- Auteur, Will Ross
- Rôle, Rédacteur régional pour l’Afrique, BBC News
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il y a 12 minutes
Le président russe Vladimir Poutine a offert ce qu’il a appelé « son plein soutien » à l’Afrique, notamment dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a lu le discours à ses homologues africains lors d’un sommet à Sotchi, station balnéaire de la mer Noire.
Plusieurs gouvernements africains ont rompu leurs liens avec leurs alliés occidentaux traditionnels et se tournent vers Moscou pour obtenir de l’aide dans la lutte contre les fréquentes attaques des jihadistes.
Lors du sommet, le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Karamoko Jean-Marie Traoré, a déclaré que la Russie était un partenaire international plus approprié que la France, ancienne puissance coloniale.
Ce point de vue est partagé par plusieurs anciennes colonies françaises et a été réitéré par le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, qui a opposé le partenariat « sincère » du Kremlin aux relations « néocoloniales » des puissances occidentales.
Il a indiqué qu’outre la coopération militaire, le Mali explorait d’autres projets communs dans les secteurs de l’énergie, des télécommunications, de la technologie et des mines.
« Les entreprises russes travaillent dans tous ces domaines avec le gouvernement malien et ses partenaires [privés] au Mali pour apporter des solutions aux défis auxquels est confronté le peuple malien. Les deux parties ont convenu d’accélérer le rythme afin d’obtenir des résultats rapides », a-t-il déclaré lors de la deuxième et dernière journée de la Conférence des ministres africains des Affaires étrangères.
Les combattants mercenaires Wagner – désormais rebaptisés Africa Corps par le ministère russe de la Défense – étaient le choix privilégié des chefs militaires qui ont ordonné le départ des troupes françaises et onusiennes.
L’aide de la Russie, souvent en échange d’un accès aux matières premières, s’accompagne également de promesses qu’il n’y aura pas d’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays ni de leçons sur la manière de conduire des élections.
Cependant, les expéditions militaires russes au Burkina Faso, au Mali et au Niger ont contribué à protéger les dirigeants de la junte dans ces pays, mais n’ont pas permis de faire beaucoup de progrès dans la lutte contre les militants islamistes.
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que la conférence avait anéanti les espoirs occidentaux d’isoler la Russie.
M. Lavrov a déclaré que les relations de la Russie avec l’Afrique se renforcent « de plus en plus » et progressent « à tous les niveaux ».
Le discours de M. Poutine a souligné ce point.
“Je voudrais réaffirmer que notre pays continuera à apporter son plein soutien à nos amis africains dans différents secteurs : assurer le développement durable, lutter contre le terrorisme et l’extrémisme, lutter contre les épidémies, les problèmes alimentaires et les conséquences des catastrophes naturelles”, a-t-il déclaré.
Emanuela Del Re, représentante spéciale de l’UE pour la région du Sahel en Afrique de l’Ouest, a déclaré à la BBC que l’Occident doit accepter les changements d’allégeance.
Si la Russie est « certainement un acteur très malveillant », la diplomate italienne a expliqué qu’elle entretenait un lien fort avec l’Afrique dès avant les indépendances et qu’elle n’est pas la seule à s’intéresser au Sahel.
« C’est en grande partie un désert, mais en réalité la région est très peuplée : à l’heure actuelle, il y a l’Arabie saoudite, la Turquie, l’Iran… l’Union européenne et le Royaume-Uni », a-t-elle déclaré.
En fait, les dirigeants africains sont pragmatiques quant à la nécessité de « diversifier leurs partenariats », a déclaré Del Re, ajoutant que ce n’est pas le moment pour l’UE d’abandonner ce qu’elle a appelé les « trois pays difficiles » que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger. qui ont tous connu des coups d’État ces dernières années.
Elle a ajouté qu’il ne faut pas y voir une concurrence.
Le Rwanda, qui entretient des liens étroits avec la Grande-Bretagne et l’Occident, est l’un des pays africains qui a déjà signé des accords avec Moscou pour l’aider à construire une centrale nucléaire.
Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, qui se trouve également à Sotchi, a déclaré à l’agence de presse AFP que des centaines d’étudiants rwandais étaient diplômés des universités russes, y compris « ceux qui se spécialisent en sciences nucléaires.
“Nous espérons pouvoir former un certain nombre de cadres scientifiques spécialisés dans ce domaine”, a-t-il ajouté.
Il y a cinq ans, Poutine avait promis de doubler les échanges commerciaux avec l’Afrique, ce qui n’a pas été fait.
Mais par d’autres moyens, que l’Occident considère comme déstabilisants pour le continent, l’influence de la Russie s’est considérablement accrue.
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