La COP29, organisée dans un pays berceau du pétrole un an après celle de Dubaï, s’est ouverte lundi sur de vibrants appels à la coopération internationale. Tout le monde s’attend à ce que l’année prochaine, les États-Unis de Donald Trump deviennent le seul pays à sortir à deux reprises de l’accord phare sur le climat adopté à Paris en 2015.
L’émissaire du président démocrate Joe Biden, John Podesta, a beau avoir assuré lundi que les Etats, les villes ou les entreprises américaines continueraient d’agir pour compenser le déclin fédéral attendu, la sortie anticipée du deuxième pollueur mondial affaiblit les propos de ses négociateurs, et par extension le front des pays développés censé s’engager à donner plus d’argent aux pays en développement.
“Ce n’est pas la fin de notre combat pour une planète plus propre et plus sûre”, a soutenu John Podesta. “Le combat va au-delà d’une élection ou du cycle électoral d’un pays.”
Les Européens ont certes promis de persévérer. Mais rien ne presse à Bakou.
Emmanuel Macron, Olaf Scholz et le président de la Commission européenne seront absents du sommet de mardi et mercredi. L’UE sera notamment représentée par le Hongrois Viktor Orban, qui assure la présidence tournante du Conseil, Andrzej Duda (Pologne), Pedro Sanchez (Espagne) et Giorgia Meloni (Italie).
Seuls quelques pays du G20 seront représentés par un chef d’Etat ou de gouvernement, dont le Royaume-Uni avec son Premier ministre travailliste Keir Starmer, censé prendre un nouvel engagement en matière de réduction des gaz à effet de serre.
“Ce gouvernement estime que la sécurité climatique est une question de sécurité nationale”, a scandé son ministre Ed Miliband sur les réseaux sociaux.
– Les négociations les plus difficiles depuis 2015 –
Quelque 50 000 participants sont attendus sur les deux semaines de la COP29, dans le stade olympique de Bakou, au bord de la Caspienne, une mer dans laquelle l’Azerbaïdjan envisage une forte expansion de sa production de gaz naturel.
Au terme d’une première journée atone lundi, les près de 200 pays réunis ont fini par adopter tard dans la soirée une première décision : les premières grandes règles de l’ONU, censées instaurer un marché fiable des crédits carbone, jusqu’ici sans régulation internationale et soumis à aux abus, à la fraude et au « greenwashing ».
Une « percée », selon la présidence azerbaïdjanaise, qui souhaitait le succès dès le premier jour. Mais les ONG ont dénoncé une démarche musclée et un manque de transparence.
Les pays en développement, avec la Chine et l’Inde, se sont également battus en coulisses sur l’agenda, un bras de fer très symbolique des tensions entre le Nord et le Sud, qui sera le thème de toute cette COP.
Car c’est l’argent qui occupera les délégués nuit et jour jusqu’au 22 novembre.
L’aide climatique est utilisée pour construire des centrales solaires, améliorer l’irrigation, construire des digues ou aider les agriculteurs à faire face aux sécheresses.
Aujourd’hui à 116 milliards de dollars par an (en 2022), ce financement doit être plus que décuplé dans les années à venir, selon les pays pauvres. Des montants que les pays occidentaux jugent irréalistes pour leurs finances publiques, en période d’austérité en Europe.
“Ce ne seront pas des négociations faciles, peut-être même les plus difficiles depuis Paris”, a commenté la négociatrice allemande Jennifer Morgan.
Les dirigeants des pays pauvres frappés cette année par des catastrophes climatiques, notamment en Afrique et dans la région Asie-Pacifique, défileront en grand nombre à la tribune pendant deux jours.
Parmi eux, le leader par intérim du Bangladesh, Muhammad Yunus et Mia Mottley, la Première ministre de la Barbade, cheville ouvrière des projets de réforme de la finance mondiale au service du climat.
La véritable bataille pour obtenir un engagement financier des pays développés se poursuivra en coulisses.
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