Ce n’est pas notre scénario, mais le gouvernement y croit. À court terme, il y a encore plus de raisons de penser que l’activité ne redémarrera pas plutôt que le contraire. On risque surtout de se retrouver dans une croissance atone, autour de 1%, qui ne crée pas d’emplois.


Ider VENDU

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :