Selon les dernières données de Statistique Canada, un vétéran sur vingt est membre des Premières Nations, Métis ou Inuit.
Bien que leur contribution historique soit désormais reconnue, la gratitude à leur égard se fait lente et nombre d’entre eux portent un lourd bagage.
« Le gouvernement a reconnu que les anciens combattants autochtones étaient traités, à leur retour des Première et Seconde Guerres mondiales, différemment des autres anciens combattants », rappelle Denis Gravel, membre de la Nation huronne-wendat et sergent à la retraite.
Rencontré dans le cadre de la Semaine des anciens combattants, le vétéran ne manque pas de souligner la réalité qui a affligé les vétérans autochtones qui l’ont précédé. « On leur a refusé des prestations. Cela a rendu la transition vers la vie civile beaucoup plus difficile », note-t-il.
L’ancien opérateur radio raconte avec émotion le vécu de ces vétérans. « Ils sont revenus au pays et n’ont plus eu aucune reconnaissance de la part des autorités gouvernementales. Ils ont été mis à l’écart, ils sont retournés dans leur communauté et ils n’avaient plus rien à quoi se raccrocher. »
Être autochtone et s’enrôler
«J’étais en mission presque tous les deux ans sur une période de vingt ans», souffle Denis Gravel, en entrevue avec Le Soleil. Ses 25 années d’expérience l’ont amené en Afghanistan, en Bosnie et en Haïti.
Son expérience dans les Forces canadiennes est positive. Une pointe de nostalgie émane même des anecdotes qu’il enchaîne.
Denis Gravel s’est enrôlé dans l’armée à l’aube de la vingtaine. À l’époque, les racines wendat de sa famille étaient pratiquement secrètes. Sa mère et sa grand-mère n’en parlent presque jamais. «C’était un moyen d’autodéfense pour se protéger des discriminations et des préjugés», estime celui qui a grandi en dehors de la communauté.
Il a embrassé ses origines plus tard, alors qu’il était déjà dans les rangs des Forces armées canadiennes. Dès lors, la réappropriation de ses racines cohabite bien avec la réalité de son engagement dans l’armée, assure-t-il.
Les autres avant lui
Interrogé sur les défis rencontrés par les membres des Premières Nations, Métis ou Inuit au sein des Forces armées, Denis Gravel souligne d’emblée le contraste entre le traitement réservé aux quelque 7 000 vétérans autochtones des deux guerres mondiales et la réalité qu’il a lui-même observée sur le terrain. .
Il se souvient de la camaraderie qu’il entretenait avec ses pairs. « Le gouvernement a reconnu qu’il y avait une inégalité dans le traitement des anciens combattants autochtones, mais, ironiquement, dans les Forces canadiennes, les Autochtones sont présents aux côtés des non-Autochtones. copain», explique-t-il.
« Cela va au-delà des différences. Le gars à côté de toi, tu lui fais suffisamment confiance pour savoir qu’il viendra te chercher alors que tu viens de prendre une balle dans le casque, image Denis Gravel. Cela se résume à ceci. Nous sommes tous dans le même bateau, autochtones ou non.
Désormais impliqué dans un groupe consultatif qui veille au bien-être des vétérans, Denis Gravel demeure à l’affût des défis propres aux vétérans autochtones.
Il salue les mesures déployées pour favoriser l’intégration des membres des Premières Nations, métis et inuits au sein des forces armées. « Je crois que, de toutes les organisations gouvernementales, ce sont les Forces canadiennes qui ont fait le plus de progrès en termes d’inclusion des peuples autochtones », dit-il.
Denis Gravel cite le programme d’enrôlement des officiers autochtones comme l’un des outils permettant d’accepter la réalité des Autochtones qui s’enrôlent dans les rangs de l’armée et d’inverser la tendance.
Il n’en reste pas moins que les Autochtones impliqués dans les Forces armées portent en eux la réalité d’un patrimoine longtemps dévalorisé, insiste Denis Gravel. La solution doit être systémique, estime-t-il.
«L’empreinte des séquelles de l’enseignement historique au Québec persiste malgré nous», affirme le vétéran. Il y a l’éducation publique et étatique dont il faut tenir compte.
“Il faut qu’il y ait une rééducation”, conclut-il.
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