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la mort d’un cycliste surnommé “l’homme bleu”, percuté par un automobiliste, relance le débat sur le partage de la route – Libération

Connu de Limoges et ses environs, Jean-Marc Chatard est décédé vendredi 8 novembre dans un accident de la route alors qu’il roulait à vélo. Les associations de défense des cyclistes condamnent les « violences routières systémiques ».

Inépuisable, « l’homme en bleu » faisait encore du vélo à 74 ans. Jean-Marc Chatard, facilement reconnaissable à sa combinaison de travail qui lui vaut son surnom, est décédé vendredi 8 novembre, heurté par une voiture sur une route départementale à la tombée de la nuit. , près de Limoges. Connu dans la capitale de la porcelaine et ses environs depuis des décennies, « l’homme en bleu » ravive, moins d’un mois après le meurtre présumé du cycliste Paul Varry à Paris, la colère des usagers et des associations défendant la petite reine. D’autant que l’automobiliste d’en face, un homme de 76 ans qui a reconnu les faits en garde à vue, ne s’est pas arrêté, affirmant avoir percuté un animal. Une enquête préliminaire a été ouverte pour homicide involontaire et délit de fuite.

Contrairement au conducteur d’un SUV qui aurait délibérément renversé le cycliste Paul Varry à Paris le mois dernier, dans ce cas précis, “ce n’est pasa prioripas de violence routière intentionnelle », note Olivier Schneider, co-président de la Fédération française des usagers du vélo (FUB). Il n’en reste pas moins que pour l’expert, cet accident est le reflet d’un «violence routière systémique» : “Cela consiste à rendre normal de rouler vite, de doubler au hasard, ou encore de conduire quand on a des problèmes de vision évidents”, il énumère.

Car si l’automobiliste affirme avoir déjà percuté un animal sur la même D979 reliant Limoges à Eymoutiers, à l’est de la Haute-Vienne, “Pourquoi n’a-t-il pas vérifié ses pneus, son pare-chocs ou même ce sur quoi il venait de rouler ?” demande avec agacement Olivier Schneider, qui se dit « choqué par le délit de fuite ».

L’âge avancé de l’automobiliste fait justement écho à celui d’un octogénaire, qui avait renversé en juin dernier un groupe de douze enfants circulant à vélo à La Rochelle, tuant l’un d’entre eux.

De quoi relancer les débats sur la nécessité d’un examen médical obligatoire pour la délivrance ou le renouvellement du permis de conduire – les députés européens avaient rejeté une loi en ce sens en février. “Je ne dis pas que le problème concerne uniquement les personnes âgées” désamorce Valérie Faucheux, adjointe à la ville de Rennes chargée de la mobilité et membre du Club des Villes et Territoires Cycliques. « Mais ils peuvent avoir des défaillances sensorielles. Après un accident vasculaire cérébral l’année dernière, mon père a été autorisé à conduire, sans avoir été examiné !elle prend comme exemple. De manière générale, le permis a été délivré à de nombreuses personnes “avant la nouvelle réglementation et l’essor du cyclisme”, souligne-t-elle. Ainsi, de nombreux automobilistes ne savent pas ce qu’est un antivol pour vélo, la piste cyclable à double sens ou ignorent l’existence des panneaux M12, panneaux de passage réservés aux cyclistes.

Hypocrisie insupportable

Un problème de communication et de sensibilisation largement pointé du doigt par les associations concernées. “Les automobilistes n’ont pas de cyclistes dans leur grille de lecture” souligne Olivier Schneider. La majorité des cyclistes sont tués en dehors des zones urbaines, comme Jean-Marc Chatard. Si le ministre des Transports François Durovray a annoncé, après le décès de Paul Varry, une mission contre les violences sur les routes, qui devrait normalement contenir un volet pédagogique, la suppression ultérieure du très apprécié Plan Vélo pour raisons d’austérité budgétaire a jeté un froid . « Il faut rétablir ce Fonds pour permettre aux collectivités de continuer à développer des aménagements cyclables, quitte à privilégier les zones rurales, où il n’y a presque rien »» a affirmé Olivier Schneider.

« Tout cela est insupportablement hypocrite » l’auteur franco-néerlandais Stein Van Oosteren, auteur de Pourquoi pas le vélo ? Envie d’une cyclable (Éditions Écosociété). « Les décès à vélo ne sont pas des accidents, mais le résultat d’une politique du « tout automobile » qui a permis de créer des routes sans aucune protection pour les usagers vulnérables. Mécaniquement, cela crée des morts. Jean-Marc Chatard, comme beaucoup d’autres, a payé le prix de ces choix politiques. explique-t-il sans mâcher ses mots. Pour lui et d’autres, la solution ne réside pas dans le partage de la route, mais dans une « transformation » de la route. En rétrécissant les voies pour accueillir des pistes cyclables ou encore en réduisant la vitesse maximale à 30 km/h sur l’ensemble d’une ville (un piéton a environ 90 % de chances de survie lors d’un choc avec un véhicule circulant à 30 km/h), ce chiffre tombe à 20% à 50 km/h).

Mauvais signal

Après avoir expérimenté les 80 km/h, le rétablissement des 90 km/h sur certaines routes départementales, comme c’est le cas sur la D979, a également envoyé un message “mauvais signal” estime Valérie Faucheux, tout comme la mesure de Gérald Darmanin, se réconciliant avec les petits excès de vitesse. « Je demande souvent des comptes aux élus en prenant des décisions que je trouve plus qu’électorales. Penser que revenir à 90 km/h garantirait la sécurité est faux. elle dénonce.

Olivier Schneider dit : « Les conditions pour passer à 90 km/h étaient la création d’une piste cyclable à côté de la route, cela n’a pas été fait ». Faute d’alternative, Jean-Marc Chatard s’est mis sur le bord de la route. Pour véritablement protéger les cyclistes et éviter d’autres drames, la solution semble simple selon les défenseurs du vélo : « il faut les séparer des voitures et réduire la vitesse de la circulation automobile », conclut Stein Van Oosteren. Il cite son pays natal pour preuve : aux Pays-Bas, les infrastructures cyclables sont telles que les cyclistes n’ont pas besoin de porter de casque.

 
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