C’est l’heure de la réquisition au procès des assistants parlementaires du RN ce mercredi 13 novembre. Jugée dans cette affaire, Marine Le Pen risque une peine de prison, une lourde amende et surtout une peine d’inéligibilité.
Marine Le Pen, qui a en ligne de mire les élections présidentielles de 2027, a dû tourner son regard vers un autre rendez-vous décisif : le procès contre les assistants du Front national (FN) au Parlement européen. L’affaire pourrait anéantir ses espoirs et ses chances de remporter les élections, voire d’y participer… Dans cette affaire de soupçons de postes fictifs au Parlement européen, la députée du Rassemblement national (RN) est jugée pour détournement et recel de fonds publics en conjonction avec le but de 24 autres membres du parti pour un préjudice total estimé à près de 7 millions d’euros. Après sept semaines d’audiences, place aux réquisitions. Marine Le Pen prendra connaissance des peines demandées à son encontre par le parquet ce mercredi 13 novembre en fin de journée.
Si lors des premières audiences Marine Le Pen s’est montrée confiante, déclarant qu’elle pouvait prouver son innocence, lors du procès la figure de proue du parti d’extrême droite a été déçue après des audiences parfois très difficiles. Loin de la sérénité apparente du début du procès, les politiques semblent désormais convaincus qu’il sera bientôt condamné. “Nous sommes soumis à une présomption de culpabilité”, a-t-il déclaré lors d’une audience, estimant que “l’avis” des juges “avait déjà été exprimé et que les arguments de la défense étaient en quelque sorte évacués comme s’ils ne représentaient rien, qu’ils étaient presque une présomption de culpabilité”. nuisance.”
Mais une condamnation pourrait coûter cher à Marine le Pen : la députée risque une peine maximale de 10 ans de prison et un million d’euros d’amende, mais elle risque surtout de perdre ses droits civiques et donc de devenir inéligible aux élections, quelles qu’elles soient. . .
Marine Le Pen ne peut-elle pas être admise en 2027 ?
Si elle est reconnue coupable, Marine Le Pen encourt jusqu’à dix ans de prison et un million d’euros d’amende, le tout assorti d’une peine d’inéligibilité pouvant aller jusqu’à cinq ans en vertu de l’article 432-17 du code pénal. Mais la figure du parti de la flamme exerçant un mandat électif public au moment des faits, la peine d’inéligibilité peut atteindre jusqu’à dix ans comme le prévoit l’article 131-26-1 du code pénal. Une peine d’inéligibilité de plus de trois ans empêcherait Marine Le Pen de se présenter à l’élection présidentielle de 2027.
Si une décision d’inéligibilité est rendue, la question sera de savoir si elle pourra ou non être suspendue si Marine Le Pen conteste la décision du tribunal. L’inéligibilité avec exécution provisoire s’appliquerait également en cas d’appel, tandis qu’une peine sans exécution provisoire offrirait un sursis à Marine Le Pen qui conserverait ses droits civiques jusqu’à ce que la décision d’appel, voire la décision de cassation, soit prononcée.
L’implication de Marine Le Pen doit être prouvée
Marine Le Pen, qui a présidé le RN dit Front national jusqu’en 2018, de 2011 à 2021, est mise en cause, car soupçonnée d’avoir participé à la création d’un système frauduleux d’emplois fictifs impliquant les assistants parlementaires des députés européens de son parti. Les faits jugés se sont produits entre 2004 et 2016, donc en partie sous la présidence du député Hénin-Beaumont. Éléments d’enquête et témoignages indiquent que Marine Le Pen connaissait le système et l’encadrait, c’est le cas des déclarations des anciens députés Aymeric Chauprade, aujourd’hui retraité, et de Sophie Montel ou encore de l’ancienne assistante parlementaire des élus. du RN , Nicolas Franchinard, contacté par Mediapart.
Echanges de courriers électroniques, notamment du bureau de Marine Le Pen, sur les instructions relatives à l’utilisation des fonds alloués par le Parlement européen à chaque élu, consultés par Mediapart, montrent que les instructions données aux députés – à savoir embaucher un seul assistant pour travailler sur les projets parlementaires et en recruter d’autres pour travailler sur des tâches bénéfiques au parti – venaient de la direction, et donc probablement de Marine Le Pen. Mais l’implication personnelle et directe de Marine Le Pen doit être démontrée. François Bayrou, président du MoDem, jugé dans une affaire similaire en février 2024, a été acquitté « avec le bénéfice du doute » faute de preuves suffisantes prouvant son implication.
Marine Le Pen a toujours contesté tout système frauduleux de travail fictif. Lors des auditions dans le cadre de l’enquête, elle a déclaré : “Ce n’est pas moi qui prenais les décisions et qui les imposais aux députés et aux salariés”. Quant à d’autres documents comme les tableaux démontrant la gestion centralisée des financements parlementaires par le trésorier du FN, elle s’est dégagée de toute responsabilité sans nier avoir eu connaissance de cette opération : « Je ne dirais pas que j’ai supervisé cette gestion plutôt que que j’en ai été informé.
Il n’en reste pas moins que Marine Le Pen n’est pas spécifiquement impliquée dans les échanges de mails précités puisque tous les échanges ont eu lieu via son cabinet selon le témoignage de Nicolas Franchinard. “Elle est consciente de tout mais n’apparaît nulle part”, résume-t-il Mediapart.
16h13 – Pourquoi le cas Le Pen au procès du RN n’est-il pas comparable à celui de Bayrou pour le MoDem ?
Le procès du RN n’est pas le premier du genre : en début d’année, le MoDem a été jugé dans une affaire similaire impliquant des emplois fictifs d’assistants parlementaires au Parlement européen. Dans cette affaire, la sentence prononcée en février 2024 condamnait huit prévenus à des peines de dix à dix-huit mois de prison et des amendes de 10 000 à 50 000 euros, ainsi qu’à deux ans d’inéligibilité avec sursis. Le sujet a été jugé devant deux entités juridiques différentes : l’UDF et le MoDem ont été condamnés à une amende de 150 000 euros dont 100 000 euros fixés pour la première et 350 000 euros dont 300 000 fixés pour la seconde. En revanche, François Bayrou, qui était le prévenu le plus important dans cette affaire et soupçonné d’être le créateur de ce système, avait été libéré “avec le bénéfice du doute” face à l’impossibilité de prouver qu’il avait connaissance d’une fraude. , mais s’il était jugé “très probable” que les actes commis aient été accomplis avec son “autorisation”.
Un point qui pourrait faire la différence entre le procès RN et celui réservé à Marine Le Pen. Son implication reste également à prouver, mais les documents contenus dans le dossier incluent plusieurs échanges de courriers électroniques dans lesquels il apparaît que la députée était au courant d’un stratagème frauduleux et l’aurait dans une certaine mesure supervisé. Il n’en demeure pas moins que la plupart du temps, c’est votre bureau qui est poursuivi et non vous directement. Cela suffira-t-il pour que la justice la déclare coupable ou aura-t-elle également droit à un acquittement « avec le bénéfice du doute » ?
14h16 – Une affaire « sans précédent » selon le parquet et les demandes de rendez-vous
L’un des procureurs a déclaré lors de l’audience de mercredi que l’affaire dite des assistants parlementaires du RN était “sans précédent” en raison de “son ampleur, sa durée, le caractère systématique de l’organisation et le mépris de ses auteurs”. “C’est une atteinte grave et durable que ces faits et comportements portent aux règles du jeu démocratique”, a-t-il poursuivi. Une description des faits qui pourrait nécessiter de sévères réquisitions contre Marine Le Pen, son parti et les dirigeants d’extrême droite impliqués dans l’affaire ? Les procureurs ont commencé à examiner le dossier de chaque accusé à la reprise de l’audience à 14 heures, les déclarations n’étant attendues qu’en fin de journée.
12:01 – Ce que risque Marine Le Pen au procès du RN
L’heure est aux réquisitions dans le procès contre les assistants parlementaires du RN et ce sont celles qui seront utilisées contre Marine Le Pen qui intéressent le plus. L’ancien président du parti d’extrême droite encourt une peine maximale de 10 ans de prison, un million d’euros d’amende et une peine d’inéligibilité pouvant aller jusqu’à 10 ans. Le ministère public peut toutefois imposer des peines moindres ; il est difficile de prévoir quelles peines seront demandées. Il semble toutefois évident que le parquet demandera des sanctions contre le député nordiste. Les questions qui se posent concernent donc une éventuelle peine de prison, qui si elle était suivie lors du verdict représenterait un coup dur pour le parti, ainsi qu’une sanction d’inéligibilité qui pourrait alors priver le chef du parti d’une candidature aux prochaines élections présidentielles. élection.
Il faut garder à l’esprit que les réquisitions contre Marine Le Pen ne seront pas forcément les peines prononcées à l’issue du procès. Le verdict peut toujours être plus clément ou au contraire plus sévère que les réquisitions.
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