Les autorités talibanes ont abattu mercredi à trois reprises un homme reconnu coupable de meurtre dans un stade de l’est de l’Afghanistan, la sixième exécution publique depuis leur retour au pouvoir en 2021, selon un décompte de l’AFP.
L’homme a été abattu dans la matinée dans le stade d’Allez, la capitale de la province de Paktia, rempli de milliers de personnes venues assister à cette exécution, a constaté un journaliste de l’AFP.
La veille, le gouvernorat avait appelé sur les réseaux sociaux les habitants à « participer à l’événement ».
L’ordre d’exécution a été signé par le chef suprême des talibans, l’émir Hibatullah Akhundzada, qui vit isolé dans son bastion méridional de Kandahar et gouverne le pays par décrets ou instructions, a indiqué la Cour suprême dans un communiqué.
Les tribunaux de différentes juridictions avaient déjà examiné l’affaire « très attentivement et à plusieurs reprises », a indiqué la Cour.
La famille de la victime a été consultée pour savoir si elle pardonnerait au condamné. Face à son refus, l’exécution a été ordonnée en vertu du principe islamique du « qisas » ou loi du talion, selon la même Source.
En février, trois hommes ont été exécutés la même semaine, deux à Ghazni, dans l’est, et un à Sheberghan, dans le nord. Avant cela, un homme avait été abattu en décembre 2022 et un deuxième en juin 2023. Tous avaient été reconnus coupables de « meurtre ».
“Jusqu’à la mort”
Les exécutions publiques étaient courantes sous le premier régime taliban, entre 1996 et 2001. Les condamnés étaient le plus souvent tués par balle ou par lapidation, selon les crimes reprochés.
L’une des images les plus marquantes de leur premier régime reste celle en 1999 de l’exécution d’une femme portant la burqa dans un grand stade de Kaboul, devant des milliers de spectateurs. Elle avait été reconnue coupable du meurtre de son mari.
Depuis août 2021, les autorités procèdent régulièrement à des flagellations publiques pour d’autres délits, comme le vol, l’adultère ou la consommation d’alcool.
L’émir Hibatullah Akhundzada a affirmé en août, à l’occasion du troisième anniversaire de la prise de Kaboul, que l’application de la loi islamique était « une responsabilité jusqu’à la mort ».
Peu après, les autorités annoncent une nouvelle loi pour « la propagation de la vertu et la répression du vice » régissant tous les aspects de la vie sociale et privée des Afghans selon une interprétation ultra-rigoureuse de la loi islamique.
Ces zones grises, jugées préoccupantes par les défenseurs des droits humains, avaient suscité un tollé de la part de la communauté internationale, qui ne reconnaît toujours pas le pouvoir des talibans.
L’ONU accuse de son côté les autorités d’avoir instauré un « apartheid de genre » dans le pays de 45 millions d’habitants, l’un des plus pauvres au monde, avec une croissance anémique, un chômage massif et une grave crise humanitaire.
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