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Victime du syndrome post-traumatique, ce militaire a donné le coup d’envoi du match Rennes-Toulouse

« Un soir, mon mari m’a appelé pour me dire qu’il était hospitalisé parce qu’il ne se sentait pas bien. Mais il me dit de ne pas m’inquiéter… » C’était il y a dix ans mais Véronique Boyer s’en souvient comme si c’était hier. Comment ne pas s’inquiéter quand on est une femme de soldat et que son mari se trouve quelque part, à 5 000 km de chez soi, dans une région dangereuse d’Afrique ?

Dimanche 10 novembre 2024, avec le soutien de l’Office national des combattants et victimes de guerre (Onacvg 35), toute la famille Boyer s’est réunie au Roazhon Park, à Rennes car son mari Emmanuel et leur fils Timéo, 15 ans, ont donné le coup d’envoi symbolique du match entre Rennes et Toulouse. Un premier coup de pied dans le ballon pour lancer la campagne nationale de don au Bleuet de , œuvre qui soutient les soldats blessés en opérations, les veuves de guerre, les pupilles de la Nation et les victimes d’actes de terrorisme.

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Le grand stade, la foule… « Je redoutais… reconnaît Emmanuel Boyer qui a servi l’armée pendant vingt-sept ans. Ma blessure n’est pas visible. J’ai le SSPT… » C’est un syndrome de stress post-traumatique, une blessure psychologique, une déchirure de l’âme.

En opération extérieure au Mali

Soldat au 11e Régiment d’artillerie de marine (11e RAMa) de Saint-Aubin-du-Cormier (Ille-et-Vilaine), il rejoint le Mali en septembre 2013 pour l’un des derniers mandats de « Serval » (1).

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Emmanuel Boyer avec son épouse Véronique et leurs enfants Timéo et Maëlis. Blessé mental, il a donné le coup d’envoi de la rencontre entre Rennes et Toulouse, dans le cadre d’une opération nationale du Bleuet de France en faveur des militaires blessés. | OUEST-FRANCE
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Emmanuel Boyer avec son épouse Véronique et leurs enfants Timéo et Maëlis. Blessé mental, il a donné le coup d’envoi de la rencontre entre Rennes et Toulouse, dans le cadre d’une opération nationale du Bleuet de France en faveur des militaires blessés. | OUEST-FRANCE

Avec 25 camarades du 11e RAMa et militaires d’autres régiments, Emmanuel Boyer rejoint la base avancée de Ménaka, au nord-est du Mali. Les militaires français effectuent régulièrement des missions de patrouille. « Nous en profitions parfois pour faire quelques courses sur un marché local » se souvient de l’ancien caporal-chef du 1est classe.

Des soldats français de l’opération Barkhane, photographiés en mai 2019, près de la ville de Gossi, au Mali. | PASCAL SIMON/OUEST-FRANCE
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Des soldats français de l’opération Barkhane, photographiés en mai 2019, près de la ville de Gossi, au Mali. | PASCAL SIMON/OUEST-FRANCE

C’est un matin de début novembre 2013 que tout a basculé dans la vie d’Emmanuel Boyer. « Nous avons entendu un gros boum près du poste d’entrée de la base. C’était un attentat suicide. Immédiatement, nous avons essuyé le feu des jihadistes.». Le combat durera environ douze heures. « Je n’ai pas dormi pendant les trois jours suivants. Je suis allé voir le médecin de la base. »

Emmanuel Boyer est mis sous traitement, son arme lui est retirée, le diagnostic est posé : syndrome de stress post-traumatique. Il reste cependant au Mali jusqu’à la fin de la mission. « À son retour en février 2014, je l’ai trouvé complètement changé. Le quotidien est devenu difficile et angoissant : insomnies, cauchemars, réveils brusques, pleurs, cris… remembers Véronique Boyer. Nos enfants étaient encore très jeunes, ils ne comprenaient pas ce qui arrivait à leur père”.

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Il prend sa place à 11 heurese RAMa mais ne porte plus d’arme. C’est au retour d’une mission Sentinelle à Orléans (Loiret), en 2016, qu’il est mis en arrêt maladie et commence à être suivi par des psychologues, notamment à l’hôpital militaire de Clermont-Tonnerre à Brest. Il est également accompagné d’une assistante sociale, de l’unité de secours aux blessés de l’armée (Cabat) et de l’association de soutien Ad Augusta.

Emmanuel Boyer a développé un syndrome de stress post-traumatique après des combats au Mali, où il a été déployé entre novembre 2013 et février 2014 dans le cadre de l’opération Serval. | OUEST-FRANCE
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Emmanuel Boyer a développé un syndrome de stress post-traumatique après des combats au Mali, où il a été déployé entre novembre 2013 et février 2014 dans le cadre de l’opération Serval. | OUEST-FRANCE

Le régiment ne le lâche pas. « En 2017, à la demande du commandant, j’ai pris le poste de président des militaires du rang. Et un an plus tard, je suis devenu président des rangs des troupes navales. » Il a cependant quitté l’armée d’active en 2019, en congé longue maladie.

Depuis, il s’est rapproché de l’association Team Seals et de la Resilience Foundation, qui viennent en aide aux victimes de guerres et d’attentats. Emmanuel Boyer est désormais le délégué pour le Grand Ouest. Un engagement au service des autres “qui l’aide à avancer”reconnaît sa femme. “Mais la souffrance sera toujours en moi”concède Emmanuel.

(1) L’opération Serval a ouvert l’engagement français contre les groupes jihadistes dans la bande sahélo-saharienne qui sera prolongé par l’opération Barkhane (août 2014-novembre 2022).

 
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