Nommé à la tête du « Département de l’efficacité du gouvernement », l’homme d’affaires devrait jouer un rôle important dans la seconde présidence républicaine. Ses activités industrielles ne devraient pas en pâtir.
Il y a d’abord l’observation. “Elon Musk avait tort tout son réseau X au service de Donald Trump. Il a publié le faux profond où Kamala Harris a parlé de la sénilité de Joe Biden et des méthodes corrompues qu’il lui a enseignées. Il lui a fallu 48 heures avant de dire que c’était un faux. Pendant deux jours, ces contenus ont été diffusés aux quatre coins du Monde à grande vitesse. faux profond gangrène du cerveau. Il suffit de l’affronter une seule fois pour qu’il laisse sa trace. Il faudrait pouvoir mesurer l’influence de son contenu numérique sur l’élection présidentielle. On parle souvent de votes truqués. Avec Enquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science (Alisio, 2022). Compte tenu de l’ampleur de la victoire du milliardaire le 5 novembre (312 votants contre 216 pour la démocrate Kamala Harris, succès dans les sept “swing states”…), Il est difficile de croire que ce soutien ait joué un rôle déterminant. Pour autant, cela ne devrait-il pas déclencher un débat sur la santé de la démocratie américaine ?
Les propos désabusés d’Olivier Lascar le confirment. « Il est intéressant de voir que lors de la première élection de Donald Trump en 2016, le poids des réseaux sociaux a été fortement remis en question. L’affaire Cambridge Analytica soulève la question de savoir comment les données de l’entreprise ont été utilisées pour modifier le cours des élections. L’ingérence russe dans la campagne d’Hillary Clinton fait planer le spectre d’une manipulation majeure. On se dit donc qu’il faut être très prudent quant à l’utilisation des réseaux sociaux dans un contexte électoral. Mais qu’observe-t-on huit ans plus tard ? La situation est tellement caricaturale c’est comme si tout ce qui précède n’avait jamais existé. Le X a été utilisé en faveur de Donald Trump à la vue de tous. On n’est même plus dans le registre des manipulations cachées. Pourtant, c’est crémeux. C’est effrayant.
Jen Schradie, sociologue du numérique et professeur à Sciences Po, faire une offre dans une chronique de journal Le monde (« Entre les mains d’Elon Musk, X n’est plus seulement un réseau social, mais une arme », 4 novembre) et prévient : « Elon Musk semble prêt à utiliser [de cette arme] d’une manière qui façonnera la politique américaine pour les années à venir. Ses recherches l’ont en effet convaincue qu'”Internet favorise les conservateurs, qui savent utiliser ses plateformes pour diffuser leurs messages de plus en plus près de l’extrême droite”. Elon Musk et les Trumpistes, une alliance gagnante dans une série d’élections présidentielles à venir ?
« On parle souvent de fraude électorale. Avec X, Elon Musk a subi un lavage de cerveau.
Une mission rêvée
En attendant, il est important d’évaluer les dividendes que l’entrepreneur tirera de son soutien au Républicain réélu. Donald Trump l’a nommé mardi 12 novembre à la tête du « Department of Government Efficiency » qu’il dirigera avec un autre homme d’affaires, Vivek Ramaswamy. Il s’est présenté aux primaires républicaines de 2024 avant de rejoindre Donald Trump. Les deux hommes “ouvriront la voie à mon administration pour démanteler la bureaucratie gouvernementale, réduire les réglementations excessives, réduire les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales – éléments essentiels du mouvement ‘Save America'”, a déclaré le président réélu dans un communiqué. La mission est d’une durée limitée. Son expiration est fixée au 4 juillet 2026.”Un gouvernement plus petit, plus efficace et moins bureaucratique ce sera le cadeau idéal à offrir à l’Amérique à l’occasion du 250e anniversaire de la Déclaration d’indépendance », a ajouté Trump.
Le ministère de l’Efficacité du gouvernement, dont l’acronyme en anglais DOGE est un « clin d’œil » à la crypto-monnaie Dogecoin soutenue par Elon Musk, agira « en dehors du gouvernement fédéral » et rendra compte directement à la Maison Blanche. Le patron de Tesla, Space Cependant, la mission correspond parfaitement dans la lignée idéologique d’Elon Musklui qui est un fervent tueur des normes publiques, obstacles, selon lui, à la libre entreprise…
Musk semblait déjà vouloir jouer un rôle politique lorsqu’il s’est impliqué et a investi sa société Starlink dans le conflit en Ukraine. Il a mis ses satellites au service des Ukrainiens, pour assurer les communications entre les militaires. Mais cette possibilité s’est réduite lorsque l’armée de Kiev a voulu utiliser ses capacités pour attaquer la flotte russe de la mer Noire stationnée en Crimée. L’entrepreneur s’est même autorisé à publier, le 3 octobre 2022, un « plan de paix » qui à l’époque était jugée scandaleusement favorable à la Russie, mais qui serait peut-être jugée un peu différemment aujourd’hui, après presque trois ans de guerre (Crimée russifiée, sort des autres territoires occupés soumis aux résultats d’un référendum, neutralité de l’Etat ukrainien …)
Donald Trump pourrait-il utiliser Elon Musk et la société Starlink comme « moyen de pression » pour forcer le président Volodymyr Zelenskyj à négocier ? « L’utilisation des satellites Starlink a été limitée. Si au début de la guerre on pouvait dire qu’Elon Musk était un soutien important de l’Ukraine, aujourd’hui on ne peut plus le dire. C’est beaucoup plus ambivalent, estime Olivier Lascar. Il ne faut cependant pas le sous-estimer le succès technique dont Elon Musk et ses entreprises sont capables. Quel espace En termes de conception puissance douce et incarnation de la puissance technologique des États-Unis, c’est une pièce décisive. Mais c’est une pièce polarisante. Pendant que Trump se polarise…”
Ambiguïté envers l’État
Le credo du patron du Space Sans aucun doute. Deux exemples le démontrent.
Mais il faut d’abord identifier l’auteur deEnquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science une autre ambiguïté du personnage. « L’homme est ambivalent et hypocrite dans ses rapports avec la puissance publique. D’une part, il exige de l’État le moins de règles possible pour parvenir à ses fins. Ainsi, dans le secteur spatial, il tweete depuis des semaines pour se plaindre de l’attitude de la Federal Aviation Administration (FAA) qui met selon lui trop de temps à délivrer les autorisations de lancement de ses fusées Starship. Mais, d’un autre côté, la puissance publique lui a été très utile et il en est toujours ainsi. Space X doit ses gains financiers aux contrats accordés par le gouvernement fédéral. LE New York Times a estimé les sommes reçues par l’entreprise de diverses agences fédérales américaines au cours des dix dernières années à une quinzaine de milliards de dollars. Elon Musk apprécie l’argent public. Les règles des pouvoirs publics, encore moins”.
“Elon Musk a le point de vue opposé à l’argument selon lequel il n’y a pas de plan B parce qu’il n’y a pas de planète B. Pour lui, c’est Mars.”
Parmi les exemples de dividendes qu’Elon Musk pourrait tirer directement du mandat de Trump figurent les commandes de lancements spatiaux de la NASA », prédit Olivier Lascar. Et il est un autre domaine dans lequel on pourrait penser qu’une divergence séparait Elon Musk et Donald Trump mais qui, in fine, pourrait être servi par le mandat de ce dernier, est celui de la voiture électrique. On sait que l’ancien président n’était pas un ardent défenseur de ces progrès. Sa nouvelle proximité avec le patron de Tesla va probablement faire évoluer sa position. Lui-même l’avait annoncé en août lors de la campagne électorale : “Elon me soutient tellement que je n’ai d’autre choix que de soutenir la voiture électrique”… Dès son élection, les actions de l’entreprise ont également été valorisées à 50% sur la Bourse de New York.
Pas un écologiste
Pour Elon Musk, l’enjeu des années à venir dans ce secteur réside dans la voiture autonome. “Dépassé sur le marché mondial des voitures électriques par le chinois BYDcherche à reprendre le contrôle de la prochaine phase du transport, la conduite autonome. Elle a présenté le 10 octobre le cœur de sa nouvelle stratégie de croissance, les taxis autonomes”, commente Philippe Escande, directeur du supplément économique de la Monde. Son développement dépend en grande partie de l’assouplissement du cadre réglementaire qui encadre les expérimentations dans ce créneau. Le mandat de Donald Trump pourrait l’y aider.
Selon Olivier Lascar, non d’un côté Musk le défenseur de l’environnement et de l’autre Trump le climato-sceptique. Tout simplement parce que ce n’est pas la première qui définirait le succès de Tesla. «Je ne pense pas qu’Elon Musk soit arrivé à la voiture électrique parce que le moteur électrique évite l’émission de gaz à effet de serre, contrairement aux moteurs thermiques. Il a investi dans ce secteur parce qu’il comprenait que les énergies fossiles allaient s’épuiser à court terme et il se le disait.nous avons dû passer à un autre type d’énergie. De temps en temps, il accompagnait ses observations de considérations environnementales pour vendre le projet ou trouver une clientèle qui y était sensible. Mais ce n’est pas le cas. Elon Musk est toujours l’homme qui prend littéralement le point de vue opposé à l’argument que nous avons souvent entendu lors des négociations de l’accord climatique de Paris, selon lequel il n’y a pas de plan B parce qu’il n’y a pas de planète B. Musk affirme le contraire. Il dit qu’il existe une planète B, Mars, et qu’il faut tout faire pour y arriver. Elon Musk et Donald Trump ont le même point de vue sur la question du changement climatique : ils s’en moquent. Les premiers continueront à défendre la voiture électrique pour des raisons économiques. Le second le fera « en même temps » que Macron. Il va forer coûte que coûte et soutenir les activités de son nouvel ami. Mais C’est une erreur de supposer que Musk, parce qu’il est le promoteur de Tesla, est un écologiste. C’est un pragmatique et un opportuniste.” On ne peut pas mieux dire que les deux hommes étaient faits pour s’entendre. L’histoire dira si cette alliance a servi ou nui aux Américains et à la planète.
(1) Son dernier livre s’intitule Deepfake, l’intelligence artificielle au service du mensonge (Eyrolles, 200 pagine).
Objectif Mars
“Elon Musk un une obsessiondont il parle régulièrement, C’est Mars. 20 ans se sont écoulés depuis Travail. Ses activités sont très diversifiées. Ils semblent disparates. Mais le lien entre eux, je crois, c’est Mars, argumente Olivier Lascar, auteur deEnquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science (Alisio, 2022). C’est littéralement l’objectif de Space X, la société de lanceurs. Les satellites Starlink transmettent aujourd’hui Internet au sol ; demain ils pourront équiper une planète comme Mars. Les voitures autonomes de Tesla pourraient être très pratiques pour relier deux points d’une planète à la surface hostile comme Mars. Les systèmes de contrôle de robots basés sur le cerveau de Neuralink pourraient contrôler les robots sur Mars. Ce que toutes ces entreprises ont en commun, c’est Mars. Le projet avance de manière exponentielle. Mais Elon Musk en était arrivé à un point où il avait besoin d’un partenaire politique pour lui dire : « D’accord, le premier voyage humain sur Mars doit avoir lieu cette année. » Maintenant, il a ce partenaire. »
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