6,5 milliards d’euros. C’est le montant versé par les assureurs français pour indemniser les victimes des catastrophes climatiques en 2023, ce qui en fait la troisième année la plus chère selon France Assureurs. Dans un communiqué, la fédération note que « sur les 4 dernières années, les pertes climatiques ont atteint en moyenne 6 milliards d’euros par an, soit nettement plus que celles de la décennie précédente », avant d’ajouter que « les dérèglements climatiques s’accentuent. se dégrade plus vite que prévu : sur cette même période 2020-2023, le coût des sinistres climatiques pour les assureurs est 18 % supérieur à la prévision établie par France Assureurs en 2021 à l’horizon 2050 ».
Au-delà des aspects sanitaires, sociaux ou environnementaux du changement climatique, se pose la question de son impact sur le secteur de l’assurance. Car dans un monde où les risques de catastrophes climatiques sont de plus en plus fréquents, avoir accès à un contrat d’assurance cela pourrait s’avérer plus difficile.
Une assurance plus chère et plus prudente
D’abord parce que, mécaniquement, un risque plus élevé entraîne une augmentation du prix de l’assurance pour les ménages, les collectivités et les entreprises. Selon le cabinet de conseil Facts & Figures, le coût de l’assurance habitation devrait augmenter de 10 à 12 % à partir du 1er janvier. prime de catastrophe naturelleprélevée sur les contrats d’assurance habitation, devrait connaître une augmentation de 12 à 20 %. Une revalorisation censée donner de l’oxygène à la Caisse centrale de réassurance (CCR), le réassureur public français, et que le Sénat souhaiterait voir automatisée à partir de 2027. « Cela évitera ce qu’on connaîtra tous sur nos factures au 1er janvier : une très “Un bond important car depuis plus de dix ans, nous n’avons pas augmenté ce taux, alors même que les coûts des sinistres s’envolaient”, a déclaré à l’AFP Christine Lavarde, sénatrice Les. Les Républicains, à l’origine de ce projet de loi.
Les assureurs pourraient aussi refuser d’assurer davantage lorsqu’ils jugent le risque trop élevé, comme c’est déjà le cas dans certains États des États-Unis. Selon l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), l’institution chargée de surveiller l’activité des banques et des assurances, les taux de résiliation de la part des assureurs seraient en augmentation significative d’ici 2050. Notamment dans les zones les plus exposées aux risques climatiques, comme les littoraux.
« Il faut regarder vers l’avenir et essayer de prédire »
Pour s’adapter, le secteur des assurances a fait des propositions au gouvernement en avril dernier. Par exemple, un système de bonus-malus fiscal pour les assureursen fonction du niveau d’exposition aux aléas climatiques des zones assurées, pour éviter que certaines zones ne soient délaissées par le marché de l’assurance. Ils suggèrent également de renforcer la prévention, notamment en investissant dans la résilience des bâtiments et en consolidant la cartographie des zones exposées aux risques naturels majeurs.
Les assureurs se préparent désormais à changer leurs méthodes de travail. « Le rôle de l’assureur a toujours été historiquement de s’appuyer sur le passé, c’est-à-dire sur l’histoire, sur des données et cela reste évidemment important. Mais aujourd’hui, les changements sont tels qu’il faut regarder vers l’avenir et essayer de prédire”, explique à l’AFP Frédéric de Courtois, directeur général adjoint de l’assureur français Axa. « Une des solutions consiste à investir toujours plus dans le capital humain et dans de nouvelles compétences : avec des météorologues, avec des sociologues, avec des experts dans différents domaines. »
Le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc), présenté le 25 octobre par le Premier ministre Michel Barnier, a également abordé la question. Il indique qu’un « système sera mis en place pour encourager les assureurs à maintenir une offre d’assurance abordable et disponible sur tout le territoire et de ne pas négliger les zones les plus à risque.
Le 17 octobre, le CCR a annoncé le lancement d’une carte pour identifier les zones les plus exposées aux catastrophes climatiques. Celle-ci sera ensuite comparée à une cartographie de présence des assureurs sur le territoire, pour identifier les lieux désertés par ces derniers. Si les premiers résultats doivent arriver au printemps 2025, les données resteront toutefois confidentielles pour ne pas perturber le marché immobilier, et seul l’Etat pourra les consulter.
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