Du côté des groupes Partouche et Barrière, on met en avant les risques de baisse des revenus, et donc de baisse des redevances pour les budgets des communes qui hébergent un établissement de jeux.
C’était un appel serré. Il y a une semaine, au dernier moment, le gouvernement a retiré un amendement qui, voté, ouvrait la voie à la légalisation des casinos en ligne. Une ligne rouge pour les exploitants de casinos, qui se sont mobilisés pour dénoncer les conséquences, néfastes selon eux, d’une telle évolution.
“Nous avons une spécificité en France, unique en Europe, c’est que nous avons 202 casinos sur le territoire national, c’est considérable, rappelle Clément Martin Saint-Léon, directeur général des jeux du groupe Barrière, présent à Agde, et secrétaire général des Casinos de France. Mais ces casinos servent aussi à financer en partie les communautés balnéaires et thermales dans lesquelles ils sont implantés.
« Nos revenus baisseraient de 25 à 30 % »
L’importance de l’activité des casinos pour le territoire sur lequel ils sont implantés est également rappelée par Benoît Paire, président du conseil d’administration du groupe Partouche, présent à La Grande-Motte et Palavas. « Si on ouvrait des casinos en ligne, cela signifierait la mort d’un tiers des casinos implantés en Franceinsiste-t-il, en s’appuyant sur une évaluation de l’Autorité nationale des jeux (ANJ). Cela entraînerait la perte de 15 000 emplois au total et moins de revenus pour les communes car nos revenus diminueraient de 25 à 30 %.».
En effet, comme ce dernier le dit encore, “les casinos remboursent, dans les plus grandes communes, jusqu’à 15% des recettes des jeux”. « Nous sommes le seul pays à recourir, grâce aux casinos, aux cofinancements des collectivités dans le cadre d’une délégation de service public.poursuit le directeur général des jeux chez Barrière. Pour certaines communes, nous sommes le principal fournisseur et le principal employeur ».
« Nous ne résistons pas au changement »
Clément Martin Saint-Léon parle d’un « déstabilisation du secteur si, demain, on ouvrait les casinos en ligne ». Une déstabilisation qui aurait forcément un impact sur le financement des collectivités. Mais aussi pour l’État, “qui perdrait 450 millions d’euros de recettes fiscales”. Ce dernier suggère de changer de secteur « en y allant étape par étape, en étudiant, si telle devait être l’évolution, l’impact qu’aurait l’ouverture des casinos en ligne sur les collectivités ».
Jusqu’à 3,5 millions d’euros pour les communes
Les maires ont vite compris la possibilité d’un vote autorisant les casinos en ligne. Pour eux, cela signifierait le risque de voir les redevances versées par les casinos baisser drastiquement en raison de la baisse d’activité de leurs établissements. “Moins il y aurait de joueurs dans notre casino, moins il y aurait de revenus et moins le casino nous donnerait d’argent lié aux redevances sur les jeux”insiste Stéphan Rossignol, maire de La Grande-Motte (Hérault). La ville, dont le budget s’élève à 26 millions, reçoit environ 3,5 millions d’euros du casino du groupe Partouche. “Le risque ne serait pas seulement financier, il impacterait notre volonté de maintenir une activité toute l’année dans notre ville”, renchérit Stéphane Loda, maire de Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales). Sa commune perçoit 2 millions d’euros de redevances du casino, sur un budget de fonctionnement de 35 millions. Au Grau-du-Roi (Gard), le casino verse 2,5 millions d’euros à la ville. « Ce qui est tout sauf négligeable comme recette budgétaire »c’est précisé. « Si on ouvrait des casinos en ligne, il faudrait payer un peu moins d’1 million d’euros de moins à la mairie d’Agde »assesses Clément Martin Saint-Léon, the games general manager of the Barrière group.
« Nous ne résistons pas au changementfor his part supports Benoît Paire, mais on ne peut pas céder aux sirènes de Betclic, leader des jeux en ligne en France, qui a un résultat cinq fois supérieur au mien »impliquant le lobbying exercé par ces derniers auprès des pouvoirs publics. Il rappelle la réaction des maires, plus d’une centaine, qui ont écrit une tribune pour contester l’amendement proposé et dont l’action a sans doute conduit Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, à lancer une large consultation, après le retrait de l’amendement le le sujet.
Exigé par les opérateurs de jeux en ligne
Exigée par les opérateurs de jeux en ligne depuis de nombreuses années, l’ouverture des casinos en ligne est agitée comme un chiffon rouge par les opérateurs de casinos physiques. Ils dénoncent le « des conséquences catastrophiques » sur le secteur, dont souffriraient également les communes qui hébergent les casinos. « La concertation est un préalable indispensable »insiste le directeur général des jeux du groupe Barrière. Avec une issue toutefois incertaine.
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