Michel Rappaport, directeur de Yesh! à Zurich (7 au 14 novembre), revient sur les défis rencontrés dans l’élaboration du programme de l’édition de cette année ainsi que sur l’introspection de la diaspora juive suite aux attentats terroristes du 7 octobre 2023 sur le territoire israélien.
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12 novembre 2024 – 08h14
Eduardo Simántob
Né à Sao Paulo, au Brésil, il travaille à la rédaction portugaise de swissinfo.ch où il est responsable de la culture. Diplômé en cinéma, en gestion et en économie, il a été journaliste à Folha, un important quotidien de Sao Paulo, avant de s’installer en Suisse comme correspondant de divers organes de presse brésiliens. Basé à Zurich, Eduardo Simantob a travaillé dans le domaine des médias imprimés et numériques. Il a également participé à des coproductions internationales de Films documentaires, à des événements dans le domaine des arts visuels (3e Biennale de Bahia ; Musée Johann Jacobs de Zurich) et a été conférencier invité sur le thème du storytelling transmédia à la Haute école de Lucerne.
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Festival de cinéma Oui ! révèle les contradictions de l’identité juive
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Il existe des dizaines de festivals de films juifs dans le monde, de Hong Kong au Canada. Les États-Unis comptent à eux seuls au moins 20 festivals. Ils vont des événements communautaires à petite échelle aux événements plus professionnels comme ceux de Toronto, Londres et New York.
La multiplicité des festivals de films juifs reflète la diversité des identités et des perspectives juives, souvent en conflit : laïques et religieuses, sionistes et antisionistes, traditionalistes et réformistes, Israël contre la diaspora, et bien d’autres nuances entre les deux.
« Cet aspect multiculturel de la judéité est vraiment fascinant, mais il la rend aussi beaucoup plus complexe », explique Michel Rappaport, directeur de Yesh !Lien externe à Zurich.
Le mot OUI en hébreu, il a de nombreuses significations, mais fait essentiellement référence à l’existence ou à la présence de quelque chose. Dans le cas du festival, il s’agit de 34 films projetés du 7 au 14 novembre dans la plus grande ville de Suisse, ainsi que de séances de questions-réponses avec les réalisateurs et d’un débat sur le documentaire controversé. Israélisme par Erin Axelman (États-Unis). Bref, de nombreuses occasions de réfléchir à l’éternelle question de ce que signifie être juif.
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Pour les non-juifs, en particulier
Oui! est né d’un ciné-club composé de cinéphiles de la communauté juive de Zurich. Cette année, il célèbre sa dixième édition. Pour Michel Rappaport, le plus important – et la raison pour laquelle cet architecte consacre près de la moitié de son temps à l’événement – est de faire du festival une plateforme d’échanges qui rassemble les gens, juifs et non-juifs, à travers le cinéma. . « Si le festival était réservé aux Juifs, je ne le ferais pas », dit-il.
Michel Rappaport, directeur de Yesh! de Zurich.
KEYSTONE/Ennio Leanza
Au cours des dix dernières années, le festival a gagné en professionnalisme et rempli les cinémas locaux. Michel Rappaport attribue en partie ce succès à l’amélioration de l’image de l’événement en présentant des films plus « progressistes » qui ne plaisent pas forcément à tout le monde. « Cela ne veut pas dire qu’ils reflètent notre opinion », explique-t-il. Selon certains, il s’agit d’une provocation, mais ce que nous voulons provoquer, c’est un débat réaliste.”
Cette année, le festival propose un mélange de films de fiction et de documentaires provenant de 14 pays. En exposition notamment, Aucune autre terresacré meilleur documentaire au dernier Festival international du film de Berlin (Berlinale), en février. Les réalisateurs – le Palestinien Basel Adra et l’Israélien Yuval Abraham – ont fait face à de vives réactions, y compris des menaces de mort, après avoir prononcé un discours de remerciement appelant à une coexistence pacifique. Des hommes politiques israéliens et allemands ont qualifié ce discours d’antisémite. Mais cela n’a pas dissuadé Michel Rappaport.
Films palestiniens
« C’est devenu une sorte de tradition d’inclure des films palestiniens au programme du festival Yesh !, car c’est une question importante pour nous, juifs et pour le monde entier – et encore plus maintenant, après les événements du 7 octobre. , 2023 », observe Michel Rappaport.
Le thème incontournable est le suivant : les attentats terroristes du 7 octobre perpétrés par le Hamas et la riposte israélienne, qui depuis Gaza se sont propagés au Liban, en Syrie et en Iran, se rapprochant ainsi d’une guerre régionale. Les Juifs vivant hors d’Israël ne peuvent échapper au débat sur le conflit et il n’a pas été possible de l’éviter lors de l’élaboration du programme, explique le directeur du festival.
Michel Rappaport rappelle que les films israéliens ne représentent que la moitié de la programmation du festival, et qu’après le 7 octobre, un seul a été réalisé : le documentaire Supernova de la rave party dans le désert israélien, attaqué par le Hamas. « Il faut trois ans ou plus pour faire un film. Tous les autres ont été produits avant le 7 octobre, explique-t-il. On pourrait dire qu’ils sont dépassés, mais ils restent très actuels. Peut-être sont-ils devenus encore plus pertinents à la lumière des événements. »
À propos de la zone pillée de la rave Supernova, brutalement attaquée par les commandos du Hamas le 7 octobre 2023. Le documentaire sur l’attaque est le seul film du festival réalisé après le début de la guerre actuelle.
le pays
Il est vraiment regrettable, et c’est un euphémisme, qu’un grand nombre des victimes du Hamas soient des personnes qui s’identifiaient au « camp de la paix », une force politique en fort déclin en Israël. Le cinéma israélien est l’une des rares industries où les progressistes sont majoritaires.
En septembre, 300 cinéastes ont publié une lettre ouverte appelant au boycott de deux films israéliens projetés au festival. L’un d’eux est Pourquoi la guerreréalisé par Amos Gitai, sans doute le cinéaste israélien le plus important et critique de longue date d’Israël.
Le dilemme de la diaspora
Selon Michel Rappaport, l’extrême droite israélienne, avec son mélange explosif de nationalisme et de religion, a usurpé l’identité juive. « C’est vraiment dommage que nous devions nous éloigner d’Israël, ce que nous ne voulons pas. Mais à un moment donné, il faudra le faire », dit-il.
Michel Rappaport reconnaît cependant qu’il est peut-être injuste de critiquer la société israélienne depuis l’étranger. « Nous n’envoyons pas nos enfants dans l’armée », a-t-il déclaré. Il m’est difficile de blâmer les Israéliens. Toute leur vie, ils ont vécu entourés d’ennemis et vous avez vu ce qui s’est passé le 7 octobre. La réaction d’Israël est peut-être naturelle. Je ne sais pas comment je réagirais. »
«Mais d’un autre côté, les Israéliens ne prennent pas suffisamment leurs distances. Ils ont besoin que la diaspora leur dise : « Regardez, prenez du recul et regardez ce que vous faites. » Ce qui arrive à la Palestine ne vient pas de nulle part. Je ne blâme pas les Israéliens, mais tant de choses ont mal tourné au cours des soixante-dix dernières années. »
Michel Rappaport avoue se sentir souvent ébranlé : « Depuis une trentaine d’années, les Israéliens sont aveugles. Ils ont bénéficié d’une économie parfaite, de la croissance de l’industrie de haute technologie, mais, sous leurs yeux, de l’emploi [des territoires palestiniens] Israël occupé. J’ai toujours eu peur qu’un jour quelque chose arrive, parce que cela ne pouvait pas durer éternellement. Et c’est malheureusement arrivé il y a un an.”
D’autres sujets que la guerre sont abordés : le film israélien « Running on Sand » ouvre une fenêtre sur les réfugiés érythréens en Israël.
OUI!
Êtes-vous unis ?
D’ici la fin du mois, Genève accueillera le 13èmee édition des Rencontres Cinématographiques « Palestine, filmer existe » (27 – 1er novembreET décembre), festival dédié au cinéma palestinien. Une autre a eu lieu à Zurich, à laquelle Michel Rappaport était également invité, mais le Yesh! et ces événements sont distincts.
Michel Rappaport dit avoir envisagé d’organiser un festival juif palestinien en Suisse.
“Peut-être dans quelques années, mais ce serait une manifestation totalement différente de Yesh !”, précise-t-il.
Mais cela ne serait pas facile pour les Palestiniens, souligne-t-il : « Je voulais projeter un film palestinien au festival Yesh !, mais les producteurs arabes ont dit aux distributeurs qu’ils ne nous le donneraient pas. »
« Le peuple palestinien subit également des pressions de la part du monde arabe pour qu’il n’entre pas en contact avec les Juifs dans un souci de collaboration, voire de paix. Il y a à Zurich des gens avec qui je n’ai aucun lien, mais que j’aimerais rencontrer, des organisations qui rassemblent juifs et palestiniens. Mais je suppose que c’est beaucoup plus facile pour moi que pour eux de s’engager dans un projet comme celui-là.”
La quête de Michel Rappaport pour établir des liens avec l’autre partie nécessite, dans un premier temps, une conscience de la souffrance des Palestiniens ainsi que de l’imagination pour concevoir et réaliser la coexistence des deux communautés. « Il y a trop d’armes et aucune vision positive d’un avenir pacifique », déplore-t-il. Côté visionnage, pour l’instant, il n’y a que des films.
Texte relu et vérifié par Simon Bradley, traduit de l’anglais par Zélie Schaller/sj
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À la découverte des identités juives
Ce contenu a été publié sur
9 juin. 2021
Le Oui! à Zurich explore l’identité juive à travers 32 films.
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