Le lieu n’a pas encore été dévoilé pour le moment, mais une réunion de lutte contre l’antisémitisme se tiendra mercredi 13 novembre à Paris, à la veille d’un match de football tendu entre la France et Israël. A l’initiative de cet événement, un mouvement juif international de droite : Betar.
Le Betar compte manifester aux côtés du Mouvement étudiant juif français (MEJF). “Nous sommes choqués par ce qui s’est passé à Amsterdam et par la réaction des gouvernements”, a déclaré le président de l’organisation faîtière World Betar, Yigal Brand, cité dans le communiqué. “Nous sommes de fiers sionistes et n’avons aucune raison de nous excuser (…) Nous nous retrouverons mercredi à Paris et jeudi lors du match de football, également menacé par les jihadistes”, ajoute-t-il.
Un mouvement en faveur de « la création d’un grand État d’Israël »
Fondé en 1923 par Zeev Jabotinsky, à Riga, capitale de la Lettonie, le mouvement s’appelle Betar en mémoire de Joseph Trumpeldor, mais aussi en référence à un épisode de l’histoire ancienne. « Joseph Trumpeldor était un officier juif russe de l’armée tsariste, héros de la guerre russo-japonaise et figure sioniste. Aujourd’hui encore, il est une figure de courage et de retour en Israël”, explique Frédéric Encel, docteur en géopolitique et professeur à Sciences-po Paris. Le nom de Betar serait donc inspiré Le britannique Yosef Trumpeldor en hébreu, Alliance Joseph Trumpeldor en français. Et «c’est aussi le nom de la dernière forteresse juive tombée aux mains des Romains en 135», poursuit-il, «c’est donc un jeu de mots. »
Selon la définition donnée par Zeev Jabotinsky lui-même, « le rôle du Betar est extrêmement simple, et pourtant très difficile : créer le type de juif dont le peuple a besoin pour établir plus rapidement et plus efficacement l’État juif », rappelle le Betar à propos de son site.
Aujourd’hui le Betar est un “mouvement de jeunesse nationaliste judéo-sioniste”, favorable “à la création d’un grand Etat d’Israël”, estime Frédéric Encel. Présent dans 30 pays à travers le Monde, notamment en France, mais aussi « en Argentine, au Brésil, en Uruguay, en Australie, en Italie », selon le site, Betar est « particulièrement actif en Israël et aux Etats-Unis, où les communautés juives sont les plus nombreuses ». important », explique le professeur de Sciences-po Paris.
Sur son site internet, le mouvement explique organiser des “activités récréatives”, des “programmes éducatifs” ou des “séjours en Israël” pour les jeunes, mais aussi “des conférences, des séminaires, des tournées à travers le pays, des publications dans des magazines, des livres et bien plus encore”. « Elle organise principalement des colonies de vacances, un peu à la manière des universités d’été organisées par la section jeunesse d’un parti politique », poursuit Frédéric Encel, qui ajoute qu’en Israël, le Betar organise « de nombreuses marches ».
Un mouvement « extrêmement violent » dans les années 1990
Si le Betar n’est pas officiellement orienté politiquement, il s’agit de « la branche jeunesse du Likoud, le parti politique israélien auquel appartient Benjamin Netanyahu », selon Frédéric Encel. Le mouvement peut-il être qualifié de « radical » ou d’« extrême droite » ? « C’est tout le débat. Si nous définissons le Likoud comme un parti d’extrême droite, son aile jeunesse, le Betar, l’est également. Si nous pensons que le Likoud est un parti nationaliste, le Betar est également un mouvement nationaliste », a déclaré l’enseignant.
Dans les années 1990, le mouvement était cependant « extrêmement violent », reconnaît le spécialiste. En 1988, des violences, imputées à plusieurs membres du Betar, avaient éclaté en marge d’une manifestation contre l’antisémitisme dans le quartier de la Bastille, à Paris, indique l’INA dans un rapport.
En avril 2002, des affrontements éclatent entre anti-palestiniens et pro-palestiniens à l’aéroport d’Orly lors du retour de José Bové, expulsé de Ramallah par les autorités israéliennes. A l’époque, l’association France-Palestine Solidarité accusait les “militants du Betar” d’avoir “frappé les manifestants à coups de barreaux, volé les vestes et les papiers d’identité des jeunes et les avait menacés de mort”, rappelle Le Monde.
Plus récemment, en juin 2016, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Dilcra), Gilles Clavreul, a saisi la justice, à la suite d’un message Twitter du Betar appelant à « l’assassinat des Arabes » après les attentats de Tel-Aviv. attaque. , perpétré par deux Palestiniens, comme l’explique un article du Figaro.
La manifestation prévue mercredi intervient six jours après que les violences contre les supporters israéliens à Amsterdam ont amené le Premier ministre Benjamin Netanyahu à ordonner au Mossad de préparer un plan d’action pour prévenir de tels incidents lors d’événements sportifs.
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