Deux mois se sont écoulés depuis le titre paralympique. Mais Martin Baron n’est pas encore complètement descendu de son petit nuage. « Nous avons le sentiment d’avoir accompli quelque chose d’incroyable. Mais dire que nous sommes la meilleure équipe du monde pour les quatre prochaines années n’est pas encore réel dans ma tête.sourit l’attaquant de l’équipe de France de cécifoot, originaire d’Indre-et-Loire (ses parents ont longtemps vécu au Louroux, et aujourd’hui à Marcilly-sur-Vienne).
C’est en effet un véritable exploit qu’ont réussi les Bleus, en remportant la finale aux tirs au but contre l’Argentine, le 7 septembre dans le superbe cadre du Stade Tour Eiffel. Jusqu’à présent, tous les titres paralympiques, depuis l’apparition du cécifoot aux Jeux en 2004, avaient été remportés par le Brésil.
Mais le groupe français a toujours cru en son destin : « Nous avons toujours eu confiance en cette capacité à nous dépasser, à donner le meilleur de nous-mêmes »assure Martin Baron, rayonnant avec sa médaille d’or autour du cou. Et on devine qu’il n’y a pas que le métal brillant qui lui donne ce sourire permanent : sa personnalité est ensoleillée, il est facile de parler, avec beaucoup d’humour et d’autodérision, n’hésitant pas à plaisanter sur sa cécité.
« Nous travaillons côte à côte »
L’équipe de France a abordé les Jeux avec un groupe très soudé, composé de joueurs présents en sélection depuis de nombreuses années. Dix étaient déjà présents aux Jeux de Londres en 2012, dont Martin Baron, où la France avait remporté l’argent. « Nous sommes un groupe expérimenté, nous nous connaissons tous très bien, reconnaît le Tourangeau. Après, on n’était franchement pas favoris. Il y a des équipes comme le Brésil, l’Argentine, la Chine et d’autres qui sont professionnelles, qui ne font que ça de leur journée, pendant que nous travaillons en marge. »
Il est ingénieur informaticien en région parisienne, et joue dans un club de Bondy. C’est en Touraine qu’il tape ses premiers ballons, qu’il enveloppe dans un sac plastique pour les identifier sonorement. Et c’est à son arrivée près de la capitale qu’il commence réellement à jouer au cécifoot.
“J’étais serein, j’ai ressenti 11 500 regards bienveillants”
Désormais intégré à l’équipe de France, Martin Baron s’est illustré lors de ce tournoi paralympique à domicile. Lors de la finale, il a converti son tir au but. « Honnêtement, j’étais très calme. Le public nous a énormément aidé, j’ai ressenti 11 500 regards bienveillantsdit-il. Quand je marche vers le ballon, je pense aux paroles de notre entraîneur, qui nous avait dit avant le match que le gardien argentin était très bon sur le terrain et donc qu’il fallait viser dans les airs. J’ai donc essayé de le mettre le plus fort possible sous la barre, et cela a fait entrer la barre, exactement ce que je voulais. (rires). »
Et dire qu’on ne s’attendait pas du tout à ce qu’il soit parmi les tireurs, au même titre que le capitaine, Frédéric Villeroux. « Durant le camp de préparation, à la fin de l’entraînement, le coach prenait les trois ou quatre tireurs désignés et on attendait sur le côté. » Mais finalement, avant cette séance fatidique, le coach a fait appel aux deux attaquants, car ils étaient en forme et en confiance. Un choix rentable !
« Une entorse a failli me faire rater les Jeux »
Ce triomphe en finale reste évidemment l’un des plus beaux souvenirs de Martin Baron.
Il a également marqué son but en phase de poules, contre la Turquie (victoire 2-0). « En juillet, je me suis gravement foulé la cheville lors de notre préparation, ce qui a failli me faire rater les Jeux car j’ai failli devoir me faire opérer. J’ai fait beaucoup de rééducation et aucun entraînement avec le groupe, donc je n’avais aucune idée de ce que seraient mes compétences pour les Jeux. Donc marquer ce but et aider l’équipe à passer les phases de groupes a été un moment fort.il se souvient.
Martin Baron n’oubliera jamais non plus la ferveur dans le stade (“C’est vraiment nouveau pour nous d’avoir 11 500 personnes dans les tribunes”), mais aussi à l’extérieur. Nul doute que cet été 2024 restera à jamais gravé dans son esprit.
« Il faut un avant et un après Paris 2024 »
Grâce aux Jeux de Paris 2024, le cécifoot, comme beaucoup d’autres disciplines paralympiques, est plus que jamais mis à l’honneur. Et le soufflé ne doit pas tomber, estime Martin Baron. « Qu’il y ait un avant et un après Paris 2024, c’est vraiment une responsabilité collective », souligne l’attaquant.
Il y a d’abord celle des principaux acteurs : « En tant que joueurs, nous avons cette responsabilité de continuer à faire briller notre discipline, de faire le meilleur travail possible pour qu’elle soit attractive à regarder. »
Mais il y a aussi celui du public et des médias. « Le grand public ne doit pas seulement venir voir des compétitions très compétitives comme les Jeux Paralympiques, mais aussi le championnat de France, la Coupe de France, ou encore des compétitions internationales comme les championnats d’Europe et du monde. Et les médias doivent aussi comprendre qu’il ne s’agit pas uniquement des Jeux. Les autres compétitions méritent tout autant d’être mises en avant », poursuit Martin Baron.
Le prochain grand événement pour les Bleus sera le Championnat d’Europe 2026, qui se déroulera en France. Avec son club de Bondy, Martin Baron envisageait de reprendre en octobre ou novembre, selon la durée de guérison de son entorse. « Je dois vraiment prendre soin de ma cheville. Et quelques semaines de pause, ça fait du bien, car la saison a été extrêmement longue : entre l’équipe de France et le club, on est resté douze mois sans coupure”, a-t-il témoigné.
Mais auréolé de l’or paralympique, Martin Baron est bien décidé à continuer de profiter de sa passion pour le sport, en espérant la voir se développer…
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